Créée le 1er février 2001, la Commission nationale Culture- Handicap a planché sur les différents problèmes posés aux personnes handicapées par l’accès aux activités et aux pratiques culturelles. Divisée en quatre groupes thématiques de travail, la Commission a récemment remis à la ministre de la Culture et de la Communication et à la ministre déléguée aux Personnes Handicapées une série de propositions, portant sur quinze points clairement identifiés, lors de sa session du 7 février 2002. Catherine Tasca et Ségolène Royal les mettront en débat lors du colloque Mieux vivre la cité (Unesco- Paris, 19 et 20 février 2002), rendront leurs arbitrages et annonceront les actions qu’elles souhaitent mettre en oeuvre. A la suite de ce colloque, le travail de la Commission nationale Culture- Handicap devrait changer de nature. Après la première phase nécessaire d’état des lieux et de proposition, ces groupes de travail devraient devenir des groupes d’action. Ils suivront notamment la bonne exécution des dispositions mises en place.

Selon les observateurs, l’incertitude politique ne devrait pas avoir un impact significatif sur la pérennité de la Commission et les mesures qu’elle a préconisées. Le prochain gouvernement pourrait- il se permettre de passer tout ce travail à la trappe sans entacher immédiatement son image ? Parce qu’il faut bien comprendre que les mesures appliquées le seront sur le budget normal de fonctionnement des services ministériels et des établissements subventionnés par l’État. Le message est fort : l’accueil de toutes les personnes handicapées, et non plus seulement de celles qui se déplacent en fauteuil roulant, fait partie du « service public » de la culture. Leurs besoins spécifiques doivent être satisfaits au même titre que ceux des autres sans que les gestionnaires attendent des budgets complémentaires. Ce qui est également le cas pour la Commission nationale : composée de fonctionnaires des ministères de tutelle, de représentants associatifs et de professionnels du secteur culturel, les frais de leur participation doivent être couverts par l’organisme qui les emploie.

Voici un aperçu des différentes mesures proposées par la Commission. Certaines seront retenues pour une mise en oeuvre immédiate, d’autres prendront plus de temps à être réalisées : « améliorer et systématiser l’information des établissements culturels vis- à- vis des personnes handicapées, assurer à toute personne handicapée un accueil adapté dans les équipements culturels pour faciliter son accès à l’art et à la culture, favoriser l’ouverture des établissements de formation artistique aux jeunes handicapés, mettre en place un plan de formation destiné aux acteurs culturels, notamment à ceux chargés de fonctions d’accueil, de transmission et de médiation ».

L’accès au cinéma et à la télévision doit bénéficier d’un développement du sous- titrage et des dispositifs d’audio- description destinés aux personnes sourdes ou aveugles. Les institutions médico- sociales seront incitées à « inscrire la culture dans les projets d’établissement […] et développer leurs jumelages avec les institutions culturelles pour favoriser leur ouverture à l’environnement culturel ». Un gros point noir aurait suscité une certaine virulence de la part du rapporteur du groupe de travail Accessibilité : cette dernière n’est pas enseignée dans les écoles d’architecture au titre du tronc commun ou des options (Unités de Valeur) au prétexte que cela freinerait la créativité ! Le groupe de travail estime notamment que l’Accessibilité peut être enseignée aux élèves de troisième cycle, dans l’idée de l’intégrer totalement au concept architectural, ce qui réduirait certainement le nombre de permis de construire « recalés » par les DDE (Direction départementale de l’équipement) : 60% sont refusés en première étude !

Quelques inconnues demeurent : comment cette politique volontariste sera- t- elle reçue par les Collectivités locales (Régions, Département, Communes) ? Pour obtenir des résultats, les associations ont demandé au ministre de la Culture de subordonner l’octroi des subventions d’État à une réelle politique d’accueil et de participation des personnes handicapées : l’idée sera- t- elle retenue, et sera- t- elle vécue comme une carotte ou un bâton ? Quel calendrier d’application des diverses mesures sera défini ? Quelques nouvelles pistes de travail pour une Commission qui devrait à nouveau se réunir dans six mois…

Laurent lejard, février 2002.

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