+ 5%, telle serait l’augmentation immédiate des « allocations aux personnes en situation de handicap » promise par la candidate socialiste à l’élection présidentielle. L’Allocation Adulte Handicapé atteindrait alors 652,33€ par mois. Dans le même temps, Ségolène Royal veut porter rapidement le salaire minimum à 1.500€ contre 1.254€ actuellement, soit 20% d’augmentation. Même si cette revalorisation est étalée sur deux ou trois ans, il est à craindre que l’écart se creuse davantage entre le Smic et l’A.A.H. De 2002 à 2006, cette dernière a perdu 13,9% de pouvoir d’achat par rapport au Smic : les années du quinquennat de Jacques Chirac ont vu l’allocation peu revalorisée alors que les charges pesant sur les bénéficiaires se sont fortement accrues, telles celles liées au logement (comme pour tous les Français, d’ailleurs). Mais durant les années Jospin, entre 1999 et 2002, si ce phénomène fut moins important il a néanmoins existé, l’A.A.H baissant de 2,75% par rapport au Smic. L’A.A.H représentait 56,4% du Smic en 1999, 55% en 2002, 48,6% en 2006.

Or c’est sur la base de ce Smic après déduction des cotisations sociales qu’est établie l’A.A.H servie aux personnes dont l’incapacité de travail est inférieure à 5%, soit environ 50.000 bénéficiaires actuellement. Sur la base de 1.500€, ce Smic net s’établirait alors aux alentours de 1.150€, et l’A.A.H avec garantie de ressources à 920€ contre 800,58€ actuellement. Une belle réévaluation de 120€, qui creuserait davantage encore l’écart avec l’allocation de base. Parce qu’au-delà de ces chiffres, il y a ce que Ségolène Royal ne propose pas : revenu d’existence décent, revalorisation synchronisée des allocations sur celle du Smic, prise en compte des seuls revenus de la personne pour les calculer. Ces revendications, pour lesquelles les manifestations et expressions associatives ont été nombreuses ces derniers mois, sont ignorées, ou rejetées par la candidate qui en a pourtant pris connaissance lors des nombreux « débats participatifs » dont la synthèse devait théoriquement servir de base de propositions au « pacte présidentiel » révélé au public le 11 février dernier. Celle qui fut ministre déléguée aux personnes handicapées en 2001-2002 ne peut ignorer l’humiliation ressentie par les centaines de milliers d’allocataires qui calculent au quotidien, gèrent la pénurie de leurs ressources, sont fréquemment obligés de demander des aides publiques, privées ou familiales pour simplement vivre.

Pourtant, face à l’ampleur des besoins, la candidate socialiste se contente d’annoncer une mesurette, « adapter les conditions d’attribution de l’allocation adultes handicapés aux maladies évolutives à diagnostic incertain ». Une proposition certes importante pour ceux qui vivent avec ces maladies, mais ridicule par rapport à l’ampleur du chantier à conduire : tourner le dos à la charité publique et proposer aux personnes handicapées un véritable contrat social reposant sur la solidarité nationale nécessaire envers celles et ceux qui, du fait d’un handicap, ont besoin d’un revenu d’existence décent, équilibré et juste.

Laurent Lejard, février 2007.

Partagez !