Les orientations du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (P.L.F.S.S) sont connues, les assurés sociaux devraient pouvoir souffler en 2007; en effet, seule une augmentation de 1€ du forfait journalier sera mise en oeuvre, aucune autre sanction financière n’est prévue pour punir personnes malades et handicapées de l’être. Une pause dans la réforme du système de protection sociale conduite à marche forcée, avec plus ou moins de bonheur : le déficit de la branche maladie régresse d’un quart, celui de la branche famille stagne, accidents du travail et maladies professionnelles retrouvent l’équilibre, la vieillesse s’enfonce dans le déficit.

Les conséquences de cette gestion purement comptable de la situation du système français de protection sociale ont généré de lourdes conséquences : allongement de la durée d’activité pour la plupart des salariés s’ils veulent percevoir une retraite décente, restructuration du secteur hospitalier dont les établissements ont perdu toute autonomie de gestion et connaissent majoritairement une crise financière et de recrutement des praticiens, transformation des médecins de ville en fonctionnaires chargés de remplir de multiples formalités censées encadrer et réduire les dépenses de santé de leurs patients, envolée du montant des cotisations des mutuelles complémentaires, lissage des salaires vers le Smic exonéré de cotisations sociales, etc. Dans le même temps, l’Etat et les entreprises demeurent de mauvais payeurs, le premier en ne compensant pas financièrement les multiples exonérations ou réductions de cotisations sociales qu’il impose tout en ayant l’hypocrisie d’affirmer que la Sécurité Sociale l’accepte de bon coeur, les secondes en cherchant par tous les moyens, fut-ce au prix du travail clandestin, à réduire ou ne pas s’acquitter des dites cotisations.

Si les assurés sociaux auront un peu de répit en 2007, la valse reprendra ensuite de plus belle. Au programme : le Dossier Médical Personnalisé, outil informatisé de « flicage » des dépenses individuelles de santé qui va enrichir les grosses sociétés chargées d’en gérer l’infrastructure; la remise au travail plus ou moins forcé des retraités; la destructuration de la branche Accidents du Travail et Maladies Professionnelles. Pour cette dernière, le gouvernement envisage déjà une baisse de la cotisation d’assurance, alors que les dépenses du secteur seront amenées à augmenter dans les années qui viennent du fait de l’indemnisation des victimes de l’amiante, des solvants, des troubles musculo-squelettiques liés au travail, etc.

L’essentiel des séquelles de cette réforme hasardeuse et destructrice de la protection sociale sera traité par le prochain pouvoir, issu des élections générales du printemps 2007. Soignées ou envenimées, on ne le sait encore, selon que l’intérêt de la population sera privilégié, ou une politique de rentabilité financière d’un système public de protection sociale dont la privatisation rampante a nettement progressé durant la réforme en cours.

La réponse appartient aux citoyens.

Laurent Lejard, septembre 2006.

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