Marie-Thérèse Hermange a remis, le 25 février 2006, un rapport relatif à la périnatalité et à la parentalité qui lui avait été commandé par le Ministre délégué à la Sécurité Sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille, Philippe Bas. Elle n’a disposé que de six semaines pour élaborer ses propositions, et éclaire ici quelques aspects de sa réflexion.

Question : Que manque-t-il dans l’édifice actuel, en matière sanitaire et sociale, pour la prévention des handicaps ?

Marie-Thérèse Hermange : J’ai tenu compte de la loi de février 2005 en faveur des personnes handicapées, et je ne me suis pas étendue sur la question de la prévention des handicaps dans le cadre de mon rapport sur la périnatalité. Si ce n’est que dans toutes les Maisons du handicap, puisqu’il doit y en avoir une par département, les parents doivent pouvoir bénéficier d’une cellule d’écoute et d’un petit livret d’information qui les informe sur les aides et actions. Il faudrait que toutes les maternités et les médecins pédiatres soient informés de l’existence des Maisons départementales des personnes handicapées. Le Ministre va étudier mes propositions et formuler ce qui peut être réalisé. Il pourrait inclure certaines d’entres elle dans la réforme de la protection de l’enfance qu’il doit présenter dans trois ou quatre mois. Je pense que ma proposition sur les Maisons du handicap est une disposition de bon sens, qui ne nécessite pas de modification législative. L’ensemble des dispositifs médicaux actuels permet actuellement de dépister les handicaps en temps opportun. Mais le public méconnaît encore les conséquences de certaines conduites addictives, comme l’alcool, le tabac et la drogue : on devrait mieux informer les jeunes femmes et les couples.

Question : Vous préconisez le développement de consultations de tabacologie, d’addictologie et d’alcoologie dans les maternités. Pourtant, le décret d’application de l’article de la loi de février 2005, qui rend obligatoire l’impression d’un message de prévention sur les bouteilles d’alcool, tarde à être publié.

Marie-Thérèse Hermange : C’est bien dommage, parce que l’alcool a autant de conséquences que le tabac ou la drogue sur la périnatalité, notamment en ce qui concerne l’état et le développement du cerveau chez l’enfant. Mais je ne dispose pas d’informations sur la publication de ce décret.

Question : Vous évoquez dans votre rapport, mais sans l’approfondir, la crise actuelle que connaissent les professions liées à natalité, conséquence de la jurisprudence Perruche. Comment la percevez-vous ?

Marie-Thérèse Hermange : Mon rapport n’est pas centré sur le handicap mais sur la périnatalité, je n’ai pas abordé la jurisprudence Perruche : c’est toute une problématique complémentaire qu’il faudrait étudier. On développe une société de plus en plus eugénique. Je ne suis pas une farouche partisane de l’interruption volontaire de grossesse et je pense que l’augmentation conséquente du nombre d’avortements est assez dramatique. L’interruption médicale de grossesse m’interpelle, même si je comprends qu’on puisse être conduit à la pratiquer. Je me suis battue longuement pour l’intégration des enfants handicapés à l’école, en précisant malgré tout que tous les enfants ne peuvent pas l’être parce qu’il y a des handicaps qui ne sont pas intégrables à l’école. Le développement des services à domicile, lancé par le gouvernement, doit être encouragé. Je suis partisane d’une politique de compensation du coût de prise en charge d’un enfant handicapé dans sa famille par rapport au prix de journée qui serait payé s’il était accueilli en établissement spécialisé. On a fait des progrès en la matière, il faudrait continuer.

Propos recueillis par Laurent Lejard, mars 2006.

Partagez !