Florence Gravellier est la numéro 1 du tennis handisport français, championne de France en titre. Elle se classe 5e mondiale. Sélectionnée pour les Jeux Paralympiques d’Athènes 2004, elle n’a pu réellement renverser la logique de son rang mondial en terminant 4e du tournoi, buttant encore sur des joueuses qu’elle n’arrive généralement pas à battre. Ce résultat décevant en apparence marque toutefois une progression dans les résultats de la championne internationale. Née dans la région bordelaise, elle réside entre deux tournois à Royan, près de ce sud- ouest natal auquel elle est très attachée. Florence a débuté le tennis en fauteuil roulant à la suite de problèmes de santé que le sport lui permettait de traiter. Jusqu’en 1993, elle pratiquait des sports collectifs dans le cadre scolaire mais les séquelles de malformations congénitales au niveau des hanches sont devenues plus handicapantes, l’obligeant à utiliser un fauteuil roulant. Le tennis était alors la seule discipline handisport pratiquée dans sa ville de résidence de l’époque, Saintes (Charente- Maritime); valides et handicapés moteurs s’entraînaient dans le même club. Ce qui était au début un choix de proximité est devenu un plaisir pour Florence, elle a apprécié le milieu tennistique et ses sportifs, elle est entrée dans la compétition de façon naturelle.

Elle est, en pratique, une joueuse professionnelle qui se consacre à plein temps au tennis en fauteuil roulant. Pour autant, elle n’a pas un statut « pro » qui lui conférerait de confortables rémunérations: « Je vis grâce au soutien des sponsors [Florence est l’une des Ambassadrices sportives du groupe Adecco N.D.L.R], des collectivités territoriales et de ma famille. Je ne perçois pas d’allocations, la Cotorep ne m’a accordé que 50% d’invalidité. Le tennis handisport n’est pas le plus mal loti, on perçoit des primes de match lors des grands tournois internationaux, pour ma part j’ai gagné près de 6.000 euros depuis le début de l’année. Ca ne suffit pas pour vivre mais cela complète les budgets nécessaires pour pratiquer. Les déplacements et frais d’inscription aux tournois représentent près de 20.000 euros par an, je participe à une vingtaine de compétitions dont les trois quarts se déroulent à l’étranger. La Direction Jeunesse et Sports de Charente Maritime prend en partie en charge mes entraînements. Les déplacements au titre de l’Equipe de France sont couverts par la Fédération Française Handisport ».

Florence a suivi une scolarité en établissement traditionnel qui l’a conduite jusqu’à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux dont elle est sortie diplômée en 1999; réputé pour la qualité de son enseignement, cet I.E.P fournit chaque année quelques nouveaux étudiants à la célèbre Ecole Nationale d’Administration (ENA). « J’ai fait ces études plus pour acquérir une formation généraliste et pluridisciplinaire que pour intégrer la haute administration ». C’est la voie sportive que Florence a préféré suivre en s’engageant dans la compétition handisport alors qu’elle ne pratiquait qu’en loisir durant ses études. « Aujourd’hui, le tennis fauteuil est de plus en plus intégré dans la Fédération Française de Tennis. On a accès à tous les clubs de tennis, on est reconnu comme des joueurs à part entière, on joue contre des valides et même en tournois mixtes avec la règle handisport des deux rebonds ». [Lire cette présentation du Tennis en fauteuil roulant].

Florence est sereine quant à son devenir professionnel, quand elle mettra un terme à sa carrière de tenniswoman. Aujourd’hui, elle s’interroge : « Je suis très proche du monde de l’entreprise, ma formation généraliste m’ouvre beaucoup de portes. Après mon diplôme d’I.E.P, j’ai travaillé quelques temps comme attachée de presse dans le domaine musical, mais c’était trop prenant, j’ai envie d’une activité plus stable et calme restant liée au secteur de la communication. Après les Jeux d’Athènes, j’ai décidé de poursuivre le tennis durant au moins deux ans et peut- être jusqu’aux Jeux de Pékin 2008 si je peux apporter quelque chose à l’équipe de France ». Ménager une vie personnelle est difficile : « J’ai la chance de partager ma vie avec un joueur de tennis fauteuil qui fait partie des meilleurs français. On voyage ensemble une partie de l’année. Il comprend ce que je vis et à quel point il est important pour moi de me réaliser dans le sport »…

Laurent Lejard, octobre 2004.

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