Question : Comment se conjuguent handicap et écologie dans une région aussi dense et complexe que l’Île-de-France ?

Boulanger Reijnen : Je voudrais d’abord rappeler que notre programme inclut toutes les différences singulières des personnes et des habitants d’Île-de-France. Quelles que soient les situations qui peuvent amener à changer de logement, de relocalisation de l’économie telle que nous on la perçoit, veiller à ce que pour l’ensemble des foyers les jeunes puissent étudier dans de bonnes conditions et évidement s’émanciper. La question se posait déjà dans cette région avant la pandémie de coronavirus, maintenant on apprend que nombre d’habitants de la petite couronne et du Grand Paris souhaitent quitter l’Île-de-France ; la précarité gagnant et la pandémie ont accentué des besoins de qualité de vie différents. Évidement, se posent également les questions de l’accessibilité aux soins, à l’habitat et aux transports, dans lesquels la région doit s’investir avec l’Agence Régionale de Santé et les départements pour que l’Île-de-France puisse rayonner de manière inclusive et non par l’exclusion alors que le Gouvernement invoque une inclusion qu’on a du mal à discerner.

Question : Qu’est ce que cela veut dire à l’échelle d’une région riche mais marquée d’importantes disparités départementales ?

Boulanger Reijnen : Notre objectif est de faire en sorte de veiller à ce qu’une des régions les plus riches du monde, qui concentre plus du tiers du produit intérieur brut français, puisse permettre une qualité de vie qui allie à la fois l’alimentation, les soins, et avant tout le logement. Je rappelle que 750.000 personnes sont dans l’attente d’un logement et qu’aujourd’hui avoir un toit est une priorité première de notre programme.

Question : Pourtant le logement n’est pas une compétence régionale…

Boulanger Reijnen : Oui, mais on peut tout à fait intervenir avec l’ensemble des organismes de l’habitat, notamment dans la construction de logements sociaux. Actuellement, la région s’oriente seulement vers le logement intermédiaire [à loyers plafonnés] et discrimine les communes qui dépassent le seuil de 25% de logements sociaux. D’ailleurs, la présidente Valérie Pécresse a considéré important de subordonner les subventions régionales à la construction de balcons pour chaque logement. Des balcons souvent peu accessibles, une incongruité de plus !

Question : Sur les transports, la présidente de la région affirme que le RER est entièrement accessible. Dans son esprit, la mise en accessibilité des gares vaut accessibilité globale alors que l’accès aux trains nécessite une rampe placée par un employé. Quel bilan les écologistes font-ils de ce chantier ?

Boulanger Reijnen : Concrètement, nous manquons d’éléments actualisés à 2020 pour le faire. Au mois de mai, nous devions évaluer le compte administratif 2020 mais on nous l’a refusé pour des raisons présentées comme juridiques. La situation est considérée comme positive pour les personnes en situation de handicap par la présidente sortante, en mettant en perspective des sommes engagées de 30 à 50 millions d’euros annuels pour les mises en accessibilité des gares. Il faut quand même rappeler que le schéma directeur d’accessibilité a été adopté en 2009 et que pour conduire l’ensemble des travaux, il a fallu d’abord réaliser des études, puis planifier les chantiers. L’action actuelle n’est qu’une continuité de la mandature précédente [de gauche].

Question : Du fait d’une accessibilité partielle des transports et de leur complexité, le mode de déplacement privilégié par de nombreuses personnes handicapées reste la voiture, alors qu’une politique de restrictions de circulation est lancée dans le Grand Paris. Quelle est la position des écologistes régionaux sur ce dossier ?

Boulanger Reijnen : Europe Écologie Les Verts privilégie les mobilités douces qui permettent à l’ensemble des Franciliens d’effectuer en moyenne journalière 3,3 kilomètres en voiture. On constate que 10.000 personnes sont malades ou décèdent chaque année des conséquences de la pollution. Pendant la pandémie, des voies pour les vélos ont été créées, qualifiées de temporaires, notre objectif est de développer 1.700 kilomètres de voies cyclables accessibles aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant manuel, à assistance électrique ou motorisé.

Question : La majorité sortante du Conseil Régional a créé une subvention jusqu’à 1.200€ pour l’achat d’un vélo adapté ou d’une assistance électrique à fauteuil manuel, demandée en neuf mois par 77 personnes seulement, dont 32 dossiers acceptés et financés; c’est peu…

Boulanger Reijnen : Je tiens à rappeler que la mesure politique a été portée par mes soins. En Île-de-France, l’équipe de Valérie Pécresse a trouvé intéressant de développer un RER vélo. Notre difficulté aujourd’hui, alors que j’ai porté à plusieurs reprises cette aide au vélo adapté en 2019, que la décision a été rejetée par la majorité sortante, puis finalement adoptée par le conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités en juillet 2020, dont la majorité de droite l’avait également refusée dans un premier temps ; au tout début, leur approche se limitait à un vélo pliant. Nous les écologistes, on considère de manière globale les cheminements, les intermodalités et les voies cyclables en élargissant l’offre en matériels adaptés : tandems, monopousseur, 3e roue motorisée, etc., avec prise en charge à 100% du coût de l’adaptation.

Question : Mais ça ne fait que 77 demandes sur 90.000 dossiers concernant l’aide aux vélos électriques, les personnes handicapées ne s’intéressent pas aux mobilités douces ?

Boulanger Reijnen : En fait, elles sont déjà dans les mobilités douces du quotidien, et malheureusement ce sont les ruptures d’accessibilité qui les obligent à prendre un véhicule.

Propos recueillis par Laurent Lejard, juin 2021.

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