Le toulousain Pierre Baradat randonne depuis deux ans, afin de retrouver une activité sportive : « J’ai toujours été attiré par la marche et la nature. Je participe à des randonnées de loisirs de 5 à 6 heures, sur un rythme de promenade. J’apprécie les sous-bois, les chemins forestiers, pour l’évasion, percevoir les bruits de la nature, ses parfums, humer l’air. Cela permet de rencontrer d’autres personnes, de tous horizons, hors du ghetto des déficients visuels, et d’avoir des échanges et un apport mutuel ». Il pratique cette activité en loisirs, au sein de l’association Umen (Univers Montagne Esprit Nature), qui organise des randonnées « mixtes » valides handicapés. Pierre Baradat explique : « Tout d’abord, afin d’assurer le bon déroulement de la randonnée, il faut qu’il y ait une communication permanente et efficace entre le randonneur non-voyant et son guide. Lorsque les informations se réfèrent à l’état du chemin et au parcours qui doit être suivi (par exemple, où poser les pieds en toute sécurité), ces informations, tout en étant les plus descriptives possibles, doivent être condensées au maximum afin de permettre à la personne non-voyante d’anticiper les mouvements à effectuer. A contrario, la description peut être plus précise quand il s’agit de décrire le paysage, afin que le marcheur non-voyant puisse le savourer au même titre que son guide, même si la personne non-voyante peut également jouir pleinement de la nature en écoutant les bruits environnants et en respirant les odeurs ambiantes. Au niveau de la description, il ne faut également pas oublier de mentionner, en plus des obstacles se trouvant sur le chemin, ceux se trouvant en l’air, telles des branches d’arbre à hauteur de visage ».

« Certes, la communication verbale joue un rôle important dans ce type de randonnée. Cependant, la technique de guidage constitue un élément tout aussi important. Lorsque les chemins sont assez larges et que le terrain n’est pas trop accidenté, le marcheur non-voyant pourra aisément cheminer en prenant délicatement le coude de son guide. Par contre, il en va tout autrement lorsque le chemin se rétrécit et quand le terrain devient plus accidenté, ou plus pentu, ou bien lorsque les obstacles (pierres plus ou moins branlantes, souches d’arbres) se multiplient. Dans de telles circonstances, la technique ‘du sac à dos’ peut être une bonne solution : le marcheur non-voyant s’accrochera des deux mains au sac à dos de son guide, en veillant toutefois à ne pas peser dessus, surtout lors des descentes. Ainsi, en s’appuyant sur les informations qui lui seront communiquées et sur les mouvements corporels de son guide, le randonneur non-voyant pourra anticiper les mouvements, à condition que la sangle à laquelle il s’accroche ne soit ni trop longue, ni trop courte, juste ce qu’il faut pour que les mouvements des deux personnes soient bien coordonnées. Une sangle classique et pas trop tendue devrait bien souvent faire l’affaire. Enfin, lors de passages extrêmement difficiles (dénivelés abrupts), il est également recommandé qu’une autre personne, en plus du guide, se tienne à proximité pour parer à toute chute éventuelle ».


Propos recueillis par Laurent Lejard, septembre 2006.

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