Les rues de nos villes sont parsemées de fontaines dont certaines se prêtent à la découverte par le toucher. C’est particulièrement le cas des fontaines Wallace, symbole de l’accès gratuit à l’eau potable pour tous. Sir Richard Wallace était un philanthrope et collectionneur anglais qui fit installer à partir de 1872, à Paris, de petites fontaines en fonte distribuant de l’eau potable; elles sont d’un modèle identique, quatre caryatides (inspirées des Trois Grâces sculptées en 1561 par Germain Pilon) soutenant une coupole, mais offrent également des différences liées à leur implantation.

En 2003, à l’occasion de l’Année Mondiale de l’Eau et de l’Année Européenne des Personnes Handicapées, l’idée a germé de proposer un circuit de randonnée urbaine orienté sur la découverte par le toucher des fontaines parisiennes. « Je connaissais un kiné aveugle qui voulait voir les fontaines, raconte Valérie Pasquet, créatrice du projet. Il m’a parlé des visites tactiles dans les musées. Alors nous sommes allés ensemble à la Butte aux Cailles, dans le 13e arrondissement, pour lui faire découvrir sa première fontaine par le toucher ». L’idée a séduit la Mairie de Paris, le premier parcours a eu lieu en octobre 2003. Depuis, une autre kiné aveugle, Hélène Wilhelm, a donné son sens au projet, créant différents circuits. La visite- découverte conduite par un guide- conférencier mélange volontiers aveugles, malvoyants et voyants, et prend argument d’une fiction écrite par Sylvie Andrieu, « Wallace et l’oie ». « On veut inciter à toucher, les aveugles apprécient. Quand les enfants sont bien encadrés, on leur met des bandeaux sur les yeux pour leur faire percevoir autrement. Mais les adultes voyants restent généralement en retrait quand des aveugles participent aux visites ».

Durant le périple, qui dure une heure et demi, les participants découvrent autrement une fontaine à caryatides, mais également une borne- fontaine, une fontaine en applique, la fontaine dite « de l’Albien » ou toute autre fontaine « à boire ». Les participants peuvent déguster l’eau et découvrir le goût particulier de l’eau de source qui alimente encore quelques fontaines. Les visites reprendront dès ce printemps. L’association ne peut plus les proposer gratuitement, par manque de financement public ou mécénal, et demande une participation de 7 euros à chaque participant. Précisons que le guide- conférencier est rémunéré pour son travail.

A l’occasion du Salon du livre 2005, Percevoir ajoutera une deuxième initiative à son activité: une lecture dans le noir. Les lecteurs occuperont la même pièce que les participants, ils recevront instantanément le ressenti du public. Il faut savoir qu’habituellement le lecteur est situé dans une pièce à part, éclairée, et lit un texte en noir. Il sera intéressant de constater l’impact du noir sur la relation entre récitant et public, qui découvrira des contes tchétchènes, un contre- pied au thème d’un salon centré sur la littérature russe. Trois lectrices officieront : Ouiza Ouyed (comédienne), Laurence Jamet et Pascale Isel (transcriptrices/ correctrices braille).

Laurent Lejard, mars 2005.


Contes tchétchènes, dimanche 20 mars de 9h30 à 11h, Salon du livre de Paris, Paris Expo Porte de Versailles, Entrée V, Hall 1.2, Espace 2000, Salle Tchékov. Un ascenceur « Espace 2000 » se trouve à l’entrée du Hall 1.2, il mène directement devant la salle Tchékov. Percevoir, tél. 01 45 82 71 28 et 06 64 22 53 86.

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