L’Association Valentin Haüy pour le bien des aveugles a été créée en 1889 et reconnue d’utilité publique deux ans plus tard. Elle est la plus ancienne des organisations oeuvrant en faveur d’une catégorie de personnes handicapées, les déficients visuels. Cette association de bienfaisance fut fondée par un aveugle, Maurice de la Sizeranne, avec des statuts et une philosophie qui prévalent encore aujourd’hui. « L’A.V.H n’est pas une association d’aveugles, affirme son président Patrick Champetier de Ribes, elle est à leur service. La notion de charité est avilissante, gênante, nous voulons renverser la proposition ».

Les organes dirigeants de l’association doivent comporter à parité des aveugles (et malvoyants) et des voyants, le seul engagement demandé aux 470 adhérents est de donner du temps, aucune cotisation n’est exigée. L’adhésion à l’association n’est pas ouverte à tous: c’est le bureau de l’association qui propose au conseil d’administration d’approuver la nomination de nouveaux membres. L’A.V.H fonctionne essentiellement grâce aux dons et legs qu’elle reçoit; si l’association a un patrimoine important, que ses dirigeants gèrent en « bon père de famille », elle ne peut réévaluer la valeur comptable des biens qu’elle possède et joue la prudence. Ses dépenses de fonctionnement sont réduites, les dirigeants ne perçoivent aucune indemnité, il n’y a ni directeur général ni logement ni voiture de fonction. Seul le personnel administratif est salarié.

L’association apporte son aide à près de 4.000 personnes, que ce soit au siège parisien de la rue Duroc (dans la proximité duquel se trouve d’autres organisations destinées aux déficients visuels) qu’à travers ses 80 comités locaux couvrant l’ensemble du territoire français. Patrick Champetier de Ribes estime toutefois que l’A.V.H touche bien plus de personnes, notamment au moyen de la bibliothèque de livres braille et parlés qui prête 80.000 livres par an. N’importe quel aveugle peut demander un ouvrage et le recevoir gratuitement, sans adhésion. L’association est la seule à vendre du matériel spécifique, dans sa boutique du siège parisien et également par correspondance (catalogue complet sur le web); elle réalise un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros mais perd de l’argent. « La vente prend beaucoup plus de temps avec un aveugle, précise Jean- Louis Baril chargé des relations publiques, il faut montrer, expliquer le produit pour contribuer au meilleur choix possible ».

Dans le domaine de la Vie quotidienne, l’association propose de nombreuses actions. Un S.O.S lecture- écriture fonctionne tous les jours ouvrables. Un bénévole lit ou rédige du courrier administratif et personnel, rédige des chèques de paiement, donne des renseignements sur des formalités simples; près d’une dizaine de personnes le consultent chaque jour. Un service juridique prend le relais pour des questions plus précises touchant aux droits. Une assistante sociale intervient pour débrouiller des situations complexes. Un service de locomotricité contribue à l’acquisition de l’autonomie par les devenus aveugles ou malvoyants : une douzaine de professionnels traitent près de 300 personnes chaque année. Près d’une quarantaine de clubs informatiques apportent une formation à l’utilisation d’ordinateurs équipés des outils nécessaires, plage braille, synthèse vocale Jaws et ZoomText entre autres; la plupart des utilisateurs semble d’ailleurs privilégier la lecture vocale à la plage tactile braille. L’association propose également de nombreuses activités de loisirs ou culturelles. Le siège dispose en outre d’une centaine de logements permettant d’héberger des travailleurs ou des étudiants suivant leur cursus à Paris.

La bibliothèque braille est centralisée dans la Capitale : elle comporte 35.000 ouvrages, de tous genres et toutes époques. Les livres parlés sont répartis dans toute la France, au nombre de 30.000 dont 7.000 au siège parisien. Le transfert de ceux qui ont été enregistrés sur cassette vers le support C.D est en cours de réalisation mais prend une journée par livre en moyenne; 200 sont traités chaque année. La bibliothèque « gros caractères » comporte peu de titres en comparaison, 1.500, elle a été mise en sommeil ces dernières années. Les ouvrages sont expédiés gratuitement au moyen du Cécogramme, tarif postal réservé à l’envoi d’ouvrages pour aveugles, désormais européen et pérennisé. La fabrication des livres braille, longtemps réalisée par des copistes en exemplaire unique, est désormais réalisée sur ordinateur ce qui permet d’imprimer plus d’un exemplaire.

L’association apporte par ailleurs environ la moitié du financement du coût d’élevage et d’éducation d’un chien- guide. Elle mène une action internationale en octroyant des bourses d’études à des étudiants malvoyants, méritants mais démunis : près d’une dizaine d’entre eux sont soutenus dans des pays d’Afrique. L’A.V.H contribue au financement de l’émission mensuelle sur la déficience visuelle diffusée par France 5, « A vous de voir », et réalise des audio- descriptions de films. Ces derniers sont maintenant disponibles en prêt sur abonnement, près d’une trentaine de titres sont disponibles.

L’insertion professionnelle est le seul domaine pour lequel l’A.V.H reçoit des subventions. Elle gère un Centre de Rééducation Professionnelle (C.R.P) basé au siège parisien, deux Centres d’Aide par le Travail, un atelier protégé, un centre de distribution de travail à domicile et un I.M-pro. Le C.R.P forme au métier de kinésithérapeute, au secrétariat bureautique et au cannage de chaises. Selon Jean- Louis Baril, cette activité est encore très demandée, les stagiaires n’ayant aucune difficulté à trouver un emploi dans ce secteur. L’A.V.H conduit également des actions de prévention des troubles de la vue, « Une vision pour la vie ». « On ne s’occupe pas de ses yeux, rappelle Jean- Louis Baril, parce que ça ne fait pas mal. Le diabète est mal dépisté. Et on oublie qu’un coup dans l’oeil peut entraîner quelques années plus tard un décollement de la rétine ». A travers les professionnels de santé, tels les pharmaciens et les opticiens, l’association diffuse des dépliants d’information sur les maladies cécitantes. Elle s’efforce également d’informer les médecins sur ces maladies, dont les séquelles peuvent être limitées si elles sont dépistées et traitées très tôt, en organisant des conférences à travers la France. L’A.V.H finance également des programmes de recherche médicale, à hauteur de 600.000 euros par an.

En participant à l’une des visites guidées de son siège que l’A.V.H organise chaque mois, vous découvrirez un appareil unique et en voie de disparition : le seul distributeur de billets parlant existant en France ! La banque qui le gère, le C.I.C, veut le retirer en juin 2004, estimant que sa faible utilisation n’en assure pas la rentabilité. Mais vous découvrirez bien d’autres services au détour des couloirs, dans cette association désormais « au service des aveugles ».

Laurent Lejard, février 2004


Association Valentin Haüy pour le bien des aveugles, 5 rue Duroc 75343 Paris cedex 07. Tél. 01 44 49 27 27, fax 01 44 49 27 10, serveur vocal 01 44 49 27 49. Et sur le web. Qui était Valentin Haüy ? Suivez ce lien

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