L’Audiovision consiste à commenter, pour les aveugles et les grands malvoyants, l’action et le décor d’un film, d’une pièce de théâtre ou d’une cinéscénie (au Puy du Fou, par exemple). Nous avions présenté sommairement la technique utilisée pour le spectacle vivant dans un article plus général de la rubrique Culture consacré aux aides aux spectacles pour les déficients sensoriels.

27 ans d’âge. Ce procédé de description des images est apparu pour la première fois aux USA, en 1975. August Coppola, frère du célèbre réalisateur Francis Ford Coppola et Doyen de l’Université de San Francisco, créa alors la première formation de « traducteurs d’images ». La technique a traversé l’Atlantique pour être présentée au sein de l’Association Valentin Haüy en 1989. L’AVH s’est depuis imposée comme le seul réalisateur en France de traduction d’images cinématographiques. Les films sélectionnés font l’objet d’un travail de description des différentes scènes, de leur décor, du jeu des acteurs. Il en résulte un texte lu à deux voix, masculine et féminine, qui traduit les images que les aveugles ne peuvent voir. Ce texte parlé est incorporé à la bande sonore du film, en s’intercalant entre les dialogues.

« Le procédé est resté le même au fil du temps » précise Jean- Thierry Gampert, en charge de l’Audiovision à l’AVH. « Ce sont des professionnels qui réalisent les descriptions, une équipe d’une dizaine de traducteurs intermittents et deux techniciens ». Un film de 90 minutes est traduit en une dizaine de jours, l’enregistrement de la bande Audiovision prenant une journée pour un coût total de réalisation d’environ 6.000 euros hors droits de diffusion. Actuellement, l’AVH dispose d’une soixantaine de films sur support VHS, DVD ou cassette audio. Prochainement, ils seront disponibles auprès du public au moyen d’une vidéothèque de prêt. En attendant, et en l’absence d’un réseau de salles de cinéma en Audiovision (une salle à Paris et à Nantes ont été équipées en 1995), la télévision demeure encore le seul moyen de diffusion de films décrits.

A la télévision. Jusqu’en 2000, la diffusion de films en Audiovision n’était essentiellement effectuée que par l’AVH, au siège parisien ou dans les comités régionaux, au moyen de cassettes vidéo spécifiques. La Cinquième avait bien tenté l’expérience d’une diffusion hertzienne en 1995, en programmant « Les enfants du Paradis », mais la tentative, limitée pour des raisons techniques à la zone de réception Parisienne, n’avait pas été concluante. C’est la chaîne franco- allemande Arte qui a lancé l’Audiovision à la télévision. En Allemagne, le procédé est en effet utilisé depuis 1996 et Arte y diffuse davantage de films décrits. « En France, le rythme d’un film par mois semble pouvoir être tenu en 2003 », selon Birgit Gabriel d’Arte G.E.I.E. à Strasbourg. Si la France a pris du retard, c’est notamment à cause du système de télédiffusion Secam, monophonique. L’arrivée du Nicam et de la diffusion numérique par satellite permet des diffusions stéréophoniques voire multilingues; l’Audiovision est alors devenue aisément intégrable. Malgré l’évolution technique, seule Arte diffuse des films décrits. France Télévision étudie la question mais est « peu dynamique » selon Jean- Thierry Gampert.

Curieusement, TF1 n’a jamais diffusé en Audiovision les films que sa filiale vidéo édite dans ce procédé. « Nos sociétés sont séparées, TF1 vidéo est une filiale » précise Franck Claude. Chez Arte, même situation en ordre inverse : l’édition vidéo n’intègre pas la bande Audiovision des films diffusés avec ce procédé, comme par exemple Vénus Beauté Institut. « La politique d’édition vidéo dépend Arte France à Paris » précise Birgit Gabriel. Depuis son premier film décrit, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, TF1 vidéo a édité en DVD Tanguy, La vie est belle, Tatie Danièle, La vie est un long fleuve tranquille, et prépare La guerre du feu. C’est évidemment l’équipe de l’AVH qui réalise la traduction d’images. « Le surcoût est absorbé par l’éditeur » ajoute Franck Claude, le vidéogramme en Audiovision ne coûte pas plus cher que celui qui en est dépourvu. Il serait bien dommage d’en priver l’acheteur, voyant ou non…

Jacques Vernes, décembre 2002.


Retrouvez la description de l’Audiovision selon Arte et la liste de ses prochains films. Les seuls films édités en DVD Audiovision le sont par TF1 Vidéo, qui a sept titres à son catalogue. Un congrès franco- anglo- allemand sur l’Audiovision sera organisé en 2003.

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