Porto, dont nous avons présenté les principaux centres d’intérêt lors d’un précédent reportage, entretient depuis longtemps, y compris dans l’esprit de ses visiteurs, une rivalité avec Lisbonne, distante d’environ 300km. Aussi pittoresque… et pentue que la capitale, Porto présente une dimension à taille humaine (environ 250.000 habitants, près de deux millions pour l’agglomération) qui en fait une destination « douce », davantage axée sur les loisirs que sa rivale : les bords du Douro sont plus calmes et moins peuplés que ceux du Tage ! En ce qui concerne le coût de la vie, si les tarifs restent globalement inférieurs à ceux pratiqués en France, ils ont tendance à s’équivaloir pour certaines attractions touristiques, shopping ou établissements hôteliers haut-de-gamme. Côté transports, à l’exception de l’antique tramway réservé aux touristes, le « métro léger » qui dessert les principaux quartiers est accessible en fauteuil roulant, avec informations visuelles et sonores dans les gares et à l’intérieur des rames ; il vient d’ailleurs d’être distingué par l’Union Européenne dans le cadre de l’Access City Award 2022. Idem pour les bus. La Porto Card permet de les utiliser sans limitation et d’accéder gratuitement à certains musées. Enfin, pour qui peut les emprunter, les taxis légaux peuvent également s’avérer utiles et peu onéreux, notamment pour remonter certaines pentes autrement rédhibitoires…

Entre fleuve Douro et vin de Porto

Car les points de vue sublimes sur la ville, le fleuve et l’océan ne manquent pas à Porto, le plus « classique » (mais pas le plus élevé) étant celui qui s’offre depuis l’étage supérieur du célébrissime pont Dom-Luís, chef d’oeuvre dû à un disciple de Gustave Eiffel, qui traverse le Douro pour rejoindre le district de Vila Nova de Gaia.

Porto, téléphérique de Vila Nova de Gaia ©Yanous.com

De là, on peut emprunter un téléphérique urbain, accessible de plain-pied, qui longe la partie la plus spectaculaire du fleuve : le voyage est bref mais il en vaut le prix ! Vous pourrez ensuite, depuis les quais, jouir d’un beau panorama sur l’autre rive et n’aurez que l’embarras du choix pour déguster le fameux nectar qui, depuis des siècles, fait la renommée de la ville. La plupart des grandes maisons ont développé des concepts alliant, en toute accessibilité, présentation du vignoble, des crus, dégustation avec, parfois, fado à la clé.

Muséographie des caves Cálem ©Yanous.com

Mentions spéciales à Cálem (muséographie modernisée en 2017) et Porto Cruz qui soignent particulièrement leur accueil, le toit-terrasse de cette dernière offrant en outre, surtout le soir, un aperçu sur la ville particulièrement photogénique. Il en va de même, plus haut sur la colline, depuis l’immense terrasse du bien-nommé WOW, récent complexe intégrant restaurants, cafés, bars à vin et pas moins de sept musées interactifs ultramodernes à flanc de coteau : de quoi passer plusieurs journées, en couple ou en famille, mais à des tarifs plus parisiens que portuans…

Porto depuis Vila Nova de Gaia ©Yanous.com

Outre les traditionnels et tout aussi photogéniques rabelos servant jadis au transport des fûts, le Douro est parcouru par quelques navires dont certains (celui-ci par exemple) proposent des croisières accessibles aux passagers à mobilité réduite. À la marina toute proche, le club nautique organise des sessions voile adaptées à tous types de handicaps : n’hésitez pas à le contacter pour découvrir le fleuve et la côte sous un autre jour.

Récital à Fado na Baixa ©Yanous.com

Et quand le jour se couche, au Portugal, vient l’heure du fado : les adresses où l’écouter (le « vivre » serait un terme plus approprié) ne manquent pas, certaines plus galvaudées que d’autres, mais la qualité est presque toujours au rendez-vous : le fado c’est sacré ! En-dehors de la maison Cálem évoquée ci-avant, on peut s’initier à cet art dans la petite salle de Fado na Baixa, accessible de plain-pied (moyennant toutefois une rue pentue), où se produisent des artistes locaux. Vous y apprendrez, entre autres choses, à différencier la guitare de Lisbonne de celle de Coïmbra, et frémirez de saudade, quel que soit votre niveau en langue portugaise ! L’endroit dispose de toilettes accessibles.

La tour des Clercs depuis la cathédrale ©Yanous.com

Et pour achever cette escale portuane en musique, si vos pas vous ont conduit jusqu’au monument emblématique de Porto, la Tour des clercs (Torre dos Clérigos) où vous avez pu, grâce à un ascenseur, visiter des espaces muséographiques principalement dédiés à l’art religieux et, faute de pouvoir y accéder en fauteuil roulant, découvrir le plus haut panorama sur la ville grâce à des écrans interactifs, ne manquez pas de demander qu’on vous ouvre l’accès à l’église baroque où des concerts d’orgue sont donnés tous les jours à 18h : la saudade, ici, prend une autre tonalité !

Dans le Minho

Direction plein nord : à une petite heure de voiture de Porto, Viana do Castelo est une cité portuaire pleine de charme où la déambulation dans le centre ancien, vivant et aisément praticable en fauteuil roulant, est agréable en toutes saisons. Le musée du Costume ainsi que celui des Arts décoratifs, tous deux accessibles, sont d’une grande richesse.

Sanctuaire du Sacré-Coeur-de-Jésus ©Yanous.com

Située à l’embouchure du fleuve Lima, que traverse ici un véritable pont Eiffel, la ville est dominée par l’imposante silhouette néo-byzantine du sanctuaire du Sacré-Coeur-de-Jésus (également appelé Sainte-Lucie, du nom de l’église initiale et de la colline sur laquelle elle est située) d’où l’on jouit d’un panorama extraordinaire sur la côte. L’édifice, accessible par rampe, ne manque pas d’impressionner. Des toilettes adaptées sont disponibles à côté de la boutique. Stationnement aisé. Pour les piétons, un funiculaire, également accessible aux personnes à mobilité réduite, permet d’y accéder depuis la ville : c’est le plus long du Portugal.

Funiculaire de Viana do Castelo ©Yanous.com

En amont du fleuve, la cité médiévale de Ponte de Lima, étape importante sur le chemin portugais de Saint-Jacques (qui se pratique toujours, y compris en fauteuil roulant), est célèbre pour le splendide pont romain qui lui a donné son nom et pour son marché bimensuel, florissant depuis des siècles. Au gré des promenades, de nombreux orangers ajoutent au bord des chemins leurs touches de couleurs vives. Une escale bienvenue, d’où que l’on vienne !

Ponte de Lima ©Yanous.com
Parc national de Peneda-Gerês vue d'avion ©Yanous.com

Le vaste Parc national de Peneda-Gerês, le seul du pays, s’étend à toute la région et, au-delà en Espagne, sur une partie de la Galice. Il est classé Unesco depuis 2009. Peu connu en France, il présente un paysage alternant torrents, landes et canyons, les parties cultivables ayant été modelées par l’Homme depuis la nuit des temps… jusqu’aux barrages hydroélectriques actuels.

Minéral dans ses villages typiques (ne manquez pas les greniers communautaires en granit de Soajo), il n’est pas rare d’y croiser des chevaux semi-sauvages parmi les vestiges préhistoriques, d’où une atmosphère fascinante, changeant au fil de l’année, propice autant à la rêverie qu’aux balades : un peu d’Écosse ou d’Irlande en pleine péninsule ibérique !

Greniers à maïs de Soajo ©Yanous.com

Si le parc compte cinq centres d’information et d’orientation, il est conseillé de privilégier celui de Porta do Mezio, qui est le plus accessible et propose, outre des espaces muséographiques intérieurs et extérieurs, la possibilité d’observer les étoiles, ainsi que des activités adaptées.

Porta do Meizo ©Yanous.com

La structure Explore Iberia, qui y intervient, en a élaboré pour tous les types de handicap, de la simple découverte de la faune aux randonnées avec joëlette : n’hésitez pas à prendre contact afin d’organiser un séjour qui, à n’en pas douter, sera mémorable !

Jacques Vernes, décembre 2021.

Sur le web, le site officiel Visit Portugal, incontournable, regorge d’informations en français sur la destination, notamment Porto et le nord (consultez également ce site dédié) avec une rubrique spécifiquement consacrée à l’accessibilité. Sensibilisés à l’accueil du public handicapé, les offices de tourisme et prestataires touristiques peuvent généralement vous renseigner (en français ou en anglais si vous n’avez pas le bonheur de vous exprimer en portugais.) Vous pouvez aussi consulter le puissant moteur de recherche de la plate-forme multilingue Tur4all. Enfin, n’oubliez pas, du fait de la crise sanitaire, de vous renseigner au préalable sur les conditions d’entrée dans le pays et les possibles restrictions d’accès à certains équipements ou activités touristiques.

Paysage du Minho ©Yanous.com
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