Fondée au XIe siècle sur l’île de Seeland, entre la péninsule du Jutland et la Suède (Malmö est située juste en face), au-milieu du détroit de l’Øresund faisant communiquer mer du Nord et Baltique, Copenhague a bâti sa fortune sur le commerce maritime et sur son statut de capitale de l’Union de Kalmar, réunissant Norvège, Suède et Danemark. Deux grands incendies au XVIIIe siècle, et un bombardement naval au début du XIXe ont détruit la plupart des édifices médiévaux mais la riche cité qui a vu fleurir, entre autres beaux esprits, le conteur Andersen, le philosophe Kierkegaard, le physicien nobélisé Niels Bohr, le cinéaste Dreyer, l’architecte-designer Jacobsen ou, plus près de nous, le réalisateur Lars von Trier, s’est vite reconstruite, dans l’élégant style néoclassique qu’offrent aujourd’hui les principaux édifices de son centre-ancien entouré de canaux.

Quelques pittoresques reliefs de la « vieille Copenhague » peuvent néanmoins être admirés du côté de Nyhavn, avec ses maisons anciennes, colorées (dont celle où vécut Andersen) et ses vieux gréements se reflétant dans les eaux : affluence touristique garantie au pied des immeubles, mais point de vue plus intéressant depuis l’autre rive du canal!

Outre les pistes cyclables, très utilisées, Copenhague comporte de vastes zones piétonnières où la déambulation, notamment en fauteuil roulant, est plutôt confortable, sauf évidemment dans les secteurs pavés. Boutiques et restaurants abondent, où les prix (en couronnes) laisseront plus d’un visiteur étranger perplexe, mais les bonnes affaires ne manquent pas, à condition de bien calculer le taux de change. Sachez par ailleurs que la plupart des transactions par carte de crédit font ici l’objet de frais supplémentaires: préférez le cash!

Côté accessibilité, nombre de lieux recevant du public, y compris les salles de spectacles, sont équipés de portes robotisées, d’ascenseurs et de rampes, de même que les autobus (quand le chauffeur daigne actionner le dispositif manuel); le métro ne pose aucun problème. Les trottoirs sont dallés et quelques traversées piétonnes disposent de guidages podotactiles, bandes d’éveil de vigilance et feux sonores.

Si les bateaux-mouches qui sillonnent les canaux sont totalement inaccessibles, ainsi que les embarcadères, aux utilisateurs de fauteuils roulants, il en va tout autrement des ferries de service public, accessibles de plain-pied avec aide (seuil variable), alternative ludique et économique pour découvrir la ville par son côté maritime.

Côté musées, le choix est pléthorique! À tout seigneur tout honneur: le Musée National, situé dans les bâtiments sagement baroques d’une ancienne résidence royale, offre un passionnant tour d’horizon à la fois archéologique, historique et ethnographique sur le pays. Où l’on croise les Vikings, bien sûr, mais également les Inuits, puisque le Groenland dépend toujours de la couronne danoise. Parmi la multitude de chefs d’oeuvres exposés, citons l’emblématique char solaire de Trundholm qui figure les billets de banque… Aucun souci d’accessibilité pour les visiteurs à mobilité réduite, et possibilité de déjeuner sur place (cafétéria), alternative économique aux restaurants du centre-ville.

Autre musée où l’on peut s’attarder en toute accessibilité, celui des Beaux-Arts (accès fauteuil par le côté gauche de l’entrée principale) dont les collections, outre les « stars » européennes de la Renaissance à nos jours (dont certaines oeuvres célébrissimes dont on vous laisse la surprise) font la part belle aux peintres nationaux et nordiques. Ici également il est possible de se restaurer, mais aussi d’apporter son pique-nique!

Achevons ce trio d’excellence par la Glyptothèque (accès par élévateur à gauche de l’entrée) où sont présentés des artistes locaux, une époustouflante collection d’impressionnistes français et une non moins étonnante partie consacrée à l’art antique, notamment étrusque. La collection égyptienne est la seule partie non-accessible en fauteuil roulant mais la richesse du reste fait aisément oublier ce désagrément et la complexité des circulations… Ne manquez surtout pas de vous attarder dans le jardin d’hiver XIXe, qui est un modèle du genre. Toutes ces institutions proposent par ailleurs des expositions temporaires, souvent de très haute tenue.

Côté palais royaux (rappelons que le Danemark est une monarchie actuellement incarnée par la reine Margrethe II) l’accessibilité est moins évidente. Le château de Rosenborg est impraticable en fauteuil roulant mais on peut visiter sans trop de difficultés une partie de l’Amalienborg, résidence d’hiver de la famille royale (élévateur puis ascenseur, manoeuvrés par le personnel). Le décor, noble et presque dépouillé des parties officielles, contraste étonnamment avec la surcharge des espaces privés : une autre manière de vivre en monarque ? Si vous passez par là à midi, vous pourrez assister à la relève de la garde, attraction touristique fort prisée.

Dans le prolongement de cet ensemble palatial, des jardins ouvrent sur une longue promenade le long des quais, occasion de signaler que Copenhague compte de nombreux espaces verts agrémentés de fontaines parfois spectaculaires où il peut être, selon la saison, particulièrement agréable de s’attarder.

Si le jardin botanique est l’un des plus élégants, avec ses immenses serres tropicales (accès gratuit mais fermeture en début d’après-midi), le plus populaire est sans conteste le Tivoli, sorte de Luna-Park sino-kitch où l’on peut promener, s’amuser sur des attractions foraines (toutes avec transfert ou restrictions d’accès), se restaurer ou assister à de multiples spectacles. L’entrée est payante, de même que les attractions, mais l’ambiance est au rendez-vous jusque tard dans la nuit !

Ambiance tout aussi festive, mais nettement plus « alternative » dans le quartier auto-géré de Christiania, fondé au début des années 70 dans une ancienne friche militaire. L’esprit libertaire y flotte toujours, malgré le tourisme, avec la bénédiction plus ou moins forcée des autorités locales, dans les vapeurs de cannabis (officiellement banni), sous le regard magique, parfois inquiétant, des immenses fresques murales. Un petit côté zone, surtout le soir, mais un esprit bon-enfant. On peut y manger, et de nombreux événements culturels y sont organisés tout au long de l’année. En ce qui concerne l’accessibilité, la voirie est aussi chaotique que l’habitat!

Et la Petite Sirène ? Un peu perdue sur son rocher en entrée de port, l’héroïne d’Andersen attire des grappes de touristes venus l’admirer à pied ou en bateau. Perches à selfies de rigueur pour une sculpture dont les droits de reproduction sont jalousement protégés mais qui sert à ce point d’emblème au pays qu’elle fait souvent l’objet de vandalisme.

Profitez de ce passage obligé pour visiter plus largement ce quartier maritime, ce que ne font pas les grappes de touristes: il ne manque pas de poésie, avec son va-et-vient de navires, ses fortifications et sa gigantesque fontaine Gefion. Et puis ce sera l’occasion d’emprunter l’un des ferries accessibles mentionnés ci-avant, prélude à de nouvelles découvertes…

Jacques Vernes, octobre 2015.


Sur le web, le site officiel Visit Denmark consacre (en français) toute une partie à Copenhague : très complète, on y trouvera toutes les informations nécessaires à l’organisation d’un séjour mais il faudra consulter cette page, la base de données de l’association God Adgang (en danois et en anglais, en entrant le nom København dans le moteur de recherche), ou directement les différents prestataires locaux, pour ce qui concerne les informations spécifiques aux voyageurs handicapés. Le site officiel Visit Copenhagen propose également de nombreuses informations à jour (notamment via le moteur de recherche sur le terme handicap) mais pas en français.

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