Fondé au Xe siècle, le Luxembourg a d’abord existé comme comté avant que son rattachement au Saint-Empire Romain-Germanique l’élève au rang de duché (XIVe siècle). Longtemps aux mains des Habsbourg, sa superficie a varié au fil des siècles mais son coeur, la ville de Luxembourg, est resté le même, véritable forteresse au coeur de l’Europe occidentale. Brièvement français durant le Premier Empire (sous le nom de département des Forêts), le Luxembourg est devenu un grand-duché indépendant en 1815, aussitôt intégré à la couronne des Pays-Bas. Partie de la Belgique après les révoltes de 1830, il est vite revenu à la Hollande mais y a perdu une partie de son territoire, désormais Luxembourg wallon. Cela n’a nullement empêché le français d’être toujours couramment parlé (en sus de l’anglais, idiome européen) à côté de l’allemand et, bien sûr, du luxembourgeois. On vous saluera d’ailleurs toujours prioritairement dans cette langue (« Moien ! » « Bonjour ! ») avant de poursuivre dans la vôtre : les Luxembourgeois sont de vrais polyglottes. Mais revenons à l’Histoire : le Luxembourg fut à l’origine d’une grave crise diplomatique en 1867 quand le roi Guillaume III des Pays-Bas voulut le vendre à la France de Napoléon III. Les grandes puissances européennes s’y étant opposé, cela eut pour conséquence de pérenniser l’autonomie du Grand-Duché et favoriser l’accession au trône d’une dynastie indépendante de celle régnant sur la Hollande.

Ainsi, le grand-duc actuel, Henri, appartient-il à une branche cadette de la Maison de Bourbon-Parme, les femmes pouvant également accéder au trône. L’une d’entre elles, la grande-duchesse Charlotte (1896-1985) est d’ailleurs devenue un emblème national grâce à son héroïsme pendant la Seconde guerre mondiale et son activisme dans la construction européenne, faisant de Luxembourg-ville l’un des sièges institutionnels de l’Union Européenne.

Malgré ses à peine plus de 100.000 habitants, la capitale où est né Robert Schuman (1886-1963), l’un des « pères » de l’Europe, regroupe en effet dans un même quartier ultramoderne (Kirchberg) le Secrétariat du Parlement européen, la Cour de justice de l’Union européenne, la Cour des comptes européenne, l’organisme statistique Eurostat et, sans surprise quand on sait l’importance de la place financière luxembourgeoise, la Banque européenne d’investissement.

L’opulence du Luxembourg, second pays le plus riche du monde selon le FMI, ne se traduit pas pour autant par le clinquant ou l’arrogance du premier, le Qatar: si les revenus y sont nettement plus élevés qu’ailleurs, pour un coût de la vie globalement similaire à celui de ses voisins (raison pour laquelle la moitié de la main d’oeuvre est d’origine transfrontalière), ici on reste simple et on ne fait pas étalage de sa fortune, à l’exception notable de l’automobile, qui s’affiche très haut de gamme…

La découverte de Luxembourg-ville peut utilement commencer par le musée d’Histoire, bâtiment spectaculaire occupant un édifice accroché à flanc de falaise, où l’immense ascenseur panoramique vaut presque à lui seul le détour ! Parfaitement accessible en fauteuil roulant (comme la plupart des musées luxembourgeois), l’endroit retrace l’évolution urbaine depuis sa fondation, notamment au moyen de très élégantes maquettes. Des expositions temporaires sur différentes thématiques y sont par ailleurs présentées. Repas possible sur place (cafétéria avec vue), toilettes adaptées mais stationnement difficile, comme dans tout le centre-ancien : si vous venez en voiture, mieux vaut stationner (gratuitement) en entrée de ville et prendre les transports en commun, assez globalement accessibles. Seconde option, ouverte aux résidents handicapés comme aux touristes : utiliser les services adaptés, tel Novabus, qui opèrent de porte à porte, sur commande, à des tarifs très raisonnables, et dont les références, entre autres informations utiles, peuvent être consultées à partir de cette page dédiée sur le site de la municipalité.

Autre adresse utile, pour mieux comprendre ce qui a « fait » le Luxembourg : le Musée National d’Histoire et d’Art (MNHA), installé dans plusieurs bâtiments de la ville-haute (Marché aux poissons) et dont la muséographie, en cours de réaménagement (mais le musée reste ouvert) est au moins aussi réussie et accessible que celle de son « confrère » évoqué ci-dessus. Les périodes couvertes vont de la préhistoire au Moyen-Âge, avec de beaux vestiges gallo-romains ainsi que quelques incursions picturales dans les siècles ultérieurs, sans oublier les arts décoratifs et populaires ainsi que les armes et uniformes : largement de quoi occuper une journée, surtout si on s’attarde dans les expositions temporaires qui y sont régulièrement proposées !

Le centre-ancien de Luxembourg est piétonnier ou doté de trottoirs suffisamment vastes pour que la circulation en fauteuil roulant s’y fasse sans encombre; nombre des feux tricolores sont sonores.

Luxembourg, palais Grand-Ducal.

L’élégante place Guillaume II, coeur emblématique de la cité avec la Place d’Armes toute proche, est dominée par la statue équestre du non moins emblématique grand-duc, esthète et collectionneur d’art, qui lui a donné son nom. Bordée de restaurants d’un côté et par l’Hôtel de Ville de l’autre, elle ouvre, via la rue de la Reine, sur le palais grand-ducal, dont la façade discrète, de style Renaissance, mérite néanmoins le coup d’oeil. Des visites guidées y sont organisées en été. Le palais jouxte la très contemporaine Chambre des députés.

Derrière l’Hôtel de Ville, la cathédrale, accessible de plain-pied, a été édifiée au XVIIe siècle mais fortement remaniée au XXe. La crypte abritant les tombeaux des souverains luxembourgeois, dont celui du célèbre Jean l’Aveugle, est malheureusement inaccessible en fauteuil roulant. Ici repose aussi la grande-duchesse Charlotte mentionnée ci-avant, dont une émouvante statue occupe le centre de la petite place Clairefontaine attenante.

En se rendant, à travers les vieilles rues, jusqu’au bord de la vénérable falaise dominant la vallée de l’Alzette, on peut atteindre la Cité Judiciaire, depuis laquelle un ascenseur permet de descendre aisément au quartier pittoresque et branché du Grund, où se trouvent le musée d’Histoire Naturelle (accessible, en cours de rénovation de sa muséographie) et l’immense abbaye de Neumünster, devenue caserne puis prison avant d’abriter un centre culturel très actif qui accueille étudiants, chercheurs et grand public. Ambiance à la fois studieuse et festive garantie, repas possible sur place.

Le point de vue sur cette falaise qui écrase presque le paysage permet par ailleurs de mieux appréhender le côté imprenable des casemates et des citadelles, perchées plusieurs dizaines de mètres plus haut, panorama qui se comprend mieux encore depuis la corniche elle-même, en remontant vers la vieille-ville (toujours par l’ascenseur car la pente est fort raide). Un autre point de vue intéressant s’offre depuis la place de la Constitution, que l’on peut difficilement manquer car y domine, du sommet de sa colonne, la silhouette dorée de la « Gëlle Fra » (monument du Souvenir). De là, on peut apercevoir les autres quartiers de la ville ainsi que les ponts vertigineux franchissant la vallée très encaissée de la Pétrusse, affluent de l’Alzette.

Si on longe ensuite le boulevard vers l’avenue Marie-Thérèse, on peut remonter jusqu’au quartier de Kirchberg sans quitter les parterres de fleurs et le couvert paisible des arbres centenaires du parc municipal : une véritable oasis de verdure en pleine ville, parfaitement accessible (poussettes et vélos y abondent, en toute sérénité) ponctuée de pièces d’eau, dont le monument le plus célèbre est la Villa Vauban, maison bourgeoise élevée au XIXe siècle sur d’anciennes fortifications (d’où son nom) et transformée en musée des Beaux-Arts à la faveur de plusieurs legs. Accessible sans encombre, elle présente une collection permanente très diversifiée couvrant la période du XVIIe au XIXe siècle, ainsi que des expositions temporaires de stature internationale offrant l’opportunité de découvrir des oeuvres rarement exposées.

Un autre ascenseur, à l’extrémité du parc, permet d’accéder au paisible quartier de Pfaffenthal, dans la vallée de l’Alzette, où l’on peut admirer d’autres vestiges des fortifications Vauban, dominées du haut de ses 74 m par l’imposant pont Grande-duchesse Charlotte (« pont rouge ») reliant le quartier de Kirchberg.

Ce dernier est le plus moderne de la ville. Outre les institutions européennes déjà mentionnées, ainsi que le siège de nombreuses entreprises, s’y trouvent le bâtiment immaculé, tout en courbes, de la Philharmonie, dû à l’architecte Christian de Portzamparc (2005) et, dans l’immédiate proximité, le musée d’Art moderne (Mudam) d’Ieoh Ming Pei inauguré un an plus tard à l’emplacement d’un ancien bastion dont subsistent quelques traces remarquablement mises en valeur. La Philharmonie, dont la programmation s’inscrit dans le circuit international, offre évidemment une excellente acoustique et plusieurs options de placement pour les spectateurs handicapés moteurs. Cerise sur le gâteau, les tarifs n’ont rien de prohibitif.

Quant au Mudam, son immense verrière centrale rappelle irrésistiblement la pyramide du Louvre élevée par le même architecte. Côté expositions, quelques oeuvres installées in situ restent à demeure, telle l’étonnante chapelle « gothique » de Wim Delvoye, mais la majorité de la collection fait l’objet d’expositions temporaires thématiques, souvent en collaboration avec de grandes institutions artistiques étrangères. Restauration possible sur place dans un restaurant oeuvre d’art, accès automobile au plus près de l’entrée sur simple demande.

Mais à l’instar de la France, le Luxembourg ne se résume pas à sa capitale. Outre la découverte d’une grande diversité de paysages, mentionnons, à une soixantaine de kilomètres vers le nord, la possibilité de faire escale à Munshausen dans un écomusée (Robbesscheier) dédié au cheval ardennais et doté d’une calèche accessible au moyen de laquelle on peut embarquer, en fauteuil roulant, pour un tour du domaine haut en couleurs ! Tous les espaces muséographiques et ateliers de l’écomusée sont pleinement accessibles, y compris le restaurant typique et l’immense grange transformée en boutique de producteurs et artisans locaux. Il est même possible de dormir sur place, le personnel du « Tourist center » se faisant fort, en outre, de renseigner les visiteurs handicapés sur l’offre d’hébergements adaptés et d’activités possibles dans la région, pour de vraies vacances au vert, en famille.

À quelques encablures de là, dominant le village pittoresque et très chic de Clervaux, le château-fort médiéval, aux épais murs blancs, a été relevé de ses cendres pour abriter une exposition permanente de photographie intitulée « The family of man« . Rassemblée dans les années 1950 par le photographe américain d’origine luxembourgeoise Edward Steichen (1879-1973), elle a été crée pour le Museum of Modern Art de New York et rassemble plus de 500 photographies en noir et blanc, de 276 auteurs dont certains très célèbres, originaires de 68 pays. Une oeuvre gigantesque, pleine de sang, de larmes mais aussi d’espoir, qui a fait le tour du monde et ému plus de 10 millions de visiteurs avant de se poser ici, classée par l’Unesco en 2003 en prélude à une importante campagne de restauration qui s’est achevée dix ans plus tard. Le résultat continue d’émouvoir… La muséographie, qui respecte le projet original d’Edward Steichen, n’en est pas moins parfaitement accessible, complétée par un audioguide sur iPad accommodant les prothèses auditives. Stationnement réservé au pied de l’ascenseur : ne pas monter jusqu’au sommet de la colline mais suivre le panneau, sur la droite.

Plein sud, tout contre la frontière française, c’est à un autre voyage que l’on vous convie: à Rumelange, le Musée National des Mines de Fer (MNM) a installé la majeure partie de ses collections sous terre, dans une ancienne mine désaffectée en 1963 (les autres ont fermé dans les années 1980). On y accède au moyen d’un « petit train », réplique aménagée d’un authentique train de mineurs, puis on déambule, en visite guidée, au milieu de machines dont le gigantisme et l’automatisation croissent avec l’avancée de la technologie. La balade en fauteuil roulant nécessite un peu d’aide mais le côté atypique et spectaculaire de cette découverte à la fois dans le temps et l’espace compense largement ce désagrément. Petite restauration possible sur place, toilettes adaptées.

En se dirigeant vers l’est, littéralement face à l’Allemagne, le voyage se fait fluvial, sur la Moselle frontalière, le long des vignobles accrochés à flanc de coteau. On peut embarquer à bord du « Princesse Marie-Astrid », splendide bateau-restaurant parfaitement accessible, pour une croisière plus ou moins longue au fil de l’eau, entre Remich et Trèves (Allemagne) ou Schengen, un nom qui parle aux européens… C’est d’ailleurs sur ce bateau qu’a été signé le célèbre accord en 1985.

Et si l’envie vous taraude de goûter aux nectars locaux, les caves Saint-Martin, fondées en 1919 à Remich, sont un but de visite idéal et original, l’endroit étant entièrement taillé dans la falaise calcaire. On y élève de délicieux crémants d’assemblage ainsi que les trois couleurs standards du vin, élaboré ici à partir de cépage pinot noir. Une production limitée, qui s’exporte peu, et donc l’occasion unique d’en ramener chez soi à peu de frais. Les caves, de plain-pied, se découvrent en visite guidée, laquelle s’achève sur la traditionnelle dégustation: de quoi trinquer (sans abuser) à la gloire de l’entente mosellane !

Achevons cette (re)découverte du Luxembourg dans le luxe, le calme et (presque) la volupté : le domaine thermal de Mondorf-les-Bains, frontalier avec la France (Thionville n’est qu’à une vingtaine de kilomètres), existe depuis le XIXe siècle. On n’a cessé, depuis lors, d’apprécier la quiétude de l’endroit et la qualité de ses eaux riches en sels minéraux. L’État luxembourgeois en est désormais propriétaire mais la gestion a été confiée à une société privée. S’il reste quelques bâtiments des anciens thermes Art-Déco, la plupart des installations date des années 1980, y compris pour l’hôtel quatre étoiles, qui amorce un vaste programme de rénovation (mais l’établissement restera ouvert). Que l’on séjourne ou non dans ce splendide environnement, où l’accueil des clients handicapés relève du sur-mesure, on peut jouir d’une journée complète aux thermes, partiellement accessibles mais dotés de tous les équipements nécessaires, y compris une potence de mise à l’eau. On peut également faire une romantique promenade dans l’immense parc arboré, avec une halte au Musée de l’Aviation qui s’y trouve, et émerveiller ses papilles au restaurant De Jangeli, l’une des meilleures tables du pays. De quoi donner envie de rester de ce côté-là de la frontière !


Jacques Vernes, octobre 2014.


Sur le web, le site officiel Visit Luxembourg permet de préparer un séjour au Grand-Duché dans ses moindres détails, y compris les établissements bénéficiant du label d’accessibilité européen EureWelcome, dont on pourra par ailleurs utilement consulter la base de données détaillée en suivant ce lien.

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