Située à quelques encablures de la frontière allemande (Bavière) Salzbourg l’autrichienne est mondialement célèbre pour avoir vu éclore, au XVIIIe siècle, le génie de Mozart. Cette ville de taille moyenne (150.000 habitants) existe pourtant depuis l’Antiquité. Elle fut le siège d’un puissant évêché dès le VIIIe siècle, notamment grâce aux mines de sel qui ont donné leur nom à la rivière Salzach qui traverse la cité, ainsi qu’à cette dernière. Indépendante politiquement jusqu’au début du XIXe siècle, Salzbourg était gouvernée par des princes-archevêques dont le dernier, et le plus célèbre, Hieronymus von Colloredo (1732-1812), doit beaucoup de sa « légende noire » à ses rapports tumultueux avec Mozart. Lequel a laissé, ici bien plus qu’à Vienne, une empreinte indélébile qui attire les visiteurs du monde entier. « L’industrie Mozart » est heureusement contenue à la rue (Getreidegasse) dans laquelle se dresse l’immeuble cossu où il vit le jour en 1756. L’endroit est l’un des rares (avec la forteresse qui domine la ville) à rester inaccessible en fauteuil roulant mais on peut toujours faire ses courses de plain-pied à la supérette Spar qui en occupe le rez-de-chaussée !

La déambulation dans le centre ancien est d’autant plus agréable que le secteur est plat, largement piétonnier, et que les belles façades, notamment baroques, abondent. Commerces aux enseignes ouvragées, immeubles particuliers entretenus avec soin, cours ombragées, passages qui se découvrent au détour d’une ruelle: le vieux Salzbourg, celui de Mozart, garde une part de mystère qui complète à merveille la richesse un peu austère de ses bâtiments officiels. L’atmosphère est détendue, familiale, y compris le soir quand la cité revêt ses discrets habits de lumière. Car contrairement à d’autres endroits entièrement dévoués au tourisme, les habitants n’ont pas déserté la place: on vit, on étudie (entre autres au prestigieux Mozarteum) et on travaille ici, on fait son marché (occasion, pour le visiteur de passage, de ramener en particulier d’excellentes charcuteries emballées sous vide) et on se divertit.

Résultat: en dépit de la réputation haut de gamme de l’endroit, non seulement les prix ne sont pas stratosphériques mais l’accueil reste amical, parfois même en français. L’offre hôtelière adaptée est large (consultez le guide Salzbourg sans obstacles) et tout est fait, sous l’impulsion de la municipalité, pour que l’accessibilité progresse. D’où l’obtention, pour 2012, de l’Access City Award récompensant les démarches entreprises en la matière. Signe qui ne trompe pas, les personnes se déplaçant en fauteuil roulant ne sont pas rares à Salzbourg. Quant aux feux tricolores, la plupart sont sonorisés.

Côté patrimonial, les édifices remarquables sont tous ou presque en lien avec le pouvoir archiépiscopal. À commencer, évidemment, par la cathédrale (Dom) dédiée à Saint Rupert, premier évêque de la ville. C’est sous ses immenses voûtes baroques que fut baptisé le jeune Wolfgang. Aisément accessible, elle compte pas moins de cinq orgues ! Des concerts y sont régulièrement donnés, surtout l’été. L’immense résidence épiscopale qui la complète a fait l’objet d’un très important chantier d’aménagement et de mise en accessibilité, inauguré tout récemment. Ce « DomQuartier » permet désormais de visiter d’un seul tenant les salles d’apparat du palais, ses riches galeries de peinture, l’étonnant cabinet de curiosités, le trésor de la cathédrale et le musée religieux Saint-Pierre tout en offrant d’extraordinaires panoramas sur la ville ainsi que sur l’intérieur du Dom (côté orgue : un point de vue rarissime depuis un fauteuil roulant) ou de l’église franciscaine attenante. Cerise sur le gâteau : l’accès est gratuit pour la personne handicapée et son accompagnateur !

Après cette visite, qui peut largement occuper une demi-journée, une pause gastronomique ne sera pas de trop. Sur l’Alter Markt tout proche, ne manquez pas de vous attabler au café Tomaselli, le plus vieux d’Autriche, où vous pourrez déguster de ces irrésistibles boissons ou pâtisseries aux noms évocateurs qui font à juste titre la réputation du pays. Juste en face, le café-pâtisserie Fürst est célèbre pour ses « mozartkugeln« , boules en chocolat au coeur de pâte de noisettes. Il serait dommage de s’en priver, quitte à sauter le repas du soir… Signalons également l’incontournable café Mozart, Getreidegasse, à la fois discret et élégant, accessible par ascenseur via la traverse mitoyenne. Côté restaurants, le choix est pléthorique (consultez cette page en anglais), à tous les prix, et de bonnes surprises attendent les gourmets, y compris en ce qui concerne les vins, pour suffit que l’on y consacre un peu plus de budget. Quelque choix que l’on fasse, le service est partout souriant, ce qui est fort appréciable…

S’il vous reste du temps, faites étape au Musée de la ville, qui borde la place Mozart, non loin de la cathédrale. Parfaitement accessible, récompensé en 2009 par le Prix européen des Musées, il retrace l’histoire de Salzbourg depuis les origines (le sous-sol du bâtiment dévoile, par exemple, de splendides murs romains) à travers tableaux, photos et objets d’arts ou décoratifs. Attenant au musée, ne manquez surtout pas l’espace dédié au panorama, rare exemple encore conservé d’un panoptique peint qui vous transporte, avec une infinité de détails parfois émouvants, sur les hauteurs de la ville en 1829; accès par scalamobile.

Quant au panorama actuel et bien réel, il est possible depuis le parvis de la forteresse, en dépit de l’inaccessibilité de celle-ci, grâce à un funiculaire parfaitement accessible en fauteuil roulant depuis le bas de la falaise; il est gratuit pour la personne handicapée et son accompagnateur. Quant le temps est dégagé, la vue porte très loin, jusqu’aux montagnes bavaroises: n’oubliez pas vos jumelles! Solution alternative: grimper par ascenseur jusqu’au musée d’Art contemporain, qui domine la vieille-ville, et s’attarder en terrasse après avoir découvert les collections des XXe et XXIe siècles. Repas avec vue possible sur place (réservation conseillée). Le Rupertinum, annexe du musée située en ville, près du palais des Festivals, consacrée à des expositions temporaires, est quant à lui accessible par l’arrière, face à l’église des franciscains.

Salzbourg, palais Mirabell.

Le festival de Salzbourg, dont le sévère palais Art Déco accueille les orchestres et solistes les plus renommés au monde ainsi qu’un public international très haut de gamme, existe depuis 1920. Il se déroule tous les étés, dans plusieurs sites répartis en ville. Des retransmissions gratuites sur écran géant sont proposées depuis quelques années, pour le plus grand bonheur des mélomanes qui n’ont pas eu la chance de pouvoir s’offrir un ticket. Le public handicapé n’est pas oublié mais les tarifs restent élevés : le prix de la rareté et de l’excellence ! Associé au festival d’été, le festival de Pâques propose une programmation axée surtout sur l’opéra, à des tarifs hélas tout aussi onéreux. Idem pour le festival de Pentecôte (on aime vraiment la musique, à Salzbourg !), créé dans les années 1970 par feu le chef d’orchestre star Herbert von Karajan, un enfant du pays. Les divertissements plus « populaires » ne manquent heureusement pas, tout au long de l’année, dans les différents lieux culturels de la cité (consultez ce calendrier en anglais) : il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses ! Quant au marché de Noël, c’est tout simplement le plus beau d’Autriche.

De l’autre côté de la rivière s’étend le Salzbourg du XIXe siècle et des périodes ultérieures, évidemment plus vaste que le centre-ancien mais tout aussi intéressant si l’on aime l’architecture et les découvertes urbaines. En outre, la promenade sur les rives de la Salzach offre un point de vue des plus romantiques sur la vieille-ville, surtout au crépuscule… Le palais Mirabell est l’un des rares édifices du XVIIIe siècle qui subsiste de ce côté-là. Construit par les princes-archevêques, il abrite désormais la mairie mais on peut en visiter les élégants jardins, (bordés d’un côté par une extension plutôt brutale du Mozarteum, et de l’autre par le célèbre théâtre de marionnettes), ainsi que l’étourdissante salle des mariages (Marmorsaal) débordant de marbre et d’or où des concerts sont régulièrement organisés, à des tarifs tout à fait raisonnables. Accès par ascenseur. Pour la petite histoire, mais qui passionne le public anglo-saxon, des scènes du film La mélodie du bonheur, dont l’intrigue se déroule à Salzbourg, ont été tournées ici.

Plus classique, la résidence Mozart, toute proche, récemment relevée de ses cendres (bombardée en 1944, elle a été reconstruite à l’identique dans les années 1990) permet d’approcher au plus près l’environnement de cette famille atypique: tableaux, lettres, meubles, partitions, instruments de musique… Wolfgang y vécut jusqu’en 1780. Accès par ascenseur.

Pour terminer en beauté, dans les faubourgs de Salzbourg, aisément atteignable en taxi ou en bus, le château d’Hellbrunn (toilettes adaptées, petite restauration possible sur place) est une splendide résidence de plaisance construite au début du XVIIe siècle par un prince-évêque plus hédoniste que les autres. Plus facétieux aussi : les multiples jeux d’eaux qu’il fit aménager dans ses jardins font l’émerveillement et la surprise des visiteurs encore aujourd’hui (visite guidée obligatoire). Le château lui-même, avec ses splendides salles ornées de trompe-l’oeil, attend encore sa mise en accessibilité mais les jardins et leurs jeux d’eau, ainsi que l’orgue hydraulique, principaux attraits de l’endroit, se découvrent de plain-pied. En musique encore, entre Mozart et la Mélodie du bonheur…

Jacques Vernes, août 2014.


Sur le web, le site officiel Salzburg.info propose une information très complète en français, dont un agenda des manifestations culturelles, ainsi qu’une rubrique Vacances sans barrières consacrée à l’accessibilité, où l’on peut télécharger l’indispensable brochure multilingue (dont le français) Salzbourg sans obstacles, également disponible au format papier auprès de l’office de tourisme. Certaines toilettes publiques adaptées et des accès spécifiques tel celui du funiculaire s’ouvrent avec une Eurokey, à ne pas oublier pour plus de confort de visite.

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