À l’échelle géologique, la « petite mer » (traduction en breton de mor bihan) n’existe que depuis l’ère quaternaire, quand les glaciers laissèrent la place à l’océan. Lequel est remonté d’environ 5 mètres depuis l’ère préhistorique. D’où une trentaine d’îles (devenues pour la plupart des propriétés privées) et de nombreux vestiges, souvent spectaculaires, des premiers habitants de la région. La maîtrise de l’urbanisation et un souci de longue date de préserver le patrimoine tant culturel que naturel ont permis au Morbihan d’échapper, sinon au tourisme (très important en saison), du moins à ses effets néfastes. Ainsi, la magie opère-t-elle toujours.

Préfecture du département, Vannes est en quelque sorte le « verrou » du golfe du Morbihan et une bonne « base arrière » d’où rayonner sur la région. Fondée à la fin du 1er siècle avant notre ère sous l’occupation romaine, Vannes (alors appelée Darioritum) est une antique cité, dont quelques portes médiévales et portions de remparts ont été préservées, dans les vieilles rues de laquelle il est agréable de flâner, en dépit d’une voirie parfois disparate et de quelques pentes ponctuées de pavés. Le coeur ancien compte de nombreuses maisons à pans de bois rassemblées autour de la belle cathédrale Saint-Pierre. Côté musées en revanche, seul le rez-de-chaussée de la Cohue (beaux-arts) est visitable en fauteuil roulant. Chaque année en juillet, Vannes est le théâtre de Fêtes historiques avec cortèges costumés. Les amateurs de Jazz ne sont pas en reste avec un festival trentenaire rassemblant grands noms et découvertes. Ça vibre, à Darioritum !

…Et depuis longtemps : avant même les Vénètes, peuple celte dont la puissance fut jadis reconnue par Jules César en personne, la région abritait au néolithique (Ve millénaire avant notre ère) un ensemble de populations dont la sédentarisation a permis l’érection de monuments qui comptent parmi les plus anciens au monde encore debout : menhirsdolmenscromlechs… Les plus célèbres sont évidemment les alignements de Carnac, à l’ouest du golfe du Morbihan. Ils s’étendent sur plusieurs kilomètres; leur fermeture (partielle) au public permet d’en découvrir toute la majesté. Le centre d’interprétation de la Maison des Mégalithes, accessible de plain-pied (stationnement réservé au plus près de l’entrée) peut constituer une bonne approche avant d’explorer le site plus avant mais l’ascension de la terrasse (rampe pentue) s’avère décevante. Un chemin, accessible avec aide depuis le bas des alignements du Ménec (parking), permet d’approcher au plus près ces fabuleuses pierres dont on ignore toujours l’exacte destination mais qui produisent encore aujourd’hui une impression ineffable sur quiconque les contemple. À l’autre extrémité du site, un chemin accessible avec aide conduit au Géant du Manio, menhir solitaire perdu en forêt.

Alignements de Carnac.

Les touristes se pressent (à juste titre) à Carnac mais le Golfe du Morbihan regorge de sites mégalithiques plus discrets dont la découverte, parfois au hasard d’une route de campagne, participe d’une véritable chasse aux trésors. À Locmariaquer, par exemple, on peut admirer le plus grand menhir connu à ce jour (brisé par un tremblement de terre), jadis érigé à côté d’un tumulus et d’un dolmen (accessible) dont l’importance demeure impressionnante; prêt de fauteuil roulant, documents braille et tableaux tactiles, vidéo sous-titrée et LSF, toilettes. Tout autour de la baie (et, plus largement, du département), ces vestiges sont moins faciles à repérer et, bien souvent, moins accessibles aux personnes à mobilité réduite mais le bonheur de s’y retrouver seul compense largement l’effort !

Davantage encore que le cairn de Gavrinis (monument hélas inaccessible), sur son île éponyme, l’un des témoignages les plus émouvants de ces temps reculés est le cromlech partiellement immergé d’Er Lannic, visible seulement depuis la mer. Il est en effet possible d’emprunter un navire (accessible avec aide, toilettes accessibles) au départ de Larmor-Baden pour faire un tour du golfe, avec ou sans escale dans l’île d’Arz et l’île aux Moines, la première plus plane et aisée à visiter que la seconde, mais toutes deux également intéressantes à découvrir, avec possibilité de restauration sur place. Le climat breton s’avérant conforme à ce qu’en disent les habitants eux-mêmes (à savoir qu’il fait beau plusieurs fois par jour), mieux vaut prévoir de quoi se protéger à la fois de la pluie et du soleil…

De retour à terre, on peut partir à la découverte du littoral et des petits ports de pêche qui bordent le golfe (la Trinité sur merSaint-Goustanle Bono…) et pousser jusqu’à la presqu’île de Rhuys qui offre de superbes panoramas, notamment vers Port-Navalo. Côté baignade (pour les téméraires), une dizaine de plages du département bénéficient du label handiplage. Les amateurs de balades pourront, quant à eux, s’ébattre dans la réserve naturelle des Marais de Séné, non loin de Vannes, où des parcours accessibles ont été mis en place afin que tout le monde puisse jouir du spectacle des innombrables oiseaux qui y font escale; parking réservé, toilettes adaptées, accueil attentionné… comme partout ailleurs dans le département !

Jacques Vernes, juillet 2010.

Sur le web, le site officiel du Comité Départemental du Tourisme comprend une rubrique « Handitourisme« . Le CDT édite par ailleurs une brochure spécifique « Le Morbihan accessible » recensant les équipements labellisés Tourisme et Handicap. Elle est téléchargeable en ligne et peut aussi être demandée par mél ou par courrier. Le site internet de l’Office de Tourisme de Vannes propose par ailleurs une page spécifique « Tourisme et handicap » regroupant les hébergements, déplacements, visites et loisirs accessibles.

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