Au carrefour de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, la préfecture de la Moselle se (re)découvre une vocation internationale et présente au monde son meilleur visage, celui d’une antique cité dont l’histoire plurimillénaire est un peu celle du pays tout entier. Celte, romaine, franque (elle est alors capitale de l’Austrasie), berceau de la prestigieuse dynastie carolingienne, française, puis allemande, puis de nouveau française, Metz (on prononce mess) conserve vive en ses murs la trace de ce passé tumultueux.

L’un des plus antiques vestiges de cette histoire est l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains, construite sur un établissement thermal gallo-romain et remaniée au cours des siècles jusqu’à l’installation récente d’une salle de concerts et d’expositions. Le cheminement d’accès est assez pentu mais l’endroit, très romantique, est de plain-pied. Metz compte en effet quelques buttes en centre-ville dont certaines se font nettement sentir en fauteuil roulant. La plupart des circulations, si l’on oublie les pavés, se font heureusement sans encombre, la voirie (en cours d’aménagement) faisant la part belle aux larges trottoirs et aux zones piétonnières.

De la Metz médiévale (élevée en République au XIIe siècle après avoir chassé son évêque !) subsistent de nombreuses traces, tant dans le nom très typique des rues du centre ancien qu’en matière architecturale. On pense bien sûr à la très belle cathédrale Saint-Étienne, dont la construction s’est étalée sur plusieurs siècles et qui présente les plus grandes verrières gothiques d’Europe ainsi qu’un ensemble moderne de Chagall (partiellement accessible). Mais il existe également des témoignages civils de la richesse messine de cette période : la place Saint-Louis, par exemple, en bas de la vieille ville, avec ses immeubles à arcades du XIIIe siècle adossés au rempart romain, et qui abritait changeurs et artisans.

Vue nocturne de la place de la Comédie à Metz.

L’animation se concentre désormais place Saint-Jacques, non loin de la cathédrale et du marché couvert (une adresse gourmande bien connue), où bars et restaurants ouvrent leurs terrasses au premier rayon de soleil et jusque tard dans la nuit. Autre lieu remarquable la nuit, la place de la Comédie, sur l’ile du Petit Saulcy, longée par l’Opéra le plus ancien de France et dont le bâtiment réserve quelques surprises à qui sait observer. Les spectateurs en fauteuil roulant sont placés à l’orchestre.

Autres marques du passé, les fortifications : la plupart ont été « mangées » par l’urbanisation mais les pans qui subsistent donnent une idée leur importance. Ainsi en va-t-il de la célèbre Porte des Allemands, un peu isolée aujourd’hui par la circulation automobile, qui vaut vraiment le coup d’oeil. Son nom, bien que très ancien (il remonte au temps des chevaliers teutoniques), rappelle évidemment une époque plus récente, celle de l’annexion de la Lorraine à l’Empire allemand (1871-1918)…

…Une catastrophe pour les Français mais, paradoxalement, une chance pour l’urbanisation de Metz, qui devient une sorte de « vitrine » de l’occupant. De nombreux bâtiments sont construits, dans des styles architecturaux très divers, avec une préférence pour le néo : néo-gothique sur le portail de la cathédrale, néo-renaissance pour le palais du gouverneur (fermé à la visite), néo-roman pour la poste centrale, le Temple Neuf (inaccessible) et, surtout la fameuse gare dont la découverte s’apparente à celle d’un kolossal livre d’images ! Le quartier alentour est de la même trempe : l’Office de tourisme organise d’ailleurs des visites thématiques permettant de s’y retrouver.

Juste derrière la gare, au débouché d’un tunnel et d’une passerelle « initiatiques » qui ont tout du voyage dans le futur, se découvre la silhouette caractéristique du dernier bijou messin : le Centre Pompidou Metz (CPM), voulu et accouché conjointement par l’État et les collectivités locales dans un objectif louable de décentralisation culturelle (idée redevable en partie à Jean-Jacques Aillagon, un enfant du pays, ministre de la Culture entre 2002 et 2004). Si le « geste architectural » souffre quelques erreurs en matière d’accessibilité (lire cet article), la promesse est en revanche amplement tenue côté qualité des oeuvres exposées : le grand-frère parisien n’est pas avare ! Que l’on soit ou non sensible à l’Art Moderne, une visite s’impose, ne serait-ce que pour appréhender de nouveaux espaces… Restauration possible sur place, parking souterrain débouchant directement sur le parvis, conditions et priorités d’accès similaires à celles des musées nationaux.

Le centre-ville, vu depuis le Centre Pompidou Metz.

De l’Art Moderne à l’Art Contemporain, il n’y a qu’un pas, et quelques centaines de mètres : nouveau voyage dans le temps et l’espace au Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC) installé dans l’élégant hôtel Saint-Livier, l’un des plus anciens édifices civils de Metz. Outre le plaisir d’y faire de belles découvertes (renouvelées et souvent ludiques) dans le champ de la création d’aujourd’hui, l’accueil des publics handicapés y est particulièrement soigné : un exemple qui devrait faire des émules, à commencer par le nouveau-venu parisien présenté ci-avant…

Non loin de là, les Musées de la Cour d’Or attendent également que l’on se penche sur leur accessibilité qui est, pour l’heure, partielle et compliquée, ce qui s’avère frustrant eu égard à l’extraordinaire richesse de collections s’étalant de la préhistoire au XIXe siècle. Une sonnette installée à côté de l’entrée permet aux visiteurs en fauteuil roulant de se faire ouvrir un accès situé un peu plus haut dans la rue. Tarif réduit et toilettes accessibles.

L’Art, à Metz, se retrouve également en ville, où des sculptures et installations contemporaines égayent le regard, notamment du côté du jardin de l’Esplanade, dont une extrémité est bordée par l’Arsenal, transformé en salle de spectacle au décor sobre et d’une belle acoustique. Dans un autre angle de l’Esplanade, les passants plus attentifs découvriront un buste de Paul Verlaine, né juste à côté, rue Haute Pierre. Sans doute l’enfant-poète a-t-il flâné sur les berges de la Moselle : une promenade accessible permet aujourd’hui de la longer, ouvrant des très beaux points de vue sur la ville. L’histoire ne dit pas, cependant, si le jeune Verlaine avait peur d’y rencontrer le Graoully : demandez-le aux Messins…

Jacques Vernes, juin 2010.

Sur le web, le site de l’Office de Tourisme permet de planifier un séjour et propose des informations régulièrement mises à jour, ainsi qu’une rubrique Tourisme et handicap présentant les (nombreux) aménagements effectués dans les locaux de l’Office, place d’Armes, et l’indispensable guide de Metz « Tourisme et Handicap » en téléchargement.

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