Le département de Seine-et-Marne, l’un des plus étendus de France, occupe la partie Est de la grand couronne d’Île-de-France, région dont il constitue près de la moitié du territoire. Avec ses vastes exploitations agricoles, c’est en quelque sorte le grenier de Paris. La chose saute aux yeux des automobilistes qui empruntent l’autoroute A6 mais masque la réelle diversité des paysages que l’on peut découvrir dans le département et qu’ignore la plupart des Parisiens. Quant aux visiteurs du parc Disney, principal pôle d’attraction de Seine-et-Marne, ils sont encore peu nombreux à s’aventurer au-delà d’un décor très urbain qui ne reflète qu’en partie la réalité alentour.

Autre pôle d’attraction, Fontainebleau constitue une introduction plus authentique aux richesses patrimoniales et naturelles qui attendent le visiteur. Naturelles, parce que son célèbre château est bordé par une forêt parmi les plus célèbres de France (d’ailleurs traversée par l’A6) où des centaines de milliers de citadins vont se réoxygéner tout au long de l’année dès qu’ils en ont la possibilité. On peut s’y promener librement (de nombreux parkings sont disponibles, comportant souvent des places réservées) mais une liste de sentiers aménagés, aisément praticables en fauteuil roulant, est disponible sur demande auprès du CDT ou des Maisons du bornage. L’un d’entre eux permet, par exemple, de découvrir les fameux rochers aux formes fantomatiques dont les amateurs d’escalade font leurs délices. Un autre, moins connu mais tout aussi spectaculaire, s’enfonce le long des drainages rayonnants de la Mare aux Evées, étang d’assainissement creusé au XIXe siècle : un endroit mystérieux et romantique.

Le château de Fontainebleau en lui-même est un incontournable. C’est, sans interruption depuis plus de huit siècles, l’un des hauts-lieux de l’histoire de France : il a vu défiler tous les rois, de Louis VII à Napoléon III. Épargné par les vicissitudes de l’Histoire (seul son mobilier, reconstitué entre-temps, a été dispersé à la Révolution) il est un condensé de styles architecturaux. Ses décors intérieurs, splendides, feraient presque oublier Versailles, à qui il a servi d’inspirateur. Le circuit de visite principal, qui comprend l’appartement du Pape (récemment restauré), les salles Renaissance, la chapelle Saint-Saturnin, les Grands Appartements, la célèbre galerie de Diane et l’Appartement intérieur de Napoléon 1er, est aisément accessible au moyen d’un ascenseur. Les petits appartements de l’Empereur et le musée Napoléon ne sont en revanche visitables qu’au moyen d’un périlleux Scalamobil, que les employés du château sont peu volontaires à utiliser… A l’horizon 2012, l’accessibilité en autonomie devrait être possible grâce à la rénovation du théâtre Impérial. Les parcs, enchanteurs en toute saison, sont de plain-pied et d’accès libre. Stationnement réservé devant la grille d’entrée du château, ou dépose possible en voiture devant l’accueil, en passant par la cour des Mathurins (prévenir).

Jardin-musée Bourdelle à Egreville

Autre jardin extraordinaire, celui constitué par la fille du sculpteur Bourdelle à Egreville, petit village au-milieu des champs. D’abord résidence secondaire, l’agencement de l’endroit est dû au talent de l’architecte d’intérieur (Art-déco) Michel Dufet, qui a remarquablement mis en valeur les bronzes de son auguste beau-père. Légué au Conseil Général de Seine-et-Marne, il a ouvert ses portes au public en 2005. On y découvre désormais, en pleine accessibilité, les oeuvres puissantes d’un artiste dont la figure la plus célèbre est l’Héraclès archer, exposé à l’entrée. Nombre de ces pièces peuvent être touchées (ce qui n’est pas si courant !) et la déambulation dans l’un des rares jardins Art-déco de France est une vraie découverte. Vaste parking à proximité, avec places réservées, guide en grands caractères et braille, plan tactile, prêt de fauteuil et de canne-siège. Attention, une nouvelle campagne de restauration étant annoncée pour les bâtiments, il est prudent de se renseigner au préalable sur la date de réouverture printanière.

La nature, on peut la découvrir d’encore plus près à la Maison des insectes, installée dans les communs d’un château aujourd’hui disparu, à Saint Fargeau Ponthierry. Une manière ludique de s’initier à l’entomologie. Les lieux, et leur très belle verrière Eiffel, hébergent également des artisans et une association, Profil évasion, qui met à disposition des randonneurs un monopousseur (en location, sur réservation), et propose des parcours dans les arbres au moyen d’une « chaise » adaptée. Parking possible au plus près des bâtiments, en franchissant la grille d’entrée. Toutes proches, les promenades en bord de Seine, sur le chemin de halage, sont très agréables quand le beau temps est de la partie !

Des petites bêtes aux grosses : au nord-ouest du département, à côté de Nesles, le Parc des félins s’est donné pour mission de préserver et montrer au public des spécimens, parfois rarissimes, du monde entier. Pas de cage exiguë, ici, mais de vastes enclos arborés où les « matous » se sentent si bien qu’ils s’y reproduisent ! On peut largement passer la journée à la découverte (de plain-pied) des lions, tigres, jaguars, panthères et autres chats sauvages de tous les continents qui s’ébattent parfois à quelques mètres seulement des allées protégées par de hauts grillages. Lesquels n’empêchent nullement les instants mémorables, notamment quand les bestioles, curieuses de nature, viennent observer qui les observe ! Depuis peu, une île aux lémuriens a été aménagée, pour poursuivre l’aventure. Restauration possible sur place, location de fauteuils, toilettes adaptées, boutique, vaste parking avec emplacements réservés au plus près de l’entrée.

Pour les volatiles, rendez-vous à Provins, où la société Vol Libre propose, au pied des célèbres remparts, un spectacle d’inspiration médiévale mettant en vedette aigles, faucons, hiboux et vautours. Le cheval, partenaire élégant de cette fauconnerie équestre, est également à la fête pour « Arkhangaï, les cavaliers des steppes », donné en saison dans un site proche, tout aussi accessible (et avec toilettes adaptées) où des expositions thématiques trouvent leur écrin sous des voûtes mystérieuses qui ont connu les Templiers… Stationnement aisé intra muros, à proximité.

Remparts de Provins

Car Provins est mondialement connue pour ses remparts, miraculeusement préservés, qui donnent à la ville haute des airs de Carcassonne, l’authenticité en plus et les hordes de touristes en moins ! Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site a conservé le bâti aéré qui a été le sien au fil des siècles, avec une nature très présente et d’innombrables constructions médiévales de toute beauté. Capitale économique des comtes de Champagne, ceux-ci y ont développé parmi les foires les plus importantes du Moyen-Âge, où l’Europe rencontrait l’Asie. De cette époque faste demeurent de magnifiques bâtiments, hélas difficiles d’accès, quelques échoppes et un centre ancien très animé où il est agréable de déambuler, même si le pavé omniprésent et les trottoirs étroits nuisent parfois au confort. Une Maison du terroir s’est récemment ouverte à côté de la place du Châtel, où l’on peut découvrir quelques chefs-d’oeuvre artisanaux et gastronomiques. Accès de plain-pied, toilettes adaptées.

Côté ville basse, il ne faut pas quitter Provins sans un détour parfumé par la Roseraie, qui rappelle que la cité a donné son nom à une fameuse rose, rapportée dit-on de croisade au XIIIe siècle. Cette rosa gallica existait sans doute depuis longtemps déjà mais les comtes de Champagne ont en quelque sorte « importé » son utilisation à des fins officinales, d’où le succès des productions provinoises. Créée en 2007 à l’emplacement d’une pépinière dont subsistent de nombreux arbres et arbustes, la Roseraie de Provins présente un véritable florilège (c’est le cas de le dire) des espèces plus anciennes aux plus récentes, des plus simples aux plus élaborées, dont le parfum va du capiteux à l’imperceptible. Le talent du jardinier faisant que la floraison s’étend pratiquement sur toute l’année, on peut y retourner plusieurs fois sans avoir l’impression de visiter le même jardin ! Salon de thé et très jolie terrasse, toilettes adaptées, 1 emplacement de stationnement réservé dans la rue (des Prés) attenante.

Terminons ce survol par une dernière adresse méconnue, à Saint-Cyr-sur-Monin, aux confins nord-ouest du département : le Musée des pays de Seine-et-Marne présente, dans une élégante muséographie contemporaine, un éventail des métiers qui ont fait l’histoire de la région. Outils et techniques y sont clairement exposés, de la menuiserie à la vannerie, en passant par la fabrication des fameux fromages de Brie. On découvre également comment la pierre meulière, si familière sur les façades d’Île de France, fut exploitée ici pendant plusieurs siècles. À l’étage, plus inattendu, un vaste espace est réservé à la vie trépidante (et pas toujours très sage) de Pierre Mac Orlan, qui vécut et mourut dans les parages. Une manière originale de jouir de la Seine-et-Marne !

Jacques Vernes, novembre 2009.

Sur le web, le site officiel Tourisme 77 propose toute les informations utiles sur la destination, dont un agenda des loisirs tenu à jour, une interface de réservation intégrant les critères handicap et une rubrique spécifique Tourisme et handicap très complète. Le département joue à fond la carte du web !


Nos adresses accessibles :

À la sortie de Fontainebleau sur la route de Melun, l’Auberge de la Croix d’Augas propose une carte brasserie traditionnelle et des parts généreuses. Accueil bon-enfant, stationnement réservé devant l’entrée, toilettes accessibles.

Plus raffiné dans son décor et sa gastronomie, le Petit Cornebiche, à Arbonne-la-Forêt, allie les saveurs du terroir aux grand classiques. Accueil personnalisé, parkings à proximité mais toilettes inaccessibles.

Dans le style contemporain, l’Auberge de la Source, à Saint-Ouen-sur-Morin, marie avec talent design et cuisine inventive. Récemment rénovée, elle est parfaitement accessible et devrait à terme proposer des chambres de plain-pied. Stationnement aisé.

À Provins, l’Hostellerie Aux Vieux Remparts est l’une des meilleures adresses de la région. La table est d’une exquise qualité et les chambres, dont trois adaptées, ont été remises au goût du jour. Piscine et spa sont accessibles avec aide. Le luxe, évidemment, a un prix…

Enfin, non loin de Provins, bien moins onéreux et plus convivial, de confortables chambres d’hôte (dont une adaptée) sont disponibles à Villiers-Saint-Georges, chez Brigitte et Emmanuel Morisseau, lesquels pourront en outre vous aider à découvrir un terroir qu’ils connaissent par coeur !

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