Le département de Tarn-et-Garonne fait partie de la région Midi-Pyrénées. Malgré sa faible superficie, il possède une grande diversité de paysages et de reliefs, due principalement au fait qu’il a été créé avec des territoires pris aux départements voisins. Particularité régionale, les gorges du Tarn sont en… Lozère et celles de l’Aveyron… dans le Tarn-et-Garonne ! Toutes ces rivières, cependant, traversent le département. Ainsi le Tarn baigne-t-il les rives de Montauban, la préfecture. La ville natale d’Ingres, de Bourdelle mais également de… Cohn-Bendit a été fondée au Moyen-Âge comme beaucoup de cités de la région. Son centre ancien, qui s’articule autour d’une splendide place à couverts (place Nationale), correspond au tracé d’une bastide, village créé ex nihilo autour d ‘une activité commerciale avec, parfois, l’octroi de certains avantages; on parlerait aujourd’hui de zone franche. La brique domine sur les façades, qui évoque Toulouse, grande soeur toute proche, en plus petit mais aussi en plus homogène : aucune verrue architecturale en centre-ville ! Hormis la flânerie dans l’animation toute méridionale de ses vieilles rues (plates), Montauban mérite le détour pour son célèbre Musée Ingres, installé dans l’ancien palais épiscopal, dont hélas seul le rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant. Un ascenseur donnant accès aux bords de rivière (et à leur immense parking) est installé à côté du musée.

A portée d’autoroute, Montauban peut constituer une étape agréable, mais également un point, assez bien pourvu en hôtels et restaurants accessibles, d’où rayonner sur le reste de la région. En remontant vers le nord-est, par exemple, on peut faire halte à Montricoux où un charmant manoir ayant appartenu à Sully, célèbre ministre d’Henry IV, abrite un musée (de plain-pied) dédié au peintre Marcel Lenoir (1872-1931). Attention, les lieux sont fermés en hiver. Si votre route passe par Caussade, ne manquez pas de vous y arrêter : la survie de l’industrie du chapeau, dont elle était la capitale française, est assurée par quelques fabricants qui y poursuivent leur activité et l’organisation d’Estivales du chapeau.

Autre endroit charmant bien qu’un peu pentu, Saint Antonin Noble Val est une cité médiévale qui a miraculeusement survécu aux aléas de l’histoire. Le site, dominé par les gorges de l’Aveyron, est situé sur l’un des chemins de Saint Jacques de Compostelle. On peut y découvrir, entre autres beautés architecturales, le plus ancien hôtel de ville de France. En sortant du village, ne manquez pas de contempler les splendides panoramas qui se découvrent depuis le roc d’Anglars et le long des gorges. Si vous n’avez pas le temps de pousser aussi loin, faites au moins étape à Bruniquel, autre site superbe sur l’Aveyron, ou à Montpezat de Quercy, ne serait-ce que pour les étonnantes tapisseries flamandes du XVIe siècle qui ornent la basilique Saint-Martin.

Auvillar

Autre but de flânerie, plus à l’ouest : Lauzerte. Avec Bruniquel et Auvillar, la cité est classée parmi les plus beaux villages de France. Y stationner n’est pas simple (à l’instar de la plupart de ces sites) mais y déambuler est un véritable plaisir ! C’est une bastide construite sur une butte qui domine tout le Quercy Blanc et dont le centre ancien a été remarquablement préservé.

Il en va de même, plus au sud, pour Auvillar, qui présente en outre la caractéristique de posséder une place à couverts triangulaire au milieu de laquelle trône une exceptionnelle halle aux grains de forme ronde. Habité dès l’époque romaine, du fait de son emplacement privilégié dominant la Garonne (dont on peut apercevoir un joli panorama depuis la terrasse du château), le village s’est constitué autour d’un castelnau (regroupement de maisons sous la protection d’un seigneur) et d’une sauveté (regroupement de maisons sous la protection de l’Église), deux formes urbaines complémentaires à la bastide. Un petit musée (accessible) présente quelques témoignages de l’histoire locale et d’une production de faïences aujourd’hui disparue.

A quelques kilomètres de là, Moissac déploie les fastes de son sublime cloître roman (de plain-pied), dont on dit à juste titre que c’est le plus beau du monde. Que l’on soit ou non sensible à ces « vieilles pierres », il faut absolument le visiter tant s’y déploie la virtuosité des artistes du Moyen-Âge. Vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle finesse, une telle lumière, un tel silence même, tant l’endroit en impose ! Les degrés du parvis de l’abbatiale se franchissent sans trop de difficultés en fauteuil roulant manuel et la ville, la nuit, ne manque pas de poésie… malgré la ligne de chemin de fer qui la coupe littéralement en deux !

A la frontière entre Quercy et Gascogne, Beaumont de Lomagne abrite, outre la maison natale du fameux mathématicien Fermat, une immense halle de bois, sous et autour de laquelle se tient l’un des marchés les plus réputés de la région. L’occasion de (re)découvrir les produits du terroir, dont l’ail blanc, qui fait tous les étés l’objet d’une fête à lui seul. La ville dispose, par ailleurs, d’une base de loisirs avec gîtes accessibles.

A quelques kilomètres, le hameau de Lachapelle cache comme un trésor le bâtiment (accessible) qui lui a donné son nom, dont la nef est fermée par trois rangées de tribunes superposées en demi-cercle qui donnent au sanctuaire un air de théâtre baroque. Des concerts (gratuits) y sont donnés tous les mois.

Port sur la Baïse à Condom

Vous voilà dans le Gers ! La route, lorsque l’on vient du nord, passe par Lectoure, un nom qui, avec celui de Condom, évoquera quelques souvenirs aux cinéphiles. Entre ces deux villes, La Romieu apparaît comme un mystérieux vaisseau gothique perdu en pleine campagne. Construits au début du XIVe siècle par un riche prélat, la collégiale et le cloître dominent largement les bâtiments alentour. On y accède en s’adressant à l’office de tourisme, situé juste à côté. La sacristie, qui excite la curiosité des amateurs de mystère du monde entier, est ornée de bien étranges figures…

A quelques encablures, la découverte des Jardins de Coursiana (classés Jardin Remarquable par le Ministère de la Culture) complètera agréablement la visite : parking aisé, possibilité de pique-niquer, jeux pour enfants.

Les enfants (petits et grands) seront également à la fête à Béraut, à une dizaine de kilomètres de La Romieu, où un vaste musée d’art naïf, perdu en pleine campagne (mais bien signalé), regroupe des artistes du monde entier. Les lieux sont parfaitement accessibles et on peut s’y restaurer. De quoi largement remplir une demi-journée.

A proximité de Condom, on qualifie Larressingle de « petite Carcassonne du Gers ». Ce n’est pas faux mais c’est injuste car, au contraire de sa grande soeur, très restaurée au XIXe siècle, la minuscule cité fortifiée est réellement du XIIIe siècle ! Très touristique en été mais heureusement interdit à la circulation automobile (parking aisé à proximité), le site vaut surtout pour la vue, superbe, qui devient carrément magique la nuit. La déambulation dans ses (petites) rues est agréable, bien que rapide. Autre cité étonnante à proximité de Condom, où l’on peut faire un petit tour (au propre comme au figuré), Fourcès a la particularité d’être la seule bastide du département dont le plan soit circulaire. Construit autour d’un château remplacé aujourd’hui par une belle place ombragée, le village serait un vrai bijou si ses vénérables arcades ne servaient pas au stationnement automobile, rendant difficile la circulation des visiteurs, surtout en fauteuil roulant…

Plus au sud, Éauze se proclame « capitale de l’Armagnac ». Outre le fameux alcool, c’est en effet l’endroit idéal pour découvrir le Floc de Gascogne (apéritif à base d’Armagnac et de jus de raisin). De l’antique Elusa, capitale de la province romaine de Novempopulanie, il ne demeure pas grand chose sinon un musée archéologique (accessible) où est exposé un époustouflant trésor romain trouvé en 1985 dans les environs et qui comprend plus de 20.000 pièces de monnaie, des bijoux et objets précieux. Pour mieux appréhender la richesse de cette période, on pourra utilement visiter la villa gallo-romaine de Séviac, située entre Éauze et Fourcès. L’endroit, très évocateur surtout en visite guidée, permet de contempler in situ d’extraordinaires mosaïques et se faire une idée du mode de vie très luxueux des propriétaires. L’accessibilité est correcte, nécessitant parfois une aide ponctuelle.

Encore plus au sud, la « route des Bastides et des Castelnaux » permet de découvrir de nombreux villages, plus charmants les uns que les autres, qui font tout le charme du Gers : clocher tors à Barran, porte de ville fortifiée à Montesquiou, immense halle et donjon colossal à Bassoues (on prononce bassousse), vaste place à couverts et festival de jazz mondialement célèbre à Marciac, où un petit musée (partiellement accessible) retrace l’histoire du genre. On pourra être tenté de se rendre à Lupiac, village natal du célèbre d’Artagnan (de son vrai nom Charles de Batz Castelmore), pour visiter le petit musée qui lui est consacré, mais il faut savoir que seule la salle du bas (qui présente, entre autres, un intéressant documentaire sur le personnage) est accessible en fauteuil roulant.

Auch

D’Artagnan, on le retrouve à Auch, la préfecture, statufié en bronze au milieu des grands escaliers qui relient la ville haute à la rivière Gers. Laquelle partage la cité entre « Haute-ville » médiévale et « Basse-ville » plus récente. Les deux sont reliées par des pousterles, rues étroites en escaliers, parfois vertigineuses, qui feront évidemment préférer la voiture à toute personne handicapée motrice ! Outre la déambulation dans une zone piétonne particulièrement agréable, il ne faut pas quitter la Haute-ville sans visiter la cathédrale. Construite du XVe au XVIIe siècle, elle est célèbre pour ses merveilleux vitraux Renaissance et, dans le choeur, la centaine de stalles en chêne représentant une infinité de personnages, du plus sérieux au plus grotesque. Cerise(s) sur le gâteau : deux élévateurs fauteuil ont été installés récemment pour accéder à l’édifice. Celui du transept sud présente en outre le raffinement suprême d’être lui-même pourvu d’une commande sculptée dans l’esprit médiéval !

Côté Basse-ville, les bords de Gers ont été aménagés en une très plaisante promenade contemporaine, de plain-pied, ponctuée de ponts fleuris : le pays de d’Artagnan est également celui d’un certain art de vivre bien de notre époque…

Jacques Vernes, septembre 2007.


Sur le web : le Conseil Général du Gers présente sur son site les sites labellisés Tourisme et Handicap ainsi que des informations grand public. Pour des informations généralistes, surfez sur Tourisme Gers. Informations générales également sur le site Tourisme 82, qui comporte quelques mentions d’accessibilité.

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