Bientôt accessible par le T.G.V, Reims se refait actuellement une beauté. Beautés dont la capitale champenoise ne manque pas, au premier rang desquelles une cathédrale sur lequel veille le sourire le plus célèbre de toute la statuaire médiévale. Construite au XIIIe siècle, c’est l’une des réalisations majeures de l’art gothique en France, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle était, sous l’Ancien Régime, le lieu du sacre des rois de France : une première cathédrale, édifiée au Ve siècle sur d’anciens thermes gallo-romains, avait en effet accueilli le baptême de Clovis (498) par l’archevêque Saint Remi (Remigius, orthographié à tort Rémi, que les Rémois prononcent Reumi). En 816, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux, choisit Reims pour être sacré empereur. La puissance politique des archevêques aboutit, au début du XIe siècle, à y fixer définitivement le lieu du sacre. Que l’on soit ou non croyant, ou même intéressé ou pas par ce type d’architecture, c’est un édifice merveilleux auquel il faut absolument consacrer une visite.

A commencer par les extérieurs et leurs envolées de sculptures (cherchez l’ange !), dont le calcaire blanc renvoie aussi bien la lumière du jour que celle, la nuit, des projecteurs. Et si vous avez la chance de vous y trouver au coucher du soleil, vous verrez le bâtiment s’embraser littéralement de reflets dorés. Quant à l’intérieur, accessible en fauteuil roulant depuis le portail nord (envoyez un valide à l’accueil pour vous faire ouvrir la porte), il témoigne à la fois de la richesse ornementale dévolue aux sacres, de l’évolution de l’art du vitrail (du XIIIe siècle à Chagall), et des ravages survenus lors du bombardement (délibéré) de l’édifice par les Allemands en 1914. La « cathédrale martyr », dont la toiture de plomb avait fondu, entraînant la chute de la voûte, fut restaurée par l’architecte Rémois Henri Deneux qui remplaça la charpente de chêne par une structure révolutionnaire en ciment armé. Le chantier, débuté en 1919, n’est toujours pas achevé. Des éléments de gargouilles vomissant du plomb figé, témoignages saisissants de l’incendie, sont exposés au Palais du Tau attenant (hélas inaccessible). Plus excentrée, la basilique Saint Remi est un beau vaisseau (accessible par son portail sud) des XIe et XIIe siècles qui a également eu à souffrir des vicissitudes de l’Histoire.

Reims, détruite à 80% durant la Première Guerre Mondiale, et reconstruite d’une façon assez disparate, put compter sur la générosité de mécènes Américains, notamment les familles Rockefeller et Carnegie. C’est à cette dernière que l’on doit un petit bijou de l’Art Déco posé non loin du chevet de la cathédrale : la Bibliothèque Carnegie. Vasques de Sèvres, mosaïques précieuses, lustre monumental, verrières cravates, marbres à la byzantine, l’endroit est ouvert au public et on y accède aisément grâce à un élévateur fauteuil placé à droite de l’entrée. Peu visitée, car en-dehors des itinéraires touristiques, cette délicate construction récemment restaurée est une véritable rareté. L’Art Déco règne d’ailleurs en maître dans une grande partie de la ville et il n’est que de lever les yeux pour le découvrir sur les façades, notamment autour de l’emblématique Place Drouet d’Erlon, qui est le coeur battant de la cité, ou de l’Opéra (Grand Théâtre, accessible). La circulation piétonnière est aisée dans ces quartiers et les stationnements réservés, nombreux et gratuits, sont généralement respectés.

Egalement à l’écart des circuits touristiques, l’ancien collège des Jésuites, fier bâtiment du XVIIe siècle, est en pleine restructuration; un planétarium et des espaces d’exposition (accessibles) y ont été aménagés. Ne manquez pas, dans la cour qui s’ouvre à gauche du porche d’entrée, une treille vieille de 300 ans, pieusement entretenue. Beaucoup plus ancienne, place de la République, la Porte de Mars, qui fut en son temps le plus grand arc de triomphe du monde romain (IIIe siècle), rappelle que Reims fut une ville puissante à une époque où Lutèce n’était qu’un bourg sans importance… Les amateurs d’antiquités pourront également se promener du côté du cryptoportique, place du Forum. Quant aux amoureux de voitures anciennes, autres antiquités, ils seront servis au Musée Automobile Reims Champagne (hangar de plain-pied), qui rend également hommage à l’Art Déco en mettant en vedette un certain nombre de véhicules rares et de prototypes du carrossier Rémois Philippe Charbonneaux.

Vignoble de la Montagne de Reims. Photo Jolyot.

Et le champagne ? Difficile, ici, de faire l’impasse sur ce roi des nectars créé au XVIIe siècle par le fameux moine bénédictin Dom Pérignon ! Un « jus » savamment élaboré dont se saisiront presque immédiatement de grands négociants dont le nom subsiste encore aujourd’hui : Ruinart, Heidsieck, Moët, puis à partir du XIXe siècle Perriet-Jouët, Bollinger, Mumm, Pommery, Perrier, la célèbre Veuve Clicquot, tous (et beaucoup d’autres) propriété de grands groupes industriels ou de fonds de pension, souvent étrangers, et réunis en Comité Interprofessionnel des vins de Champagne (C.I.V.C). La plupart de ces « Grandes Maisons » sont ouvertes à la visite et à la dégustation (généralement payantes), certaines présentent une accessibilité correcte pour les personnes handicapées motrices : Mumm à Reims, Mercier à Épernay, par exemple, avec une préférence pour cette dernière, où l’accueil est mieux étudié (train électrique accessible).

Mais les plus « aventureux » seront aussi les mieux servis, qui se rendront, par la Route Touristique du Champagne, chez les petits producteurs. Ne le répétez pas : le vin y est meilleur et moins cher ! Entièrement balisé, cet itinéraire sillonne vignes et villages dans un paysage de carte postale qui change au gré des saisons.

Et il n’est guère besoin d’aller bien loin : entre Reims et Épernay, la Montagne de Reims abrite un terroir plein de surprises. A commencer par le seul phare au monde situé au beau milieu des terres : celui de Verzenay, qui abrite un musée de la vigne résolument contemporain et parfaitement accessible (sauf le phare lui-même, où l’on ne monte pas) d’où l’on pourra ensuite rayonner à la découverte des différents crus de Champagne. On pourra même vous y renseigner sur l’accessibilité des caves alentour.

Soldats sculptés à l'ossuaire de Navarin.

La Marne propose également un certain nombre d’itinéraires plus « sérieux » autour du tourisme dit « de mémoire » : la région a en effet été le théâtre d’affrontements sanguinaires durant la Première Guerre Mondiale, dont elle porte encore les stigmates. Nombre de Français ont au moins un ancêtre qui a pris part au conflit, y a été blessé parfois, y est mort souvent. La visite de champs de bataille, monuments commémoratifs et cimetières militaires n’est certes pas anodine mais elle peut être apaisante et, plus sûrement, participer à une meilleure compréhension du cadre des combats par des générations qui n’ont, pour la plupart, jamais connu la guerre que par ouï-dire. Une simple visite au mémorial de Dormans (accessible directement en voiture par le haut) pourra donner une idée de l’ampleur de la tragédie. Un petit musée y expose, en outre, quelques témoignages simples et bouleversants de la réalité quotidienne de l’époque.

On pourra également suivre l’itinéraire intitulé « Sur les pas des armées de Champagne« , qui constitue un véritable pèlerinage sur la trace des belligérants, qu’ils soient Français, Allemands, Alliés, et même Russes, comme en témoigne l’émouvante chapelle orthodoxe de Saint-Hilaire le Grand. Mais les lieux de mémoire les plus symboliques du conflit demeurent sans doute les villages détruits, inclus désormais dans le camp militaire de Suippes et ouverts à la visite une fois seulement tous les deux ans, à l’occasion des Journées du patrimoine. De ces bourgs, anéantis par la folie des hommes, ne subsistent que quelques pans de murs, et un nom, accolé à celui des villages alentour qui ont subsisté : Les Hurlus, Ripont, Tahure…

« Plus jamais ça », « Maudite soit la guerre », s’écriait-on après l’armistice ! La génération suivante eut hélas à endurer un nouveau conflit qui, bien qu’il éprouvât moins la région, n’y fit pas moins de nombreuses victimes. On le sait peu, mais l’un des trois actes de reddition de l’armée allemande, en 1945, fut signé à Reims le 7 mai (et non le 8, qui est pourtant universellement commémoré) dans une salle du Collège Moderne et Technique où était installé le Quartier Général d’Eisenhower, transformée depuis en Musée, accessible avec aide (rampe forte).

Fau de Verzy. Photo CCVMR.Les enfants manifestent ? Traversez la forêt de Verzy, suivez la piste des gauillots, elle vous conduira vers d'étonnants hêtres tortillards qu'on croirait tout droit sortis d'un conte fantastique et qu'on appelle des faux. Les scientifiques ne s'accordent toujours pas sur leur origine : mutation génétique, particularité des sols... Demandez aux gauillots si vous en croisez : ils ont leur petite idée, même si c'est surtout aux oreilles des bambins qu'ils la chuchotent... En franchissant le Canal de l'Aisne à la Marne, les familles pourront en outre passer une belle journée de détente au Parc nature de Sept-Saulx dont les multiples activités sont accessibles : randonnée en barque dans les canaux de la tourbière, aire de jeux, camp des chercheurs d'or, labyrinthe, île aux bambous, aux fleurs... Il y a même une guinguette ! Et si ça ne suffit pas, rendez-vous à Cumières pour embarquer sur le "Champagne Vallée" : un air de Mississipi sur la Marne et une ambiance bonne enfant. On peut également y déjeuner ou y dîner. Au Champagne, évidemment...

Les enfants manifestent ? Traversez la forêt de Verzy, suivez la piste des gauillots, elle vous conduira vers d’étonnants hêtres tortillards qu’on croirait tout droit sortis d’un conte fantastique et qu’on appelle des faux. Les scientifiques ne s’accordent toujours pas sur leur origine : mutation génétique, particularité des sols… Demandez aux gauillots si vous en croisez : ils ont leur petite idée, même si c’est surtout aux oreilles des bambins qu’ils la chuchotent… En franchissant le Canal de l’Aisne à la Marne, les familles pourront en outre passer une belle journée de détente au Parc nature de Sept-Saulx dont les multiples activités sont accessibles : randonnée en barque dans les canaux de la tourbière, aire de jeux, camp des chercheurs d’or, labyrinthe, île aux bambous, aux fleurs… Il y a même une guinguette ! Et si ça ne suffit pas, rendez-vous à Cumières pour embarquer sur le « Champagne Vallée » : un air de Mississipi sur la Marne et une ambiance bonne enfant. On peut également y déjeuner ou y dîner. Au champagne, évidemment…

Jacques Vernes, mai 2006.

Partagez !