Le Comité Départemental du Tourisme de l’Hérault mène depuis plusieurs années, sous la houlette de Louis Villaret, une politique volontariste de mise en accessibilité (et de suivi) des sites du département aux personnes handicapées. Le label Tourisme et Handicap y fait ainsi l’objet d’une réelle implication des différents acteurs locaux. On connaît surtout l’Hérault par ses plages, dont la première Audioplage d’Europe, « ouverte » à Balaruc les Bains à destination des aveugles et malvoyants par l’Association Cap Horizon. D’autres plages sont équipées de cheminements et de Tiralo. Inconvénient : elles sont bondées en été et leurs équipements ne sont disponibles que lors des jours et heures d’ouverture des postes de secours durant les mois de juillet et août. Pour échapper à la foule et ne pas bronzer idiot(e), à fleur de rivage et ouvert toute l’année, le paisible Musée de l’Étang de Thau (Quai du port de pêche à Bouzigues) propose depuis 1991 une collection consacrée à la vie des pêcheurs. Histoire de mettre des visages et des techniques sur les huîtres et les moules de Méditerranée qui arrivent parfois sur nos tables. Les lieux sont parfaitement accessibles aux fauteuils et les vitrines, à bonne hauteur, habilement conçues pour un public familial. On regrettera simplement que la splendide terrasse qui s’étale devant le musée et ses eaux calmes ne soit pas mieux exploitée…

Deuxième ville emblématique de l’Hérault après Montpellier, Sète a conservé un caractère portuaire « authentique » d’autant plus remarquable que les grandes concentrations balnéaires ne sont qu’à quelques kilomètres. Et si la cité qui vit naître Georges Brassens a encore des progrès à faire en termes d’accessibilité de sa voirie, son célèbre Musée International des Arts Modestes (Miam, Quai Delattre de Tassigny), vous est en revanche largement ouvert. Créé à l’instigation du plasticien contemporain « ludique » Hervé Di Rosa, ce lieu unique en son genre replonge littéralement le visiteur dans l’univers de son enfance : rien ne manque, des boîtes de Vache qui rit aux modèles réduits, poupées Barbie et autres cadeaux Bonux dans un bric à brac aussi joyeux que lumineux ! Des expositions temporaires sont également proposées sur des thèmes variés qui vont d’Elvis Presley au Mexique en passant par les poupées marocaines ou les Indiens du Panama.

Oubliez le Cimetière Marin (inaccessible, et l’ami Georges, contrairement à ses voeux, n’y est pas enterré) et préférez-lui une flânerie « iodée » sur les quais ou sous les platanes, à l’écoute des habitants qui s’interpellent avec un accent méridional non encore galvaudé par la caricature. Sachez, en cas de fringale, que le restaurant l’Oranger, place de la Mairie, est l’un des rares établissements de ce type labellisé handicap moteur, visuel et mental. L’accueil y est chaleureux. Places de parking réservé à proximité.

Quittons le littoral. Aux longues étendues de sable, lagunes et étangs, succède le relief vallonné, presque tourmenté, des contreforts du Massif Central. Petit détour par Loupian, dont le site archéologique a été rendu accessible aux fauteuils roulants, ce qui n’est pas si courant. Le lieu, coincé au nord de Sète entre l’A9 et la nationale 113, qui suit l’antique Voie Domitienne, mérite pourtant qu’on s’y attarde : il s’agit d’une villa romaine occupée pendant 600 ans, dont le sol, partiellement préservé, est couvert de mosaïques polychromes richement décorées. Deux « écoles » s’y sont employées : les artisans syriens ont créé des motifs géométriques ou fleuris, les gaulois ont dessiné des personnes, des animaux et des scènes de genre. Un petit musée attenant explique le fonctionnement de ce qui fut une importante exploitation agricole et vinicole. Les ruines elles- mêmes, assez hautes pour stimuler l’imagination, ont été protégées par une structure de bois aux armatures d’acier de facture très contemporaine. On y circule aisément sur une passerelle (accès par rampe en pente douce avec paliers) dominant tout le site. Les visites sont guidées mais le petit nombre de visiteurs les transforme, surtout hors- saison, en « tour du propriétaire » avec la complicité d’un personnel aussi passionné que compétent. Parking aisé et vue imprenable sur le bassin de Thau.

En empruntant la D15 vers le nord, en direction de Clermont l’Hérault, une halte à Cabrières s’impose. A l’entrée du village, enchâssé dans une jolie vallée, il ne faut pas hésiter à s’aventurer sur le chemin pierreux qui conduit à la mine Pioch Farrus. D’abord parce qu’il est peu commun que de tels endroits soient pleinement accessibles, ensuite parce qu’à l’instar du Musée de Loupian on vous y accueille comme un membre de la famille. Cette ancienne mine de cuivre, exploitée depuis la préhistoire, offre un parcours aisé sur 200 mètres de ses galeries dans une atmosphère mystérieuse qui fleure bon son antre au trésor. On comprend mieux l’évolution des techniques d’extraction du minérai en se faisant présenter les différentes époques de l’exploitation. Et puis les 15° qui y règnent toute l’année peuvent s’avérer fort agréables selon la saison.

Toujours à Cabrières, les amateurs de Clairette pourront faire halte au Caveau Muséographique de l’Estabel, labellisé tous handicaps… sauf visuel. Nul doute, cependant, que les oenophiles aveugles sauront apprécier les nectars du cru au même titre que les autres ! Parking aisé et accueil réellement attentionné. A proximité, les amateurs de loisirs aquatiques en eau douce iront au splendide lac du Salagou, dont les rives ont été récemment aménagées pour permettre une meilleure accessibilité aux fauteuils roulants. La base de loisirs pourrait prochainement proposer des activités nautiques adaptées aux personnes handicapées motrices, ce qui aurait déjà été fait si la Fédération Française Handisport avait répondu favorablement à la demande des élus locaux…

La D908, qui serpente vers la station thermale de Lamalou les bains (rhumatologie, neurologie, traumatologie : l’endroit est nécessairement très accessible !), traverse le village d’Hérépian. Il faut bien avouer que le triste panonceau indiquant le Musée de la Cloche et de la Sonnaille n’engage guère à y faire halte. Et pourtant cet « Espace Campanaire André Malraux » est un modèle d’accessibilité labellisé tous handicaps. Le soin apporté à la muséographie et à son adaptation, notamment aux déficients visuels (main courante, parcours podo- tactile, guidage audio, plans reliefs et Braille) étonne dans un endroit aussi éloigné des pôles touristiques. On ne saurait trop en recommander la visite aux architectes muséographes et autres aménageurs d’espaces recevant du public ! Lequel pourra se délecter à l’envi de formes et de sons en toute liberté, et même assister, s’il a la chance de s’y trouver au bon moment, à la naissance d’une cloche dans la fonderie attenante. Un « passage des clochetons » offre en outre aux enfants (et à ceux qui ont su le rester) des légendes sur ce sujet d’une richesse sonore étourdissante. Et on est même invité à faire tinter sonnailles, clarines et cloches !

Outre la trentaine de sites labellisés Tourisme et Handicap, l’Office du Tourisme de l’Hérault dispose d’un annuaire de 150 lieux touristiques, services, activités et hébergements accessibles. Ces sites ont été visités, les informations sont précises. Pionnier dans le domaine de l’accès aux vacances et aux loisirs, l’Hérault constitue également une destination de court séjour, le temps d’un week-end par exemple…

Laurent Lejard, octobre 2004.


Plus d’informations sur le site internet du C.D.T et auprès de la Maison du Tourisme, avenue des Moulins 34184 Montpellier cedex 4. Tél. 04 67 67 71 71, fax 04 67 67 71 77.

Partagez !