En 52 avant J-C, Vercingétorix déposa ses armes sur les pieds de Jules César dans un grand « Clang! » (cf « Les aventures d’Astèrix le Gaulois »). Vous la verrez sur la célèbre Place de Jaude à Clermont-Ferrand. Ce grand chef fédérateur des Gaulois connut la victoire à Gergovie et la défaite à Alésia: revenons sur ses pas… Le plateau de Gergovie est situé à quelques kilomètres au sud de Clermont-Ferrand (Puy de Dôme). Aujourd’hui dépouillé, presque vide, il était cerné d’un rempart de pierres sèches renforcées de poutres en bois entrecroisées et solidarisées par des fiches de fer. Son élévation et ses fortifications le rendaient imprenable. C’est un lieu puissant, évocateur, au sol herbu parsemé de pierres volcaniques rougeâtres, comme teintées à perpétuité du sang des combattants qui s’y affrontèrent. Seuls ces tas de pierres apprennent aux archéologues qu’il y avait ici une ville, des constructions, des habitants. Ce fut le lieu de la dernière grande victoire des Gaulois, toutes peuplades unies et rassemblées, contre l’envahisseur romain conduit par Jules César. Pour les précisions historiques, nous vous laissons le choix entre une Histoire de France (Duby ou Michelet)… ou Astérix le Gaulois (Goscinny-Uderzo).

Plateau de Gergovie

On parvient au plateau en voiture ; il est d’accès libre, la promenade y est aisée pour tout le monde. En partie abîmé par un estaminet et un monument commémoratif hideux en forme de tire-bouchon, il offre un bien beau panorama sur Clermont-Ferrand et la chaîne des Puys. Les personnes en fauteuil roulant auront des difficultés à circuler seules dans les chemins de traverse, mais avec l’aide d’un accompagnateur (et d’un engin solide), la visite est possible presque partout. Pour accéder à la Maison de Gergovie, elles devront suivre le chemin empierré situé à gauche du bâtiment. Les salles de ce musée didactique sont visitables aisément. En quittant le site, vous traverserez le village de Gergovie, bâti sur les flancs du plateau. On y fait un vin rouge bien agréable, à préférer de loin aux autres crus des Côtes d’Auvergne…

Plateau d'Alesia

Le plateau d’Alésia est, quant à lui, situé près des sources de la Seine, à une soixantaine de kilomètres au nord ouest de Dijon (Côte d’Or). La localisation de cette cité mythique n’est plus guère contestée aujourd’hui que par quelques jurassiens têtus. C’est ici que prit fin l’époque de l’indépendance gauloise, dans une guérilla qui rassembla les tribus et généra un sentiment national. Au terme d’un long siège, les gaulois se rendirent à l’envahisseur. Les lieux font toujours l’objet de fouilles. Ils comportent des habitations, ateliers de bronziers, basilique, forum, théâtre, thermes, en bref tout le standard de la ville gallo-romaine. On y trouve quelques restes de voies romaines ainsi que des puits profonds. Il est géré par une association archéologique, sans soutien de l’Etat et des Collectivités Locales. Peu d’objets originaux sont restés dans le musée voisin d’Alise Sainte-Reine. Cette sainte fut martyrisée au IIIe siècle par le général romain Olibrius et fit longtemps l’objet d’un culte avec source sacrée et pèlerinage. Le site archéologique est accessible avec aide (entrée payante). Certains passages sont toutefois délicats. Le tertre central, duquel on a une vue panoramique du site, comporte des escaliers étroits.

Insolite : un camp de romains germains près d’Alésia ! Il y a peu de chances que vous connaissiez Venarey les Laumes. Les cheminots savent qu’il s’y trouve un important établissement ferroviaire. Pourtant, ce bourg de la Côte d’Or situé à quelques kilomètres d’Alésia s’est réveillé un jour au son des buccins romains. Une cohorte de légionnaires avait pris possession du stade municipal pour une reconstitution d’époque. Une trentaine d’hommes, provenant pour la plupart de Germanie, avaient établi leur campement entre le gymnase et la tribune du terrain de football…

Des légionnaires romains à Venarey les Laumes

Chaque soldat posa sa sarcina (baluchon contenant les affaires personnelles) pour se désaltérer en buvant l’eau de son ollula (gourde). Chacun plaça son pilum (javelot) à angle droit du scutum (bouclier) appuyé au sol, la galea (casque) posée sur l’arrête du bouclier et traversée par le javelot. Ils dressèrent leurs tabernaculi (tentes) faites de pièces de cuir cousues et soutenues par une armature en bois. Rien ne manquait, des objets usuels au lit de camp au carré, des armes en vrai métal, des boucliers briqués de frais, des pilums et des casques rutilants… Après avoir terminé leur installation, ils se mirent à pratiquer le maniement d’armes au son des cuivres, recevant des ordres en latin, pour des manoeuvres compliquées. On remarquait quelques différences dans l’équipement de la troupe. Les légionnaires portaient une tunique rouge serrée à la taille par une ceinture, le torse et le dos couverts d’une cuirasse faite de plaques de métal liées; leur bas ventre était protégé par des lanières qui pendaient de la ceinture (cinctum), leurs pieds chaussés de sandales à clous (caligae). Les mercenaires revêtaient une côte de mailles sur leur tunique verte. Après voir arpenté la pelouse dans tous les sens, ils mirent alors glaive au clair et chargèrent la foule des curieux touristes. Pas un n’a réchappé. Une manière très romaine de célébrer le 2050e anniversaire du siège d’Alésia… Ça se passe comme ça à Venarey les Laumes !

Controverses et Curiosités… Emile Mourey, « officier en retraite », se demande où se trouvent les vrais sites de Gergovie et d’AlésiaL’Institut Vitruve ne répond pas catégoriquement à ces interrogations mais il propose des dossiers très documentés. Une biographie de Vercingétorix est disponible en suivant ce lien. Quant aux légions romaines online, elles sont… légions ! Les Américains se rassemblent par ici, les Français manoeuvrent par là… Sachez enfin qu’Alésia est aussi un éditeur danois de logiciels, un groupe de hard-rock belge, une ligne de poupées américaines, une école primaire célèbre (celle du Physicien Georges Charpak), une voiture de sport…

Jacques Vernes, novembre 2001.

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