Les retardataires pouront commencer du début en suivant ce lien avant de nous suivre pour cette excursion sur le Bosphore… Lesquelles commencent à la gare maritime de Sirkeci-Eminönü, où les bateaux sont généralement accessibles avec aide…

De la mer de Marmara, nous découvrons le Palais maritime de Boucoléon, Empereur de Byzance. Au fil des siècles, la terre a gagné quelques dizaines de mètres et les murailles ne sont plus baignées par la mer ; les constructions sauvages les ont envahies. Le palais est situé près du port de Kumkapi, au large duquel les navires de commerce attendent le soir pour passer le détroit du Bosphore. Vous trouverez ici des restaurants de poisson, qu’on vous présente sur un grand plateau, pour que vous choisissiez celui que vous voulez manger. Un délice pour les yeux et le ventre !

Nous traversons Istanbul, face à la tour de Galata (Galata Kulesi) ; construite par les génois au XIVe siècle, elle abrite maintenant un restaurant boîte de nuit, et est visitable mais non accessible en fauteuil roulant. Derrière elle s’étend l’ancien quartier européen de Péra traversé par l’avenue Istiklal (indépendance) qui monte au gré d’un tramway brinquebalant jusqu’à Taksim. C’est un lieu de vie nocturne trépidant, avec ses étals et autres « gazinos » (bars de nuit et night- clubs) ; les stambouliotes s’y retrouvent et s’y amusent au son d’une musique endiablée à vous faire danser assis ! Ici, peu de moustaches ou de barbes, on sert de l’alcool et de la bière, et les femmes sont bienvenues ; « l’ordre » islamiste est absent et c’est tant mieux !

Nous revoici sur le bateau, en route vers la Mer Noire. Le Bosphore est un détroit mythique ; lieu de rencontres pour Aziyadé et Pierre Loti, il a inspiré les romantiques dans leurs fantasmes orientaux. Ses eaux vertes furent très convoitées et sont encore un enjeu stratégique : c’est le seul passage maritime pour l’exportation du pétrole extrait en Russie centrale. Les rives sont parsemées de constructions en bois tantôt maisons tantôt palais, les yalis. Ils étaient à l’origine tous peints en rouge. Certains sont même construits sur pilotis. Yali provient du grec yialos, rivage marin, et on comprend pourquoi ces maisons sont bâties pour être vues de la mer. On peine à imaginer la splendeur et le luxe de ces palais maritimes, au charme suranné, semblant parfois sortir d’un conte des Mille et une nuits. Le détroit du Bosphore est parcouru de courants forts et contradictoires ; la navigation y est délicate du fait du nombre élevé de navires qui le traversent, de son étroitesse qui varie de trois kilomètres à 750 mètres et d’un brouillard parfois épais. Il arrive d’ailleurs de temps en temps qu’un pétrolier finisse sa course dans un yali !

Nous sommes de retour dans Istanbul, face à la plus grande mosquée de la ville, la Süleymaniye construite par l’architecte Sinan pour son maître Soliman le Magnifique. La mosquée est un lieu de prière mais aussi d’éducation, de soins et de charité. Elle prend après la chute de Constantinople la forme d’un cube surmontée d’une coupole centrale, qui est la forme de l’église byzantine ; elle est encadrée de minarets au sommet desquels le muezzin appelait à la prière (il est maintenant remplacé par des hauts parleurs, tout se perd !). Toutes ne sont pas gigantesques, parmi les sept cents mosquées que compte l’agglomération stambouliote, telle celle d’Ortaköy. Elle est située près du Pont du Bosphore (Bogaziçi köprüsü) qui vous conduit en Asie ; il est à péage, dans ce sens uniquement. Un tunnel derait être percé d’ici quelques années pour doubler ce pont fréquemment embouteillé.

Terminons notre excursion par la Corne d’Or dans la brume d’une journée d’hiver, telle qu’on peut la voir depuis la tour de Galata ; un grand merci au soleil couchant pour ce somptueux cadeau !

Jacques Vernes, février 2001.

Istanbul, Corne d'Or.

Autres sites remarquables… et accessibles :

Saint-Sauveur in Chora (Kahriye Camii) est une petite église proche des murailles terrestres et de la Corne d’Or, ornée de mosaïques à fond d’or du XIVe siècle ; celles- ci content les vies du Christ et de la Vierge. Les parois sont couvertes de marbres précieux, à l’égal de Sainte- Sophie. Une splendeur unique !

Une visite au Grand Bazar (Kapili Carsi) risque de vider votre compte en banque mais vous pouvez vous contenter de flâner dans le plus grand marché couvert d’Europe, bâti au XVe siècle…

L’Opéra d’Istanbul (Atatürk Kültür Merkesi) place Taksim : il peut paraître surprenant de trouver ici une scène lyrique qui présente le « grand répertoire » ; c’est oublier que la Turquie nous a donné la grande soprano Leyla Gencer. Les tarifs y sont tout à fait raisonnables.


Quelques conseils que vous ne trouverez pas dans les guides :

Le service n’est généralement jamais compris ; il est d’usage que le touriste laisse environ 10% de pourboire dans les cafés, restaurants, taxis… mais les stambouliotes sont bien moins généreux. Si vous payez au restaurant par carte de crédit, il est fréquent que le commerçant rajoute 5% de frais à la note. Les distributeurs de billets sont nombreux, et la plupart parlent anglais et parfois français mais la présence d’un panonceau mentionnant votre carte internationale ne veut pas dire que vous réussirez à retirer de l’argent. En cas d’échec, n’insistez pas et essayez un autre distributeur.

Les « solliciteurs » sont innombrables : rabatteurs des marchands de tapis qui ont tous un cousin dans votre ville, cireurs de chaussures, vendeurs de cartes postales… Pour vous débarrasser de ceux qui insistent, faites avec la main le geste de les repousser, sans les toucher, mais en les regardant fermement (c’est ainsi que procèdent les turcs eux- mêmes).

Le taxi est un moyen commode et économique pour se déplacer sur de courtes distances ; munissez- vous de monnaie, les chauffeurs feignant fréquemment de ne pas en avoir. Il existe aussi un système de taxi collectif pour les longs trajets, le Dolmus ; c’est un fourgon à huit places qui effectue un trajet précis, et vous payez un prix qui est fonction de votre lieu de destination. Taksim semble être leur point de départ vers l’Asie.

Vous êtes en terre d’islam, et les personnes handicapées y sont traitées sur un pied d’égalité ; par devoir envers les faibles, le musulman respectueux des préceptes du Coran vous saluera et vous apportera son aide. Vous pouvez vous attendre, comme nous le racontait un touriste paraplégique, à être littéralement arraché de votre fauteuil roulant pour être porté afin de franchir un escalier.

Durant le Ramadan, vous ne subirez aucune contrainte particulière sauf des heures de visites réduites pour les mosquées, et un réveil très matinal si vous ne dormez pas avec des bouchons d’oreilles : la prière de cinq heures appelée par les hauts parleurs des mosquées est précédée une heure plus tôt par des tambours qui parcourent les rues pour réveiller les habitants afin qu’ils aient le temps de manger avant le jeûne…

Sur le Net :

Parmi les très nombreux sites Internet consacrés à Istanbul et à la Turquie, nous vous recommandons les suivants qui sont, à l’image de la ville, plutôt brouillons mais riches en informations pratiques et documentaires:
http://www.istanbulguide.net/alt.htm
http://www.chez.com/filoche/
http://perso.wanadoo.fr/st-francois.de.sales/istanindex.htm
Des dessins et citations d’auteurs sur Istanbul sont disponibles à cette adresse. A cette autre url, un « fan » site consacré à la Turquie en général. Pour celles et ceux qui lisent le Turc, le site officiel de la ville d’Istanbul et le portail istanbul.com (versions partielles en anglais).

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