Je me promène souvent sur la jetée. Je vais à l’endroit le plus exposé au vent. Je m’accroche à la rambarde pour me lever, ainsi appuyé sur cette dernière, je tiens debout. Ensuite je ferme les yeux, pour mieux sentir le vent, j’inspire longuement, très profondément, je garde cet air venu de l’océan dans mes poumons. Puis naturellement, l’expiration vient d’elle- même. Un peu comme si, je fumais le vent ! Je crois que ma passion pour la voile doit venir en partie de là.

Je navigue depuis l’âge de 16 ans, sur différents types de bateaux. D’abord sur dériveur, 420, catamaran ; ensuite sur habitable : First Class 8, Sun Fast 36, Oceanis 400, Dufour 41, Sun Legend. Mais vers mes 20 ans, une hérédo -dégénérescence -spino -cérébelleuse me rappelle que je suis le fils de mon père…. Mes capacités physiques diminuent, je me déplace en fauteuil roulant, je ne peux plus faire du bateau- stop sur les « traques » (pontons) les jours de régate. Je n’ose pas demander de peur d’être une charge.

Je fais un séjour à la Tour de Gassies (centre de rééducation Aquitain) qui m’amène vivre un week- end sur un voilier durant la célèbre croisière de Pen Bron. C’est là- bas que le déclic se fait, me déplaçant sur les fesses, ou debout en m’accrochant aux haubans, je peux participer à la bonne marche du bateau, la fièvre revient. « Dès mon retour, je m’inscris à un club ».

J’opte donc pour le club de Cazeaux- Lac, où malgré mon fauteuil, le chef de base me reçois bien. Je fais un stage sur 420 afin de prouver mes compétences – on a même envoyé le spinnaker ! Lors des sorties j’apprends qu’il faut tout anticiper. On navigue davantage avec sa tête, quand on est handicapé. Tous les ans, je réalise un stage (sur chaque support du club : catamarans, 420, J24) qui sert de faire valoir, pour naviguer seul.

Aujourd’hui, j’ai 29 ans et j’ai un rêve, dépasser cet horizon, allez au loin, sans bouée qui vous oblige à rester parqué comme un mouton. Traverser cet océan, vivre avec lui, sentir le vent, voir le soleil se lever et se coucher sur la mer, je jubile d’avance quand je m’imagine à la barre, au soleil couchant, un léger frisson traversant tout mon corps, je ferme les yeux, je suis libre. Regarder l’eau qui file sur la coque de sa couleur phosphorescente grâce au plancton, jeter un regard en arrière juste pour contrôler le sillage afin peut- être de choquer un peu de grand voile…

Je veux partir aussi pour mieux revenir : Benoît Galinou partirait vraisemblablement avec moi. Je suis à la recherche de partenaires : Pour le bateau (achat ou prêt) ? La nourriture. Equipement pour la navigation. Pour des conseils. Si vous savez faire marcher un bateau, ce projet vous intéresse, écrivez-moi ! Réginald Fernandez 7, allée de la chapelle 33120 Arcachon.

Réginald Fernandez, octobre 2000.

Partagez !