Le département de Savoie, dont nous avons présenté quelques destinations hivernales accessibles en 2010 et 2014, développe depuis plusieurs années son offre à destination des publics handicapés, notamment moteurs. D’où il résulte non seulement que les infrastructures et équipements sont en pointe dans le domaine (compte-tenu évidemment des impondérables liés au milieu montagnard), mais surtout que les personnels d’accueil, commerçants et autres professionnels du tourisme sont sensibilisés au handicap. Si certaines stations ultra-chics ont acquis la réputation de recevoir « fraîchement » les handiskieurs, auxquels on ose reprocher de ralentir la cadence et donc la rentabilité des remontées mécaniques (peut-être pour ne pas dire qu’ils font « tâche » dans le paysage), l’écrasante majorité des autres destinations ski du département accueillent leurs visiteurs à bras ouverts !

Dans la vallée de la Tarentaise, Val Thorens (« Val Tho » pour les intimes) est l’une des stations les plus hautes d’Europe, avec un enneigement d’excellente qualité et un immense domaine skiable qui, conjugué avec celui des Trois Vallées, attire les skieurs du monde entier. Elle accumule records, distinctions et récompenses mais sans prendre la « grosse tête » : passionnés et familles cohabitent ici harmonieusement, quels que soient leur niveau sportif… ou leurs moyens financiers (toutes proportions gardées, évidemment : des vacances à la neige restent onéreuses); le snobisme n’est pas de mise ici. Le « village », créé ex nihilo dans les années 1970, fait la part belle aux piétons : on peut y circuler en voiture mais le stationnement est très réglementé, ce qui permet aux véhicules arborant la carte européenne de stationner sans trop de difficulté (le cas échéant, n’hésitez pas à prévenir la police municipale). Restent les pentes, incontournables et parfois très glissantes, qui réduisent quelque peu les déplacements en fauteuil roulant en dehors du coeur de station. Heureusement, des navettes bus gratuites (avec palette mais aide nécessaire) circulent en journée, sans compter celles que les hôtels, situés pour la plupart au bord des pistes, mettent à disposition de leurs clients (transfert indispensable). Côté hôtellerie, en effet, l’offre est pléthorique, allant du meublé familial au palace cinq étoiles en passant par le village de vacances; il en va de même pour les restaurants. Comme partout, les tarifs varient beaucoup en fonction des périodes mais les handiskieurs et leur accompagnateur bénéficient d’une réduction de 50% sur les forfaits, économie non négligeable…

Pour ce qui est des activités adaptées, le choix est vaste, dont on peut se faire une meilleure idée en prenant contact avec l’office de tourisme, aisément accessible, qui jouxte l’École de Ski Français (ESF) où les handiskieurs débutants trouveront matière à organiser leurs premières glisses en toute confiance. Les handiskieurs disposant de leur propre matériel n’ont, pour leur part, qu’à se lancer sur les pistes ! Le personnel des remontées mécaniques est formé à l’accueil du public handicapé; un pictogramme signale l’accès réservé, bien pratique en période d’affluence. La station dispose en outre d’un équipement jamais vu ailleurs pour embarquer dans les télécabines, sorte de chariot de transfert d’invention locale permettant au handiskieur de rester sur son engin (accès spécifique). Le domaine lui-même, aux paysages très ouverts, offre un superbe balcon sur les Alpes, occasion de conjuguer sport et contemplation : n’oubliez pas votre appareil photo et/ou votre caméra ! Les plus téméraires pourront compléter leur catalogue de sensations fortes par un vol inoubliable en paramoteur (parapente motorisé) adapté, les plus contemplatifs se régaleront à jouer les Jack London en traîneau à chiens également adapté (sur demande) au milieu de la forêt…

Dans la Maurienne voisine, sur la route du célèbre col de la Madeleine, connectée au « Grand domaine » de Valmorel, Saint-François-Longchamp est une station nettement plus familiale et populaire, au bon sens du terme; en attestent le tourisme local (peu « d’étrangers ») et la présence de nombreux groupes scolaires en séjour neige. Ski et handiski constituent certes le but du voyage (la station existe depuis les années 1950) mais on le pratique ici de façon moins forcenée qu’ailleurs. Côté handi, l’Office de tourisme (accessible de plain-pied) est de bon conseil, de même qu’il est recommandé aux handiskieurs débutants ou ne disposant pas de matériel de s’adresser à l’antenne locale de l’ESF. Le concept de « taxi-ski« , répandu en Savoie, permet en outre à des personnes, handicapées ou non, n’ayant jamais skié, d’éprouver des sensations proches de celles que l’on ressent sur les planches… Côté fun, la station dispose d’une vertigineuse luge mécanique (la Comète) accessible moyennant un transfert. Pour les sportifs, il est par ailleurs possible de dépenser quelques calories en pulka façon trappeur dans la poudreuse : renseignez-vous ! Côté prise de forces, quelques restaurants d’altitude, en Savoie, mettent un fauteuil roulant à disposition de leurs clients à mobilité réduite, information à glaner auprès des ESF et/ou offices de tourisme locaux. À Saint-François-Longchamp, c’est le cas notamment pour La bergerie du soleil mais la plupart des établissements en station sont accessibles de plain-pied. À l’instar de Val Thorens, un ski-bus accessible par rampes permet de se déplacer gratuitement dans la station, où certaines distances peuvent s’avérer importantes. Last but not least, le centre de balnéothérapie, ultramoderne, parfaitement accessible et ouvert sur les sommets, fait le bonheur de tous, sportifs ou non, occasion de finir… ou débuter une journée en beauté !

Jacques Vernes, janvier 2017.


Sur le web, le site officiel Savoie Mont-Blanc propose une pléthorique rubrique Handitourisme dans laquelle sont rassemblées toutes les offres, aussi bien hivernales qu’estivales, à destination des visiteurs handicapés. Largement de quoi préparer son séjour en toute confiance !

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