Si la télécommande pour téléviseur a jadis été inventée pour aider des personnes paralysées, le système OrCam MyEye est l’adaptation d’une technologie automobile, le radar anticollision développé par Mobileye, une société qui s’oriente vers la voiture autonome. « On a eu l’idée d’utiliser leurs innovations pour aider les personnes ayant une basse vision, aveugles, dyslexiques et aphasiques, explique Delphine Nabeth, en charge du marché français chez OrCam. C’est le résultat de cinq années de recherche. » Au moyen d’une mini caméra, l’utilisateur lit des textes imprimés, identifie des visages, objets, couleurs, billets de banque, etc., et l’information est restituée vocalement, via des écouteurs ou un mini haut-parleur. Il suffit de pointer du doigt ce que l’on veut lire ou identifier, la caméra prend une photographie que le système analyse; la reconnaissance vocale restitue le contenu dans des écouteurs assurant une parfaite confidentialité. Un fonctionnement simple pour des résultats surprenants, passée la phase d’apprentissage.

Cette aide électronique comporte deux éléments : une mini caméra ultralégère et un boitier électronique. Celui-ci, très compact et léger, tient dans une poche de vêtement. Il contient le système informatique dont le pilotage est assuré par deux boutons de navigation dans les menus, un bouton « action », un lecteur de carte SD, un connecteur pour le chargeur de batterie et une prise pour les écouteurs. La caméra se fixe via un support aimanté sur la branche d’une paire de lunettes, un positionnement rapide et aisé. Le système est autonome, non connecté au web. La dernière évolution d’OrCam MyEye, la 2.0, est sans fil ni boitier.

La lecture donne de bons résultats, même avec une mise en page de style magazine ou presse, ou des textes en couleurs. Le taux d’erreur varie en fonction des conditions de lecture, tel l’éclairage ou l’orientation du texte. La vitesse de lecture est réglable jusqu’à 300 mots par minute. En standard sont fournies une voix d’homme (Mathieu) et de femme (Céline), toutes deux assez fluides. La banque de données du boitier contient une bibliothèque de code barres, essentiellement des produits alimentaires, sans encore de possibilité d’en rentrer soi-même. Après les avoir intégrés dans le système, la caméra permet d’identifier jusqu’à 150 objets du quotidien et une centaine de visages. Petit surprise en levant le bras, l’appareil donne l’heure et la date ! La reconnaissance de couleur est encore difficile à mettre en oeuvre, et l’appareil ne lit pas les QR codes, une lacune logique puisque l’accès au web n’est pas possible.

La lecture de textes s’effectue dans une des langues choisies, le système ne bascule pas encore automatiquement entre français, anglais et allemand, installées en standard. Cette lecture est globale par analyse photographique, ou mot à mot en suivant le déplacement du doigt sur les lignes de texte. La caméra est également utilisable pour travailler ou lire sur un écran d’ordinateur, une tablette, etc. En revanche, elle ne peut pas lire en mode défilement, le texte doit être figé. De même, l’écriture manuscrite n’est pas lue.

Le système d’exploitation interne du boitier en est à la version 8, la mise à jour s’effectue par carte SD. Le boitier est aussi une boite noire qui permet de corriger ses erreurs. Parmi les évolutions en phase de recherche et développement, notons la géolocalisation GPS et la détection d’obstacles. Enfin, cet appareil peut être prêté sans souci : le boitier ne conserve pas l’historique des textes lus, qui ne sont mémorisés que pendant quatre minutes.

Ce dispositif médical de classe 1 ne figure pas sur la Liste des Produits et Prestations Remboursables par la Sécurité Sociale, mais des Maisons Départementales des Personnes Handicapées le prennent en charge, de manière variable, au titre de la Prestation de Compensation du Handicap. Prix : 2.990€ pour MyReader, 3.990€ pour MyEye et 4.795€ pour OrCamMyEye 2.0. Distribution dans le réseau Essilor et les distributeurs basse vision.

Laurent Lejard, mars 2018.

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