Le Musée des Années Trente est installé depuis 1998 dans un complexe dont une aile est un hommage au style Paquebot en vogue avant la seconde guerre mondiale, et un miroir aux immeubles Art Déco qui l’entourent. Cinéma, médiathèque et musée se partagent l’Espace Landowski, dédié au sculpteur de renommée internationale mort dans cette ville en 1961. A droite, l’Hôtel de Ville a été dessiné par Tony Garnier (1934). Face à lui, l’Hôtel des Postes est dû à Charles Giroud (1938).

« Les collections du musée existent depuis 1939, précise Marie de Ramefort, chargée de l’accueil des publics handicapés. Elles ont été exposées au 4e étage de la Mairie jusqu’à leur transfert dans un musée en 1983 ». Quinze ans après, un bâtiment clair et moderne accueille la collection de tableaux et de sculptures.

Une quarantaine d’entre elles peuvent être perçues au toucher par les visiteurs déficients visuels : ce sont des bronzes originaux et des oeuvres en pierre reconstituée (technique disparue et aujourd’hui difficile à retrouver, mêlant béton, huile de lin, eau et plomb). Le dosage des éléments donne à la pierre un aspect noir pailleté brillant ou mat. « La couleur est un élément important de la perception à restituer pour les aveugles » explique Marie de Ramefort.

Les oeuvres sont touchées à mains nues. « Les gants modifient le contact avec la matière. Le Conservateur a donné son accord parce que le nombre de visiteurs déficients visuels est réduit. Nous pensions accueillir une centaine de personnes au plus chaque année, l’an dernier il y en a eu une soixantaine. On demande aux visiteurs d’enlever leurs bijoux pour ne pas endommager les pièces, c’est tout. Nous n’avons constaté aucune conséquence sur les sculptures en bronze. Toucher la pierre ne présente aucun souci ». D’autant moins que certaines personnes (notamment celles qui sont devenues aveugles) participant aux visites tactiles ne veulent pas toucher les oeuvres… Les visites guidées tactiles destinées aux déficients visuels sont organisées durant les heures d’ouverture au public. Les personnes peuvent également visiter seules, si elles le souhaitent, au moyen d’un cahier de découverte en braille ou grands caractères; les gardiens sont informés, ils aident les aveugles à accéder aux oeuvres pouvant être touchées.

« Nous avons parfois des soucis avec des accompagnateurs trop présents, qui évoquent la beauté d’une pièce avant que la personne l’ait touchée, perçue, comprise ». Pour Marie de Ramefort, cette guidance du sentiment de l’aveugle par le voyant est ressentie comme une pollution de la perception. « Quand on découvre une oeuvre au toucher, on la ressent autrement. Je pars souvent du corps de la personne, au besoin en lui prenant la main, en lui montrant sur elle la position que le sculpteur a voulu rendre. On comprend mieux la technique de l’artiste en touchant ». Et dans ce musée-là, les aveugles sont privilégiés !

Laurent Lejard, septembre 2004.

Le Musée des Années Trente est labellisé « Tourisme et handicap » en catégorie moteur, visuel et auditif. Il propose des visites intitulées « Les midis du musée » durant lesquelles une oeuvre est présentée en détail. Certaines de ces visites sont tactiles et ouvertes aux déficients visuels. Le musée organise également des visites en langue des signes. Il participe à la semaine « Handicap et Culture, pour mieux se connaître », qui se déroulera du 13 au 17 octobre 2004. Par ailleurs, un parcours de découverte de l’architecture des années Trente à Boulogne- Billancourt est proposé dans une brochure disponible au musée.

Musée des Années Trente, Espace Landowski, 28 avenue André Morizet, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. 01 55 18 46 10.

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