L’Ile-de-France représente à elle seule les deux tiers des déplacements par chemin de fer : 700 millions sur 1 milliard par an. Et cela sur un réseau Transilien complexe, dense, souvent en milieu à forte urbanisation. Dans ce cadre, le chantier de mise en accessibilité des gares et de leur environnement s’avère particulièrement ardu à réaliser, d’autant qu’il porte sur 207 d’entre elles pour les 6 années qui viennent. Si le choix d’accessibilité partielle du réseau ferré est contestable (il ne concernera que 90% du trafic passagers) il a été effectué par le Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF), autorité responsable de transport. Dans cette affaire, la SNCF n’est qu’opérateur et exécute les décisions du décideur régional. Mais atteindre l’objectif fixé dans le délai imposé est apparu impossible à la SNCF sans une modification des processus de chantier et une mobilisation exceptionnelle en terme de compétences et de moyens. C’est ce qu’elle vient de mettre en place en créant le Centre des Opérations Accessibilité (COA).

Basé à Paris, il rassemble dans un lieu unique des professionnels jusque là dispersés. « Le modèle s’inspire d’une task force, explique Michel Mercadier, chargé du dossier accessibilité à Transilien SNCF. Il est plus simple de regrouper les compétences sur un chantier complexe, en spécialisant. 30% des usagers sont concernés par l’amélioration de l’accessibilité, qui est aussi utile pour tous, grâce à une meilleure qualité d’usage ». L’organisation précédente du travail permettait à Transilien de traiter 5 à 6 gares par an, un rythme incompatible avec les besoins actuels. Avec le COA, l’objectif est de passer à une vingtaine de gares annuelles. Actuellement, une trentaine de personnels oeuvrent au COA, dont la plate-forme collaborationnelle peut recevoir jusqu’à 50 travailleurs. Ils effectuent la préparation des travaux, élaborent les permis de construire qui portent sur la globalité du chantier, organisent les appels d’offres et de marchés à réaliser, etc. La même équipe assure le suivi de réalisation, du début des études à la fin des travaux. La direction attend beaucoup en terme de synergie, d’échange de pratiques et d’expérience. « Il a fallu gérer les personnels et leurs aspirations sans difficulté majeure, commente Michel Mercadier. Le projet fédère. Les personnels viennent de métiers diversifiés : architectes, chefs de projet, techniciens de conduite d’opération… »

Pour améliorer encore l’efficacité, la SNCF traite la partie des projets qui est du domaine de Réseau Ferré de France (RFF), propriétaire des quais. « Les travaux nécessitent des interceptions de circulation, explique Kian Gavtache, responsable du COA. On coordonne les permis de construire, avec des arbitrages pour obtenir un projet commun. Le regroupement des professionnels, et l’augmentation des moyens qui s’appuient également sur les bureaux d’études de la SNCF, assurent une validation plus rapide. Avant, il fallait consulter différents services dans différents lieux, ça prenait plus de temps ». Kian Gavtache ne voit pas de points négatifs dans cette nouvelle organisation du travail « si on tient la cadence ». Pour cela, rendez-vous en 2015…

Laurent Lejard, octobre 2009.

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