Le Ministre des sports, Jean-François Lamour, a fait un beau cadeau aux handisportifs français à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, célébrée à peu près partout dans le Monde… sauf dans l’Hexagone. Mais cette année, Jean-François Lamour s’est distingué en décidant d’augmenter et d’aligner le montant des primes récompensant un médaillé lors des Jeux Paralympiques sur celles des Olympiques : 50.000€ au lieu de 12.000€ lors des derniers Paralympiques pour l’or, 20.000€ contre 7.200€ pour une médaille d’argent, 13.000€ au lieu de 4.800€ pour le bronze. Avec l’arrivée des sponsors, l’extension des contrats de sportifs de haut-niveau, l’augmentation substantielle des dotations en moyens financiers et humains, le handisport français a la côte malgré une baisse régulière des performances de son élite lors des compétitions internationales.

On n’en dira pas autant du Sport Adapté, qui fédère les associations de personnes handicapées mentales. Leur nombre de pratiquants licenciés est pourtant le double de celui du handisport (32.000 contre 16.000) mais cela n’intéresse ni les médias ni les pouvoirs publics. Les sportifs handicapés mentaux sont fermement tenus à l’écart de la compétition handisport : ils paient encore, six ans après, la disqualification pour tricherie de l’équipe espagnole de basketball qui remporta la compétition Paralympique à Sydney 2000 : la plupart des joueurs n’étaient pas « réellement » handicapés mentaux. Depuis, de commissions techniques en comités médicaux, les instances du Comité International Paralympique temporisent. Fin juin 2006, le Comité Directeur du Comité International Paralympique (où la France n’est pas représentée) a refusé d’intégrer les sportifs handicapés mentaux lors des compétitions internationales et des Jeux Paralympiques de Pékin 2008, arguant d’une absence de fiabilité dans la classification des sportifs déficients intellectuels. Décision confirmée à l’unanimité fin novembre, devant le président de l’International Sports Federation for Persons with an Intellectual Disability (INAS-FID), Jos Mulder.

« L’augmentation des primes m’inquiète, déclare Yves Foucault, président de la Fédération Française du Sport Adapté. Des pays ne veulent pas des sportifs handicapés mentaux, maintenant ils n’en voudront plus du tout. Aujourd’hui, les médailles prennent une grande importance ». Yves Foucault constate un « recul de l’intégration : le fossé est considérable alors que les relations sont chaleureuses en France entre Sport Adapté et Handisport. Or, bien des handisportifs ne se considèrent pas handicapés et ils n’acceptent pas les personnes handicapées mentales. Cette réaction humaine est compréhensible, mais elle n’est pas acceptable ». La Fédération Française Handisport, de son côté, tout en regrettant « cet état de fait », constate que « la définition d’un déficient intellectuel entre la France, la Russie, l’Afrique ou le Japon, n’est pas la même; d’où une interprétation impossible à rendre lisible pour une pratique sportive structurée lors d’organisation de compétitions reposant sur un système universel et fiable de classification ». La F.F.H a soutenu la présentation par la F.F.S.A de la « classification fiable, simple et opérationnelle » qu’elle a élaborée, auprès de l’I.PC et du Ministère français des sports, lequel n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour sa part, l’INAS-FID ne s’en tiendra pas là : elle envisage à la fois de créer un événement sportif international de nature à concurrencer les Jeux Paralympiques et d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de l’I.P.C pour discrimination.

Laurent Lejard, décembre 2006.

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