Le 1er janvier 2005 n’a pas marqué l’entrée dans une bonne année pour les pensionnaires et les créateurs du Chalet, géré par l’Association pour l’Intégration des Personnes en Situation de Handicap (A.I.P.S.H) : ce centre de formation professionnelle conçu pour favoriser l’insertion de jeunes autistes en milieu ordinaire de travail arrête son activité. Le centre a été créé en 1999 dans la région de Lorient (Morbihan), pour accueillir des autistes dits « de haut niveau », touchés par le syndrome d’Asperger, et des jeunes atteints de troubles envahissants du développement. A l’époque, il a bénéficié d’une importante subvention de l’Agefiph, l’objectif de la formation étant de conduire les stagiaires vers l’emploi en milieu ordinaire conformément à la vocation de cet organisme financeur.

Cinq ans plus tard, l’Agefiph ne veut plus contribuer : sur 30 personnes formées au Chalet, 5 ont pu trouver un emploi en milieu ordinaire de travail, 11 en Centre d’Aide par le Travail et 14 sont restées sans solution, renvoyées vers leur famille pour la plupart. Ces résultats mettent en évidence la difficile adéquation entre le travail « traditionnel », avec ses contraintes horaires et de productivité, et la personnalité complexe à appréhender d’hommes et de femmes présentant des troubles autistiques.

Tirant les leçons de son programme expérimental, l’A.I.P.S.H s’était orientée vers une intégration dans les dispositifs de droit commun, en intégrant le réseau des Missions Locales pour l’emploi qui devaient diriger vers le Chalet des jeunes bretons présentant des troubles autistiques. Cela n’a pas suffi pour obtenir le renouvellement de la subvention Agefiph, qui a réduit d’un million d’euros ses engagements de dépenses dans la Région Bretagne. « Notre travail a été jugé sur la réalisation d’un dispositif expérimental, estime Yann Zénatti, directeur du secteur social de l’A.I.P.S.H. L’Agefiph nous a conduit à davantage structurer notre travail en direction des jeunes de la région. Et on s’est fondu dans le dispositif de droit commun ».

Avec comme résultat l’accord de la Région Bretagne pour attribuer au Chalet la moitié du budget qui lui est nécessaire, soit 160.000 euros, pour lancer une formation de 18 mois. L’A.I.P.S.H s’est récemment tournée vers le Ministère des solidarités et de la santé pour demander le complément financier nécessaire, et s’est alors aperçue que le Plan Autisme du Gouvernement était vide de dispositions en matière de formation et d’emploi. L’association a été dirigée vers la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi du Morbihan, dont le directeur a estimé qu’elle n’était pas concernée… Le dossier a été transmis à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales qui l’a adressé à la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales puisque l’action de l’A.I.P.S.H est d’ampleur régionale. Et pendant que l’Administration prend l’Association pour l’Intégration des Personnes en Situation de Handicap pour une balle de ping- pong, l’insertion professionnelle des jeunes autistes est retournée à son point de départ, le niveau zéro.

Laurent Lejard, janvier 2005.

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