Le gouvernement l’assure, l’accessibilité sera enseignée dès 2004 dans les écoles d’architecture. Un fâcheux oubli sera enfin réparé. En effet, les législateurs qui ont élaboré la loi 91-663 du 13 juillet 1991 « portant diverses mesures destinées à favoriser l’accessibilité aux personnes handicapées des locaux d’habitation, des lieux de travail et des installations recevant du public » avaient complètement oublié l’essentiel : l’accessibilité ne figurait pas au programme des études en architecture ! En pratique, la loi exige des constructions accessibles aux personnes physiquement handicapées mais les architectes chargés de les concevoir n’ont pas reçu la formation adéquate. Pour justifier cette carence, affirmait souvent que l’accessibilité « brimerait » la capacité créatrice de professionnels qui devaient être avant tout des artistes…

Ce caractère contraignant de l’accessibilité n’est pas ressenti par Aurélie Tsang- Chun- Sze, étudiante à l’école d’architecture de Montpellier. Pour elle, l’accessibilité est naturelle et cette perception est notamment due à un projet réalisé sous la conduite de l’un de ses professeurs au seuil de la retraite: « Norbert Chautard, explique Aurélie, est une sorte de militant qui a beaucoup oeuvré pour tous les problèmes des usagers. Grâce à lui, une association a été montée à l’école sur les questions d’accessibilité (A2H, Atelier Handicap Habitat) et je crois que c’est la seule association dans toutes les écoles d’architecture qui traite de ce problème! Autres actions, la sensibilisation en milieu scolaire (architecture, environnement, mise en situation de handicap) et un projet de parcours modulable et déplaçable de mise en situation pour les handicaps physiques et sensoriels que nous voudrions monter d’abord dans toutes les écoles d’architecture de France, puis dans les collèges ».

La Direction de l’architecture et du patrimoine du Ministère de la culture avait lancé un appel à projets, en collaboration avec le Ministère de l’équipement, sur le thème « Lutte contre les exclusions: prise en compte dans la formation des architectes de l’accessibilité et d’actions contre l’habitat insalubre ».

Aurélie Tsang-Chun-Sze précise que sur les 20 écoles de France, seules deux ont répondu présentes (Rennes et Montpellier): « Nous avons fait le déplacement à Rennes pour assister à des conférences, réaliser des mises en situation en fauteuil roulant dans la ville, etc. La même chose a été faite à Montpellier en cours d’année et le dernier séminaire a été mené à Firminy afin de restituer les travaux de l’année et faire le bilan, confronter nos expériences ».

Ces projets mettent en évidence que l’intégration de l’accessibilité ne brime pas la créativité mais bien au contraire la stimule; conçus dans le cadre de la formation initiale des architectes, ils montrent aux autres écoles d’architectures le chemin qu’elles devront parcourir lorsque la formation à l’accessibilité deviendra un « Top » obligatoire, dans quelques mois si tout va bien…

Jacques Vernes, novembre 2003.

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