Quelques départements ont créé des services censés favoriser la mise en place d’actions en faveur des personnes handicapées. Dans l’Isère, l’Office Départemental des Personnes Handicapées (ODPHI) a été constitué pour être un lieu permanent de concertation entre les associations, les établissements, les professionnels et les collectivités. Le Comité pour le Droit au Travail des Handicapés et l’Égalité des Droits (CDTHED), association de défense des personnes handicapées, participait depuis dix ans aux travaux de l’Office, qu’il vient de quitter. « On voit de moins en moins de personnes handicapées dans les réunions de travail organisées par l’Office. Nos militants bénévoles n’ont plus voulu y participer » déclare son président, Henri Galy, qui se plaint d’une dépossession de la parole des personnes handicapées : « on prend des positions au nom des personnes handicapées sans les écouter ».

Une évolution, considérée comme une dérive gestionnaire par le CDTHED, a impliqué cet Office dans les processus de décision au niveau local : il gère désormais un service départemental d’information, Handicap Info 38. Le Conseil Général finance l’activité de l’Office à hauteur des deux tiers de son budget. La participation des personnes handicapées aux Commissions devant aborder leurs problèmes et esquisser des solutions est devenue progressivement inconciliable avec leurs contraintes professionnelles : comment assister à une réunion qui a lieu durant ses heures de travail ? Le fossé s’est creusé entre les professionnels, les représentants des collectivités et les bénévoles des associations, qui sont aussi des travailleurs salariés, entre un Office devenu gestionnaire, et des associations de défense qui ne trouvent pas d’écho à leurs revendications dans cet Office.

Un Office dont la vocation est de trouver un consensus, une position médiane conciliant les besoins spécifiques de toutes les personnes, quel que soit leur handicap, leur âge ou leur situation sociale et professionnelle. Cet exercice est difficile, on le voit ici à la faveur de ce désengagement d’une association. Qui résonne comme un avertissement à l’oreille des futurs Conseils départementaux consultatifs des personnes handicapées : quelle parole vont-ils porter ?

Laurent Lejard, novembre 2001.

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