La présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, a voulu sensibiliser les députés à la déficience visuelle, ses conséquences sur la vie quotidienne et les solutions créées pour les personnes qui la vivent. C’est dans sa vaste résidence mitoyenne du Palais Bourbon, l’Hôtel de Lassay, qu’elle a reçu les principales associations nationales comme l’annonçaient ses services quelques jours auparavant : « Des ateliers seront également organisés dans la matinée pour permettre aux députés, collaborateurs et personnels de l’Assemblée de mieux comprendre les enjeux de la déficience visuelle : communication inclusive, accessibilité numérique, découverte du braille, simulation des malvoyances par la réalité virtuelle, guidage avec canne et démonstration de chiens guides, oeuvres d’art tactiles, etc. » Mais outre la présidente, avec seulement six députés venus visiter cette exposition éphémère (dont seulement deux ne participent pas au groupe de travail Handicap et inclusion), on ne peut pas dire que cette première a intéressé les députés : doit-on encore s’en étonner ?

Question : Pour la première fois, une institution de la République consacre une journée à la déficience visuelle. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de recevoir les associations et d’assister à des démonstrations qui vous ont informée ?

Yaël Braun-Pivet : Depuis que je suis présidente de l’Assemblée Nationale, j’ai décidé d’ouvrir l’Assemblée Nationale aux citoyens et à tous les concitoyens. Donc nous avons beaucoup travaillé sur l’accessibilité de l’Assemblée Nationale et il nous a donc semblé tout naturel de consacrer cette journée à la déficience visuelle parce que nous souhaitons que tous les citoyens se sentent chez eux à l’Assemblée Nationale.

Question : Vous avez aussi la présence des deux députés handicapés José Beaurain et Sébastien Peytavie

Yaël Braun-Pivet : Tout à fait, ils sont tous les deux là. Alors s’ils ont été élus, nous avons, avec les services, rendu leur place dans l’hémicycle complètement accessible pour eux. Des menuisiers sont intervenus pour Sébastien, pour arranger une rampe, et puis j’ai les services qui sont intervenus pour l’autre parlementaire, pour adapter le boîtier [de vote]. Nous sommes vraiment dans cette démarche de faire en sorte que l’Assemblée Nationale soit accessible à tous et à toutes les déficiences, qu’elles soient visuelles, motrices, auditives. Il est important pour nous de continuer cette politique durablement.

Question : Sauf pour le perchoir [siège en tribune de la présidence de séance]…

La tribune présidentielle de l'hémocycle de l'Assemblée Nationale desservie par deux escaliers ©Yanous.com

Yaël Braun-Pivet : Le perchoir, effectivement aujourd’hui, n’est pas accessible, mais il n’est finalement accessible qu’à moi-même ou à mes vice-présidents. Personne d’autre ne monte au perchoir. Mais si d’aventure un jour les élus, les députés élisaient un président de l’Assemblée Nationale qui aurait un handicap, qu’il soit moteur ou visuel, eh bien nous ferions immédiatement les travaux pour lui permettre d’accéder même au perchoir parce qu’il en va de notre démocratie.

Bonus : « L’Élysée c’est tout plat, l’Assemblée Nationale c’est du sérieux ! »

Lors de cette journée, la présidente Yaël Braun-Pivet a découvert les yeux bandés une maquette tactile de la Présidence de la République :
« C'est quoi ça ? C'est l’Élysée ? C'est tout plat. Baptiste, regardez, l’Élysée c'est tout plat !
Puis on lui place dans les mains celle de l'Assemblée Nationale :
« Eh bien voilà, on est sur du sérieux ! »

Laurent Lejard, novembre 2023

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