C’est la semaine des pensions de famille et résidences accueil, occasion de présenter une initiative innovante, la première résidence accueil pour adultes semi-autonomes vivant avec des troubles autistiques ou psychiques : Le Cap à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine.) Ouverte en janvier dernier, elle loge une quinzaine de locataires dans des studios indépendants de 24 m², et trois étudiants apportant une aide et un soutien bénévoles en échange de leur logement. Au premier étage, une cuisine collective et une salle commune assurent une convivialité aux occupants qui le souhaitent. Chacun est libre de ses mouvements, reçoit qui il veut, fait sa cuisine, s’occupe du ménage, tout en bénéficiant d’un soutien en cas de besoin. Des bénévoles du quartier proposent des activités et accompagnent des sorties. Un « hôte de maison » supervise et gère la résidence installée dans un immeuble appartenant au diocèse de Nanterre et entièrement rénové, loué pendant 43 ans à Habitat et Humanisme.

Loger les plus vulnérables

Depuis 35 ans, cette organisation organise le logement adapté de personnes en grande précarité, sans domicile ou vivant en centres d’hébergement.

Inauguration de la résidence Le Cap

Fondée à Lyon (Rhône) par Bernard Dewaere, promoteur immobilier devenu prêtre sur le tard, elle est présente dans 80 départements avec 56 associations locales accueillant actuellement 10.000 personnes. Depuis sa création, elle a logé 40.000 personnes sur le principe de l’insertion par le logement. « On s’occupe d’abord de ceux qui ont vécu de grandes situations de précarité, à la rue, en centres d’hébergement, ou qui ont un handicap, c’est nouveau pour nous », justifie sa chargée de communication, Marie-Annonciade Petit. L’organisation a répondu à la demande de parents regroupés dans l’association locale Toit et Vie : « Ils savaient qu’on allait rendre les personnes autonomes par le soin de son logement et de son quotidien. Finalement, on rejoint les problématiques des personnes qui ont été marginalisées par la rue ou l’extrême pauvreté. On a de nombreuses belles histoires à raconter partout en France, et on se développe de plus en plus parce qu’il y a davantage de demandes. » Bien que laïque, l’association bénéficie essentiellement de biens immobiliers que l’église catholique n’exploite plus tout en en conservant la propriété.

Jean dans son studio de la résidence Le Cap

Il aura fallu 9 ans à ce projet porté par Toit et Vie pour aboutir, après avoir affronté une multitude de difficultés et contraintes administratives. L’alliance avec Habitat et Humanisme a permis de couvrir un investissement élevé, en partie financé par la ville de Boulogne-Billancourt (162.000€), le département des Hauts-de-Seine (163.000€), la Région Île-de-France (262.000€), l’État (300.000€), un autofinancement d’Habitat et Humanisme (400.000€) et une poignée de mécènes.

Des résidents heureux

L’un des résidents, Jean, 34 ans, vit avec les séquelles du syndrome de l’X fragile, et habitait précédemment chez ses parents à Montmorency (Val-d’Oise) où il a mal vécu les périodes de confinement : « On était perdus, on ne savait pas quoi faire, je ne pouvais pas sortir. Depuis que j’ai déménagé ici, c’est un envol. Ça se passe bien, tout le monde est gentil » Il apprécie d’être plus près de son travail dans un Établissement et Service d’Aide par le Travail de Meudon, avec un temps de parcours divisé par deux. Sloane, 24 ans, vit là sa première expérience en autonomie : « Je le vois comme une étape. Je suis très content d’être ici, je me suis fait des amis. » Et même une compagne avec laquelle il vit « alla parisienne », dans son studio ou celui de l’autre. Avant, il habitait chez sa grand-mère, à Bezons dans le Val d’Oise et devait faire une heure et demie de transport pour aller travailler dans le même ESAT que Jean, à des tâches de conditionnement. Il met désormais moins de temps. « Je voulais habiter tout seul, avoir mon indépendance. J’aime bien voir des gens extérieurs au travail, discuter ici avec les jeunes. » Tous deux apprécient cet apprentissage d’une vie autonome, et entendent en profiter pleinement.

Laurent Lejard, octobre 2022.

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