Qu’est-ce qu’une maladie génétique ? Le corps humain est composé de milliards de cellules. Ces cellules sont formées d’une membrane renfermant le cytoplasme et le noyau, au sein duquel sont logés 46 chromosomes. Les gènes, support de l’hérédité, sont répartis au long des 46 chromosomes. Une maladie génétique ou certaines formes de cancer surviennent lorsqu’un ou plusieurs gènes sont absents ou ne fonctionnent pas correctement.

Comment marche la thérapie génique ? La thérapie génique consiste à introduire dans une cellule la forme correcte d’un gène dont on sait que le mauvais fonctionnement est responsable d’une maladie. Cette technique permet de s’attaquer directement aux causes des maladies. Pour faire pénétrer ce gène- médicament dans la cellule on utilise des supports qui sont des virus rendus inoffensifs. Ainsi un virus comme l’adénovirus, responsable du rhume, peut être utilisé comme véhicule pour emmener le gène- médicament à l’intérieur de la cellule. On peut même combiner plusieurs virus entre eux. Le gène- médicament peut être inhalé par aérosol ou injecté. On peut aussi prélever les cellules du malade, les mettre en culture et y introduire le gène- médicament avant de les réinjecter. Ces techniques sont très délicates à manier pour que les virus ne soient pas dangereux et que le gène- médicament persiste à l’intérieur des cellules.

Une grande première française. L’année 2000 est marquée par le succès d’une thérapie génique pour deux garçons atteints d’une grave maladie génétique les privant de lymphocytes T, cellules responsables de la lutte contre l’infection. Cette première mondiale a été réalisée par l’équipe du Pr Alain Fischer (INSERM, hôpital Necker) avec l’aide de l’Association Française contre les Myopathies grâce aux dons du Téléthon. Ces enfants, âgés de 8 et 11 mois, non protégés contre une éventuelle infection, étaient obligés de vivre isolés dans une bulle stérile en attendant de pouvoir bénéficier d’une greffe de moelle osseuse, seul traitement existant actuellement. On n’avait trouvé aucun donneur compatible. On a ponctionné de la moelle osseuse des enfants pour prélever les cellules qui vont se transformer en lymphocytes T. Puis ces cellules ont été « infectées » 3 fois en 3 jours par le rétrovirus contenant le gène thérapeutique. Les cellules traitées ont été ensuite réinjectées par voie intraveineuse aux deux enfants. Un an après l’introduction du gène- médicament dans leur moelle osseuse, les enfants ont retrouvé un taux de lymphocytes T normal. Ils vivent à domicile sans traitement. Ils se défendent contre les infections et répondent normalement aux vaccinations. Pour la première fois il a été possible de corriger une maladie par thérapie génique.

Bientôt, la maladie de Duchenne. Enfin, l’an 2000 est aussi l’année des essais de thérapie génique pour la myopathie de Duchenne, la plus fréquente des maladies neuromusculaires. Le premier essai français et européen de transfert de gène dans cette maladie a en effet débuté à l’institut de myologie de la Pitié- Salpétrière.

Paul-Henri Schuhler, pédiatre, décembre 2000.

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