On n’y croirait pas si photographies et articles de presse ne le confirmaient : le comité international Special Olympics a remis le 29 septembre dernier sa plus haute distinction au président de la république arabe d’Égypte, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi. Parvenu au pouvoir suprême à la faveur du coup d’État qu’il a fomenté en juillet 2013, il s’est fait élire en mai 2014 à la présidence avec un score moscovite, 96% des suffrages. Et il s’est empressé de faire massacrer par son armée les manifestants, emprisonner les dirigeants et militants de partis politiques condamnés à mort par une justice aux ordres. Dans l’Égypte du maréchal Sissi, les libertés publiques n’existent plus, comme le dénonce Human Rights Watch en alertant les participants à la Conférence sur le changement climatique (COP 27) de novembre prochain à Charm el-Cheikh.

C’est donc cet homme que le mouvement olympique des personnes handicapées mentales, fondé dans les années 1960 par Eunice Kennedy (soeur du président Kennedy), vient de récompenser, peut-être parce que la répression politique violente et armée a causé des handicaps en tous genres : amputations de membres du fait des tirs à balles réelles, cécités et surdités dues aux grenades assourdissantes ou défensives, troubles mentaux et handicaps psychiques générés par la torture systématique des opposants. C’est le « créateur » de milliers de personnes handicapées que Special Olympics vient de distinguer, au risque de se discréditer.

On ne repère pas de motif particulier à cette récompense, Special Olympics n’ayant organisé en Égypte aucune compétition d’ampleur : diplomatie sportive, contreparties à venir, échange de bons procédés ? Il n’en reste pas moins que cette organisation dirigée par des Américains est visiblement peu regardante sur le respect des droits humains. Une politique qui éclabousse rouge sang les personnes qu’elle prétend promouvoir par le sport.

Laurent Lejard, octobre 2022.

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