La presse du mois de février a une nouvelle fois rapporté son lot d’obstacles en matière de déplacements pour les personnes handicapées. Côté aérien, Air France n’a informé un écossais handicapé moteur que deux jours avant son voyage de l’impossibilité de transporter son fauteuil roulant motorisé, dont la hauteur de dossier excèdait les 71cm imposés par les dimensions de la porte de soute de l’avion. Son voyage à Paris pour une lune de miel était prévu de longue date, avec toutes les infos nécessaires, mais la compagnie n’a signifié son refus qu’à l’avant-veille. Le voyageur a trouvé une solution, mais dans l’urgence et un stress incompatibles avec la célébration d’un tendre événement… La réputation déjà assez dégradée d’Air France n’en sort pas améliorée (la presse britannique a fait ses choux gras de cette affaire) et les voyageurs handicapés vont recommencer à douter de la fiabilité de cette compagnie qui ne figurait plus dans la rubrique « refus de voyage ».

Le 26 février, c’est le conducteur d’autocar d’une ligne régulière des Deux-Sèvres qui a interprété strictement un règlement flou. Une jeune passagère en fauteuil roulant avait réservé sur la ligne mais pas pour l’horaire où elle s’est présentée : le conducteur a refusé de la charger. C’est donc l’éducateur qui l’accompagnait qui a conduit en voiture la jeune femme dans sa famille. Confronté aux échos de l’incident dans la presse, le directeur de la compagnie d’autocar s’est d’abord retranché derrière une obligation de réserver (dont la clientèle handicapée n’est pas informée) puis a reconnu l’excès de zèle du chauffeur et finalement annoncé une nouvelle information de son personnel afin qu’il assure le transport d’un voyageur en fauteuil roulant dès lors que l’emplacement à bord de l’autocar est libre sur le trajet demandé.

Enfin, voilà que Lyon revient sur le devant de la scène : le Comité pour le Droit au Travail des Handicapés et l’Égalité des Droits (CDTHED) rappelle dans une lettre ouverte les nombreux obstacles opposés par le service de transport dit « adapté » Optibus aux clients handicapés. La troisième ville de France prétexte qu’Optibus est financé par les collectivités locales et que par conséquent seuls les contribuables handicapés doivent l’emprunter, alors que par définition, même les transports collectifs TCL financés par ces mêmes collectivités locales sont ouverts à tous les clients, d’où qu’ils viennent. D’autres conditions discriminatoires ou vexatoires sont imposées, tel le passage obligatoire et payant en commission d’admission, ou les sanctions en cas d’annulation tardive ou d’absence au transport, alors que l’opérateur ne doit rien en cas de défaillance du service, les collectivités ne lui imposant aucune obligation de résultat. Il en va d’ailleurs de même pour Paris et la région Ile-de-France, qui assurent plus de la moitié des transports dits « adaptés » dans le pays.

Se déplacer en France quand on est handicapé reste un parcours d’obstacles qu’aucune loi ou règlement ne parvient à réduire, tant la mauvaise volonté des décideurs et des opérateurs demeure patente.

Laurent Lejard, mars 2016.

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