La plupart des exposants au récent salon professionnel Transports Publics (Paris) ont présenté des produits et matériels intégrant les besoins des usagers handicapés. En comparaison avec le salon précédent (2004) cette évidence apparaît : les besoins des personnes à mobilité réduite et leur demande de transport constituent un marché auquel répondent les industriels. Distributeurs de billets, systèmes d’information des voyageurs, accès aux véhicules de tous types, toutes les adaptations existent et sont opérationnelles. Elles n’attendent plus que d’être acquises et déployées, l’offre industrielle permettant d’envisager sereinement une pleine et entière mise en accessibilité des transports collectifs à l’horizon 2015.

Ceci lève les objections d’exploitants de réseaux ou de dirigeants de collectivités territoriales (« Autorités Organisatrices ») dès qu’on parle transport. Personne ne peut plus prétendre qu’on ne trouve pas sur le marché le véhicule grand ou petit nécessaire à l’exploitation d’une ligne. Demeure pourtant un défi de taille : convaincre les personnes handicapées, et plus particulièrement celles qui se déplacent en fauteuil roulant, que les transports en commun leur deviennent accessibles. Actuellement, la situation est délicate : certaines lignes de certains réseaux sont utilisables, parfois à certains horaires. Mais pas forcément la ou les lignes connectées, du même moyen de transport ou d’un autre !

Il faudra de nombreuses années d’investissements et de travaux pour que la « chaîne du déplacement » soit mise en accessibilité. Ce long intervalle sera une période difficile durant laquelle on ne verra probablement que peu de personnes handicapées emprunter des transports adaptés pour elles. Et il serait fort regrettable que les Autorités Organisatrices de transport et les exploitants se découragent en se demandant pourquoi ils dépensent tant d’argent et d’efforts pour si peu de public. La réussite de la mise en route et de l’achèvement du vaste chantier de l’accessibilité repose sur ce besoin essentiel, dont actuellement les acteurs publics et privés ont mal pris la mesure : informer régulièrement le public des personnes handicapées de ce qui est réellement fait pour améliorer le service, et les professionnels afin qu’ils donnent aux usagers le temps de s’approprier ces nouveaux modes de déplacement.

Laurent Lejard, juin 2006.

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