Le nouveau Président de la République, élu lors du plébiscite du 5 mai 2002, a nommé dès le lendemain un Premier ministre qui a constitué son gouvernement. On retrouvera, sous des appellations différentes, le même partage de compétences que dans le gouvernement Jospin : les personnes handicapées dépendront pour l’essentiel de deux ministères, Affaires Sociales et Santé.

C’est certainement le second qui sera l’interlocuteur privilégié des personnes handicapées et des associations, s’il est maintenu après l’élection législative des 9 et 16 juin prochains. On peut toutefois s’interroger sur le choix de rattacher les personnes handicapées à la santé. Le Premier ministre les considère t-il comme des malades, des personnes qui doivent dépendre d’un cadre médical ?

Ce ministère de la Santé et des Personnes Handicapées hérite également de la Famille, le tout confié à Jean- François Mattéi, 59 ans, père de famille nombreuse, catholique fervent, professeur de médecine génétique. Ce spécialiste du dépistage du handicap prénatal – sa thèse de doctorat portait sur la trisomie 21 – n’a jamais exercé dans ce domaine. Ses convictions personnelles le conduiraient plutôt à réduire le champ de ce diagnostic : n’a-t-il pas combattu l’extension du délai légal d’interruption volontaire de grossesse qu’il considère comme « un pas vers un eugénisme médical » ?

En s’opposant farouchement à la jurisprudence Perruche, qu’il a réussi à faire enterrer par le Parlement au moyen d’une loi adoptée à la va- vite et réduisant les droits des victimes d’erreurs médicales, Jean- François Mattéi a fait triompher les médecins au point que le ministre de la Santé d’alors, le docteur Bernard Kouchner, s’était estimé « manipulé ». Mattéi, grand défenseur du lobby médical, profondément imprégné d’une certaine idée de la famille, défenseur de la vie à tout prix, sera l’interlocuteur des personnes handicapées et de leurs associations. Qui lui demanderont pour l’essentiel une amélioration des moyens d’existence, en dehors d’une médicalisation excessive, pour une vie au milieu de tous.

Sauront-ils se comprendre ?

Laurent Lejard, mai 2002.

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