Le handisport serait-il à l’aube de son émancipation ? Pour la première fois, les Jeux Olympiques et Paralympiques sont confiés au même comité d’organisation. Les mêmes installations seront utilisées: elles ont été conçues pour être accessibles à tous. On pourrait penser que le 21e siècle sera celui de l’unification des deux manifestations. Ce serait beau, ce serait grand, le handicap disparaîtrait, seule la performance de l’athlète resterait.

Quelques signes font pourtant penser qu’il y a encore du chemin à parcourir. La flamme olympique reste réservée aux valides : pourquoi ne pas la transmettre aux handisportifs qui auraient ensuite l’honneur de la réexpédier dans la grecque Olympie ? Le 1.500 mètres fauteuil roulant, inauguré aux Olympiques de Barcelone en 1992 comme sport de démonstration est toujours huit ans plus tard un sport… de démonstration : le baseball n’a pas attendu si longtemps pour recevoir le label de discipline en compétition officielle !

L’intégration du handisport dans les clubs et fédérations sportives est souhaitée, parfois même revendiquée, par des athlètes de haut niveau, ceux- là mêmes qui vont représenter la France à Sydney. Nombre d’entre eux sont déjà des professionnels, s’entraînant plusieurs heures chaque jour. Quelques- uns bénéficient de sponsors qui financent leurs dépenses sportives et leur versent un salaire à temps plein pour un travail effectif à temps très partiel. On commence aussi à entendre prononcer le mot « dopage »…

Le sport a longtemps été l’un des seuls moyens dont disposait une personne handicapée pour être reconnue et acceptée dans notre société : Patrick Ségal, par exemple, lui doit en France une grande partie de sa renommée. Mais ce n’est plus vrai aujourd’hui. Et le handisport dont la discipline phare, le basket en fauteuil roulant, s’ouvre désormais complètement aux valides, se fondra certainement dans la masse sportive. Au risque de marginaliser certains sports adaptés tel le foot- fauteuil, trop franco- français, ou ceux que pratiquent les personnes atteintes de handicaps lourds.

L’équilibre sera difficile à trouver, entre l’amélioration des performances des handisportifs de haut-niveau au contact des valides, et l’aspect rééducateur et socialisant des sports adaptés. Parce que tout le monde a droit au sport, à son sport.

Laurent Lejard, octobre 2000.

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