Question : Qu’est-ce qui vous a conduit à créer le handi-sitting ?

Mélanie Vauchel : Je suis une maman de quatre enfants, dont le second fils, Roman, est polyhandicapé à cause d’une maladie génétique orpheline. Il me fallait quelqu’un pour le garder quand j’avais besoin de m’absenter, pour des courses, un rendez-vous, et autres. J’ai constaté qu’il n’existait pas de garde adaptée au handicap à domicile, j’ai lancé le concept. On a fait appel à des étudiants dans les métiers paramédicaux, en médecine, dans l’éducation spécialisée, ou qui ont une expérience du handicap. Puis j’ai remarqué que d’autres familles rencontraient le même problème, et j’ai créé l’association Enfance Handicap 76 en 2013.

Question : Ce handi-sitting n’est pas couvert par la Prestation de Compensation du Handicap, son coût doit être payé par les familles ?

Mélanie Vauchel : Actuellement on ne fait plus appel à un handi-sitter. Mais c’était le cas quand j’étais enceinte de mon quatrième enfant, j’employais quatre heures par semaine une étudiante. On pouvait absorber le coût dans notre budget, mais d’autres parents ne le peuvent pas. J’essaie de montrer aux élus départementaux que des parents d’enfants handicapés n’ont pas d’autre solution. J’ai rencontré la Conseillère Départementale chargée du handicap et de la solidarité, et la directrice de la Maison Départementale des Personnes handicapées, toutes deux m’ont dit qu’elles ne pouvaient pas financer faute de budget. Alors on va demander davantage de subventions pour l’association afin d’aider les parents.

Question : Qui sont les handi-sitters et comment sont-ils formés ?

Mélanie Vauchel : L’association forme les handi-sitters que l’on recrute dans les universités grâce aux personnels du centre hospitalier de Rouen qui interviennent gratuitement. On met en ligne les fiches de ces handi-sitters, que j’ai tous rencontrés, cela permet de connaître leur profil, disponibilité, fiabilité. On en forme une dizaine par an, et à chaque rentrée je fais le tour de ces étudiants pour savoir si certains ne peuvent plus faire de handi-sitting en fonction de l’évolution de leurs études. Actuellement, on répertorie une quinzaine d’handi-sitters.

Question : Comment cela se passe-t-il en pratique ?

Mélanie Vauchel : L’association ne gère pas la relation de travail et contractuelle entre handi-sitters et parents, c’est leur affaire. Les parents sont satisfaits, je reçois des méls qui le disent. Et des liens se tissent entre enfants et jeunes handicapés, handi-sitters et parents, on a des retours positifs. Au début, quelques parents ont évoqué des problèmes de fiabilité, l’absence de réponse quand ils sollicitaient un handi-sitter, ou des difficultés de disponibilité, on est intervenus auprès des handi-sitters.

Question : Quel territoire couvrez-vous ?

Mélanie Vauchel : On essaie de couvrir Rouen et alentours, et Le Havre. Ce n’est pas facile de recruter des étudiants de Rouen et Le Havre pour les faire travailler ailleurs dans le département. A ma connaissance, le handi-sitting n’existe pas ailleurs en France, j’ai fait des recherches. Mais récemment une personne de la Meuse m’a contactée pour créer une association similaire dans son département.

Propos recueillis par Laurent Lejard, novembre 2016.

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