Le dossier des aides humaines à l’intégration scolaire n’en finit pas d’empoisonner la vie des familles qui en bénéficient et des associations qui les gèrent. Employés dans le cadre précaire des emplois- jeunes, ce sont environ 2.300 auxiliaires d’intégration scolaire (désormais dénommé auxiliaires de vie scolaire – AVS), qui assistent les élèves qui ont besoin d’une aide pour suivre leur scolarité en établissement ordinaire. Avec de grandes disparités géographiques, que nous avions déjà soulignées l’an dernier, et qui trouvent en partie leur origine dans le caractère local des initiatives : il n’y a jamais eu de réel recensement national des besoins en personnel pour l’intégration scolaire, que ce soit de la part du ministère de l’Education Nationale, de celui de la Santé ou aux Personnes Handicapées.

Iris Initiative, fin annoncée d’un soutien.
 C’est à partir de janvier 1998 que l’aventure des AVS a commencée. Lassés du bricolage associatif, des personnes regroupées au sein d’Iris Initiative créent les premiers AVS financés en totalité : le tout nouveau cadre des emplois- jeunes couvre 80% des salaires et le solde est assuré par une dotation financière mécénale provenant de l’entreprise publique EDF- GDF. Cette première expérience, initiée en Indre- et- Loire, est présentée à Ségolène Royal alors ministre déléguée à l’intégration scolaire, qui la prend en compte : elle nomme l’un des initiateurs, José Puig, à son cabinet en tant que conseiller technique. Dès la rentrée suivante, ce sont 700 postes d’AVS qui seront financés et la couverture géographique s’étend progressivement pour atteindre actuellement 65 départements et plus de 2.300 AVS. Iris Initiative s’était engagée à soutenir l’intégration scolaire durant trois ans et son action arrive à son terme. La fondation organise actuellement le transfert d’expérience vers d’autres acteurs et plus particulièrement au profit de la FNASEPH (Fédération nationale pour l’accompagnement scolaire des enfants présentant un handicap) qu’elle a contribué à créer.

Fin programmée des emplois-jeunes. Le gouvernement envisage de mettre un terme au dispositif emploi- jeunes. Même si tous les arbitrages ne sont pas rendus à ce jour, cette seule annonce plane comme une menace sur les centaines de milliers de personnes actuellement salariées grâce à ce dispositif. Quant aux associations, qui ont été fortement incitées à embaucher du personnel dans ce cadre, elles ne savent pas comment elles pourront poursuivre leurs activités : laisser partir des compétences ou obtenir les financements nécessaires au maintien des emplois ?

Les AVS sont ici en première ligne. Ceux- ci sont gérés par des associations locales, qui doivent se débrouiller pour trouver l’argent nécessaire aux dépenses d’encadrement des AVS et à leur gestion administrative : les collectivités territoriales subventionnent plus ou moins, des fonds sont recueillis lors de manifestations de charité, certaines structures vont même jusqu’à s’endetter. Des associations demandent une contribution financière aux familles. En utilisant cette dernière méthode, l’association « Le chaînon manquant » avait même suscité des actions de protestation (lire actualité au samedi 27 avril 2002).

Pour l’instant, le dispositif actuel est assuré de fonctionner jusqu’à la fin de l’année scolaire, précise- t-on au secrétariat d’Etat aux Personnes Handicapées, où l’on refuse toutefois de donner des chiffres précis concernant les emplois pris en charge. Le secrétariat d’Etat considère qu’il est nécessaire de dresser un état des lieux et assure qu’une concertation est engagée ente les ministères des Affaires Sociales, de l’Education nationale et de la Santé, associant les secrétariats d’Etat concernés. Avec comme objectif de définir un nouveau dispositif régissant les aides humaines à la scolarité des élèves handicapés pour la rentrée scolaire 2003. C’est ce que demanderont également la FNASEPH et les associations qui la soutiennent (Comité d’Entente, APF, AFM, UNAPEI) lors d’une manifestation nationale organisée dimanche 29 septembre de 12h30 à 16h sur le Champ de Mars à Paris. Pour ces organisations, c’est à l’Etat et aux ministères concernés d’embaucher et de gérer les AVS. Seront- elles entendues ?

Jacques Vernes, septembre 2002


Pour compléter votre information, vous pourrez lire le rapport de Mireille Malot « L’aide humaine a l’intégration scolaire des élèves handicapés » remis en juillet 2001 au ministre de l’Education Nationale et à la ministre déléguée à l’enfance, à la famille et aux personnes handicapées.

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