Entretien avec Michel Chanconie, vice président de l’association « Infos Actions Surdoués » (IAS – Association d’Information et d’Actions pour la précocité et le surdouement).

Question : C’est un peu surprenant de trouver dans le secteur « Handicap et Enseignement » un stand qui concerne les enfants surdoués…

Michel Chanconie : Tout le monde pense qu’un enfant surdoué, c’est quelqu’un qui doit avoir 21 dans toutes les matières. En fait on s’aperçoit que ce sont des enfants en avance intellectuellement par rapport aux autres. Mais cette avance est seulement intellectuelle, parce que physiologiquement, physiquement, ils ont en général leur âge réel. Des enfants de 12 ans peuvent très bien raisonner, réfléchir comme des jeunes gens de 15- 16 ans. On voit les problèmes que ça peut poser : à un moment donné, ils s’ennuient, ils ont l’impression qu’on leur apprend des choses qu’ils ont déjà apprises, qu’ils connaissent déjà. Au bout d’un moment ils décrochent complètement, ils partent dans leurs rêveries par exemple, et ils laissent tomber complètement l’école, les apprentissages.

Question : Est-ce que l’école peut accueillir ces enfants-là comme les autres ?

MC : L’école peut parfaitement les accueillir au même titre que les autres, à condition qu’en dehors de l’école il y ait effectivement quelque chose qui soit du domaine du développement d’intérêt, c’est à dire que les parents aient à la fois les moyens intellectuels et physiques de leur fournir des informations, de répondre à leurs sollicitations. C’est une des conditions. A un moment, l’école n’a comme seule réponse que le saut de classe ce qui n’est pas complètement la solution parce qu’il y a toujours le décalage de l’âge. Les enfants surdoués ont quelque chose à vivre avec les enfants de leur âge et ils se trouvent alors coupés de ça, notamment au niveau affectif. Un enfant de 12 ans qui, intellectuellement, peut se trouver avec des jeunes de 17 ans ou plus, a toujours une affectivité de 12 ans !

Q : Ils apparaissent donc en général inadaptés au système scolaire classique, mais le sont- ils pour l’ensemble de leur vie familiale, affective, sociale ou professionnelle ?

MC : Malheureusement, l’inadaptation commence avec le système scolaire. A l’heure actuelle, le peu d’éléments d’études transversales qu’on a concernant le devenir de ces enfants montre que dans leur grande majorité, ils se retrouvent à l’âge adulte dans des emplois sous payés et sous qualifiés, très nettement en deçà de leurs possibilités. On peut donc dire qu’un enfant surdoué peut être considéré comme handicapé… quelquefois !


Propos recueillis par Bernard Béville, à l’occasion du Salon de l’Éducation (Paris) en novembre 2000


POUR PLUS D’INFORMATION…

Les surdoués (QI supérieur à 125) représentent environ 5% de la population française, soit 1 personne sur 20, soit 1 à 2 enfants par classe ! A partir d’un QI de 145,3 personnes sur 1000 sont concernées. 80 % des enfants ayant ce haut potentiel ne sont pas scolarisés normalement. La dysharmonie entre le développement intellectuel et les autres domaines sont à l’origine de troubles qui peuvent se manifester par des conduites d’échec, des marginalisations, des conduites pathologiques, quelquefois le suicide.

Extraits de la documentation de l’IAS : « L’enfant ne répond pas à l’image que l’on pourrait avoir de lui : il déroute ceux qui le côtoient. Selon son caractère, il va se renfermer sur lui-même, se réfugier dans les larmes, devenir agressif, rejeter toute activité scolaire. L’enfant souffre et laisse les adultes épuisés et désemparés. Comment déceler sa précocité ? Quelques indices doivent alerter parents, pédiatres, enseignants : – son appétit de connaître – le niveau de ses réflexions – sa rapidité et sa facilité à comprendre et à apprendre – mais aussi les difficultés d’adaptation à l’école ou en société »

Association Info Actions Surdoués, 48 avenue du Général Leclerc, 75014 Paris. Mél : elmarcus@club-internet.fr. Site internet en projet.
Institut d’Étude des Hauts Potentiels (IEHP), Ile de Science Industrie, Les Algorithmes, Bâtiment d’Esope, 91194 St Aubin Cedex. Mél : iehp@architectures-multimedia.fr. L’IEHP se propose de dépister les enfants surdoués, d’étudier des solutions pour compenser leurs difficultés, de piloter et soutenir des établissements scolaires accueillant ces élèves.

Autres pistes sur Internet : l’Association Française pour les Enfants Précoces, le Comité Européen pour L’Éducation des Enfants et Adolescents Précoces, Surdoués, Talentueux (Eurotalent), l’Association Nationale Pour les Enfants Intellectuellement Précoces, le Groupe d’Intérêt Spécifique pour les Méthodes d’Enseignement aux Enfants dits Surdoués, un « site francophone de référence » sur le QI et le Surdouement (la douance), l’Association nationale et internationale de Loisirs, de Rencontres et d’Éducation pour les enfants et adolescents Précoces, et Sos Douance. Sachez enfin que la 14e Conférence Mondiale du Conseil Mondial pour les enfants surdoués et talentueux se tiendra du 31 juillet au 4 août 2001 à Barcelone (Espagne).

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