La loi de finances pour 2018 est promulguée et s’applique. Elle augmente de près de 700 millions d’euros les crédits affectés au paiement de l’Allocation aux Adultes Handicapés pour tenir compte de l’accroissement constant du nombre de bénéficiaires et du montant moyen de la prestation effectivement versée, ainsi que de la revalorisation annuelle au 1er avril et de celle, exceptionnelle, du 1er novembre résultant de la promesse de campagne électorale d’Emmanuel Macron devenu président de la République. Dans le même temps, la ligne budgétaire des Instituts nationaux de jeunes aveugles ou sourds, cinq établissements au total, baisse de 2,1 millions d’euros, ce qui a suscité des réactions courroucées d’enseignants.

La comparaison des chiffres pourrait laisser penser que leur raisonnement ne tient pas, les 2,1 millions d’euros économisés sur le dos des instituts nationaux constituant quelques gouttes d’eau dans l’océan du budget de l’AAH. Mais si l’on fouille davantage, on constate que le budget 2018 consacré aux actions en faveur du handicap est en nette baisse : suppression du financement de 1,5 millions des Maisons Départementales des Personnes Handicapées et de 1,2 millions de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux, -100.000€ pour la lutte contre la maltraitance, -155.00€ pour les Centres régionaux d’études, d’actions et d’informations en faveur des personnes en situation de vulnérabilité (CREAI), -26.000€ pour les frais et condamnations en justice pour manquements de l’Etat à ses obligations, -880.000€ de subventions aux associations nationales, -60.000€ pour le Centre National d’Information sur la Surdité, -18.000€ pour l’ingénierie, l’observation et la recherche. Au total, ce sont 4,3 millions d’euros destinés aux « politiques inclusives » qui sont supprimés en 2018. Le coup de rabot est sévère dès qu’on en fait le pourcentage : le budget des Instituts nationaux des jeunes aveugles ou sourds baisse de 13% ! Il paraît que cela ne remettra pas en causse leur bon fonctionnement, peut-on lire sur les documents budgétaires…

Les 4,3 millions économisés (soit -15%) sur les quelques actions que le budget finance encore en dehors des allocations et garanties de ressources, ces dépenses de guichet que la loi impose de payer, seront complétés par les réductions imposées aux allocataires eux-mêmes : le plafond de ressources servant au calcul de l’AAH pour les 250.000 bénéficiaires vivant en couple va baisser une première fois en 2018, puis une seconde en 2019. Cette année-là, ce sera le Complément de Ressources qui sera supprimé à 65.000 allocataires renvoyés vers une Majoration Vie Autonome inférieure de 76€, pour une économie prévisible de 60 millions d’euros. Si les dépenses de guichet sont obligatoires, rien n’empêche le Gouvernement d’en réduire l’impact, ce qu’il fait en versant à Paul ce qu’il prend à Pierre.

Laurent Lejard, janvier 2018.

Partagez !