Marie-Arlette Carlotti a de la suite dans les idées : elle tient absolument à convaincre tout le monde qu’elle est une grande ministre des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, active à leur côté, présente sur le terrain. Et pour que le grandiose bilan de son action n’échappe à personne, elle tient à l’adresser en version facile à lire et à comprendre aux personnes handicapées intellectuelles, avec l’aide de l’Unapei et de son association satellite « Nous Aussi ».

Le résultat constitue une magistrale leçon de propagande que l’on croirait sortie d’un monde de Bisounours. « Marie-Arlette Carlotti dit [sic] : Je travaille pour aider les personnes en situation de handicap. Je me bats aussi contre l’exclusion […] Le Président de la République et les ministres veulent aider les personnes en situation de handicap. Par exemple, il faut plus d’argent pour : les Établissements de Service d’Aide par le Travail (ESAT) les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH). » Elle oublie d’écrire qu’elle a suspendu le plan de création de places en ESAT lancé par le précédent gouvernement et poursuivi le gel des crédits budgétaires. « Depuis septembre 2012, il y a beaucoup de nouveaux Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS). » Là encore, la ministre oublie que les précédentes rentrées scolaires ont généré une importante augmentation du nombre d’AVS. « Depuis le 1er août 2012, une loi oblige les entreprises à travailler avec : les entreprises adaptées les Établissements de Service d’Aide par le Travail (ESAT) les centres de distribution de travail à domicile. » Cette loi est introuvable sur Legifrance, mais on remarque en date du 3 août 2012 un décret fixant le montant minimum des prestations de services conclues par les entreprises assujetties à l’obligation d’emploi, soit 5.658€ au mieux. « Le Président de la République a créé de nouveaux contrats pour pouvoir embaucher plus de personnes en situation de handicap. Les personnes en situation de handicap vont avoir plus de travail. » Actuellement, elles ont plutôt davantage de chômage…

Et encore, ugh : « Marie-Arlette Carlotti a dit : la loi du 11 février 2005 est une bonne loi, mais cette loi n’est pas bien respectée. » Par elle-même, d’ailleurs, qui envisage d’augmenter de sept ans le délai initial de dix ans pour que l’ensemble des Etablissements Recevant du Public et les transports soient accessibles à tous. « Pour aider les personnes avec autisme [le] 2 mai 2013, Marie-Arlette Carlotti a dit ce qu’il faut faire pour les personnes autistes ou avec des Troubles Envahissants du Développement (TED). » Serait-elle omnisciente au point de connaître les thérapies et actions éducatives à mettre en oeuvre ? Non, dans son plan Autisme 2013-2017 elle n’a pas tranché le conflit entre parents de personnes autistes et professionnels de la psychiatrie et de la psychanalyse, alors qu’un tel arbitrage est justement ce que l’on attend d’un ministre, pour déterminer un cap, une action politique.

En matière de santé, cela ne vaut guère mieux : « Marie-Arlette Carlotti a demandé un texte sur l’accès aux soins des personnes en situation de handicap. Car, les personnes en situation de handicap doivent avoir un accès aux soins plus facile. » On attend avec intérêt les mesures qui découleront du Comité Interministériel du Handicap du 25 septembre, mais les travaux préparatoires montrent déjà que le principal obstacle, le coût des soins restant à la charge des personnes handicapées, ne sera pas abordé. Promouvoir des lieux de soins accessibles quand on ne peut pas en payer la facture relève du supplice de Tantale.

Tout est à l’avenant dans le bilan d’une ministre devenue invisible sur le terrain du handicap, occupée qu’elle est avec « sa » ville de Marseille dont elle s’imagine déjà maire. Souhaitons bonne chance aux Marseillais si tel devait être le cas…

Laurent Lejard, septembre 2013.

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