En pleine semaine pour l’emploi des personnes handicapées, les annonces successives de suppression d’emplois dans des entreprises de toutes tailles ont jeté un froid. De fait, les quelques dizaines de travailleurs handicapés qui vont être embauchés par des entreprises volontaires ne compenseront pas les centaines qui seront licenciés « pour motif économique » : le handicap ne protège pas de la volonté de grosses entreprises d’augmenter leur bénéfice en invoquant la crise économique, la plupart de ces suppressions d’emploi étant des « licenciements boursiers ».

Durant cette semaine sinistrée, l’Agefiph a par ailleurs annoncé le rétrécissement drastique de ses aides, ainsi que la fin de leur caractère automatique, d’ores et déjà plus théorique que pratique. Pour les nouveaux chômeurs handicapés comme pour les les anciens, « les aides seront majoritairement prescrites par un professionnel de terrain, en fonction de la situation et des besoins de l’entreprise ou de la personne pour concrétiser l’insertion et le maintien dans l’emploi. » On voit d’ici la masse de convocations, réunions, évaluations et formalités qui ne manqueront pas de s’ensuivre…

L’Agefiph veut concentrer ses interventions sur les chômeurs handicapés les plus éloignés de l’emploi, ainsi que sur les petites et moyennes entreprises. Espérons toutefois que les nouveaux handicapés chômeurs ne devront pas attendre d’arriver en fin de droits, et donc loin de l’emploi pour être aidés ! Les plafonds de prise en charge des prestations aux travailleurs handicapés seront à la fois généralisés et fortement réduits, avec le risque que des projets professionnels ne puissent être conduits par des travailleurs handicapés pourtant volontaires, faute d’argent pour payer le « reste à charge ». Les primes à l’emploi seront supprimées, l’aide au maintien dans l’emploi ou à la création ou reprise d’entreprise financièrement plafonnées. Tout cela pour passer, dixit l’Agefiph, « D’une logique de prêt-à-porter à celle du sur-mesure » : l’intervention de l’Agefiph deviendrait-elle un luxe ?

Laurent Lejard, novembre 2011.

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