Un vrai rapport « Yaka-Fokon », sans données précises. Sur quel chiffre Guy Geoffroy s’appuie-t-il, par exemple, quand il affirme : « Quel que soit le type de handicap […], quel que soit son degré, la scolarisation de l’enfant reste aujourd’hui l’exception » ou qu’il « relève donc de la nécessaire objectivité de rappeler qu’un nombre significatif d’enfants porteurs de handicap bénéficient d’ores et déjà d’une forme plus ou moins appuyée de scolarité » ? Par ailleurs, comment peut-il parler de « totale révolution » quand il évoque l’inscription à l’école de leur quartier des enfants handicapés, un droit pourtant inscrit depuis l’instauration de la scolarité obligatoire et méconnu par des générations de législateurs ?

Sous la plume de Guy Geoffroy, les formules toutes faites volent en rase-mottes : « Il est acquis […] que la présence au sein d’une entité scolaire d’enfants porteurs de handicap représente une source de richesse et bien souvent de sérénité », « L’école de la République […] dispose d’atouts considérables pour assumer ses nouvelles responsabilités », « Leur bonne mise en application nécessitera mille capacités ». L’auteur sait même se faire lyrique : « En invitant l’école de la République à intégrer à sa mission éducative la scolarisation des enfants porteurs de handicap, la Nation lui reconnaît la légitimité à assumer le pilotage de la réussite de tous les enfants de France » !

Le Député fait une impasse totale sur les principaux freins à l’intégration en école ordinaire : le sureffectif qui rend difficile l’accueil en classe d’un ou plusieurs élèves ayant besoin d’un soutien pédagogique particulier de la part de l’enseignant, la sensibilisation et l’information de tous les parents afin d’éliminer les réflexes de rejet, le poids des associations gestionnaires d’établissements médico-sociaux siégeant dans les commissions d’orientation (C.D.E.S et prochainement Commission des Droits et de l’Autonomie). L’auteur, qui ne cite qu’un seul exemple d’intégration, n’indique pas quelles organisations ou personnes il a auditionné durant sa mission.

Ce n’est pas dans ce rapport écrit à l’encre positive par un Député qui a chaussé des lunettes roses qu’on lira un bilan objectif de la situation scolaire des enfants et des adolescents handicapés, des besoins identifiés, des moyens requis, des compétences à trouver, des personnels à former, des financements à dégager. Le rapport Geoffroy, construit pour flatter l’action gouvernementale et renvoyer sa mise en oeuvre aux collectivités locales, est à l’image de celui que remit naguère un autre Député en mission, Geneviève Lévy, à Marie-Thérèse Boisseau alors Secrétaire d’État aux personnes handicapées : vide d’intérêt et de sens, et oublié aussitôt publié…

Laurent Lejard, novembre 2005.

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