La natation est incontestablement la discipline sportive la plus pratiquée par les personnes handicapées car elle permet au plus grand nombre (du handicap léger au handicap lourd) d’utiliser leurs capacités en « apesanteur », et découvrir un nouvel élément, l’eau, pour se retrouver l’espace d’un moment sans handicap. Elle est souvent aussi utilisée comme thérapie pour aider à la récupération et effectuer des mouvements sans la contrainte de l’attraction terrestre…

En compétition handisport, le règlement est pratiquement similaire à celui de la Fédération Française de Natation, à part quelques modifications qui varient selon la déficience des compétiteurs. Les blessés médullaires, polios, amputés, infirmes moteurs cérébraux, aveugles et malvoyants sont classés dans treize catégories en fonction de leur évaluation médicale. La technique de nage peut être modifiée par le pratiquant en fonction de son handicap, sous réserve d’appréciation par les juges. Les départs sont faits de manière libre, soit en plongeon, soit dans l’eau. Toutefois, une possibilité de se faire assister est permise pour les personnes ne pouvant pas se maintenir au contact de la paroi du bassin.

La natation se pratique généralement en piscine. Les handinageurs n’ont pas besoin de matériel spécifique pour la pratiquer. Certains apprécieront toutefois d’utiliser un lève- personne, matériel qui est parfois installé en bordure de bassin. Il faut tout de même respecter et se tenir en conformité avec les règles intérieures régies par chaque piscine. Nager en lac ou rivière, ou dans la mer, est possible à toutes les personnes qui peuvent affronter courant et vagues.

La France dispose de compétiteurs de talents, capables de prendre le relais de Béatrice Hess qui ne participera pas aux prochains Jeux Paralympiques d’Athènes 2004. Ludivine Loiseau, Eric Lindmann et Pascal Pinard en sont les fers de lance. Lors des championnats du Monde qui se sont déroulés en Argentine, en décembre 2002, l’équipe de France a recueilli cinq médailles d’or parmi les douze qu’elle a ramenées.

La parisienne Veronica Gil souhaitait avoir une activité physique et la Fédération Handisport l’a dirigé tout naturellement vers la natation, « seule discipline que je peux aisément pratiquer ». Atteinte aux quatre membres par la polio, il lui a fallu une année pour apprendre à nager et une autre pour accéder à la compétition. « J’aime bien cette fatigue physique, qui procure une grande détente. La natation me permet d’évacuer le stress de la vie quotidienne, de conserver un bon équilibre mental, tout en nécessitant un effort régulier : j’ai besoin de la compétition pour pratiquer la natation, elle me stimule pour aller à l’entraînement plusieurs fois dans la semaine. Même si j’ai des moyens physiques limités et que je suis la dernière dans ma catégorie, je continue à nager! ». Veronica ne nage qu’en piscine : « j’ai tenté de nager dans un lac, mais les vaguelettes étaient plus fortes que moi, elles me balayaient facilement… » Elle estime que la natation ne lui a pas fait gagner en autonomie mais qu’elle remplace agréablement les séances de kiné.

Béatrice Hess, quant à elle, est arrivée à la natation « tout simplement parce que c’est ce que l’on vous fait faire en centre de rééducation ! Pour moi, nager était au départ une contrainte qui est devenue progressivement un plaisir : c’était une façon de me battre; c’est devenu une évasion, un moyen de sortir du centre en participant à des compétitions ». Elle pratique et s’entraîne avec les valides : « dans mon club, à Colmar, tous les sportifs s’entraînent ensemble, valides et handicapés, avec le même encadrement. Les nageurs ont une séance spécifique handisport dans la semaine, toutes les autres mêlant handisportifs et valides de tous âges. Les enfants ont des compétitions intégrées, adaptées à leur niveau. Tous les quinze jours, je participe à une compétition mixte valides- handicapés et les jeunes font la même chose ». Pour Béatrice Hess, le sport « permet de revaloriser son corps par rapport à soi- même, de montrer que l’on est capable de faire quelque chose et d’être reconnu par les autres, le public. Avant les jeux d’Atlanta, j’étais ‘la handicapée qui fait du sport’ et maintenant je suis la sportive handicapée. C’est très important, le fauteuil est passé au second plan. Quel est le rêve de tout handicapé ? Faire oublier son handicap! ».

Laurent Lejard, mars 2003.

Pour en savoir plus, Le site de la Commission fédérale Natation de la FFH a été récemment remis en ligne; il présente notamment la réglementation, la classification des nageurs et le calendrier des compétitions.

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