Le ski nordique attire chaque année davantage de pratiquants. Les domaines aménagés se développent dans une approche calme et paisible du plaisir de la balade sylvestre. Ce ski de pleine nature est également une discipline sportive pratiquée au plus haut niveau par des handicapés moteurs ou visuels, assis ou debout, et parfois même armés !

Un peu de technique…

Les pratiquants sont classés dans diverses catégories en fonction de leur handicap dès lors qu’ils abordent la compétition. Skier debout est l’apanage des amputés tibiaux, hémiplégiques, infirmes moteur cérébraux, victimes de la Thalidomide, et des déficients visuels. Ces derniers ont recours, si cela est nécessaire, à un guide qui leur donne à la voix les instructions utiles à leur direction. Paraplégiques et doubles amputés fémoraux ou tibiaux utilisent une luge nordique: cet engin est constitué d’une coque, fixée sur deux skis, dans laquelle la personne s’assoit. La propulsion dépend exclusivement des membres supérieurs: en loisir et sur piste plane, on peut assez rapidement se faire plaisir, mais pour la compétition, une préparation musculaire est plus que souhaitable tant l’effort demandé aux bras est intense.

En fait, skieurs et handiskieurs peuvent partager les mêmes pistes : on ne trouve pas en « nordique » les difficultés d’accès rencontrées en ski alpin, notamment lors de l’utilisation des remontées mécaniques. Le risque lié à la chute est minime du fait de la vitesse réduite. Quant aux aveugles et malvoyants, ils trouvent un repère efficace dans les traces parallèles laissées par les skieurs, même si de plus en plus le « pas chassé » est employé.

En compétition, le ski nordique inclut une discipline dérivée du temps où le montagnard chassait l’hiver, le biathlon. Le skieur doit effectuer un parcours dans le délai le plus bref tout en abattant à chaque tour de piste une série de cibles. Le tireur doit maîtriser sa respiration et son rythme cardiaque s’il veut avoir quelques chances de bien viser. La discipline est ouverte à tous les pratiquants du ski nordique, les aveugles et malvoyants utilisant des carabines à visée optronique restituant un signal sonore variant en fonction de l’éloignement du viseur par rapport à la cible. En handisport, l’arme du skieur est à poste fixe, il n’a pas à la transporter, ce qui poserait trop de problèmes aux concurrents et à l’intérêt de la compétition.

L’avis des pratiquants. Didier Riedlinger pratique la luge nordique depuis onze ans, après avoir été sollicité par la Fédération Française Handisport qui recrutait des athlètes afin de créer un équipe nationale, à quelques mois des Jeux Paralympiques d’Albertville (1992). Didier avait pratiqué le ski nordique en valide, avant l’accident qui l’a rendu paraplégique en 1986. « J’ai retrouvé sur la luge nordique mes sensations de glisse, et le plaisir de la randonnée sur les pistes ». S’il les aborde toutes, il précise que les rouges ou noires sont réservées aux skieurs endurants, les pentes pouvant être fortes. L’entraînement ne cesse pas lorsqu’il n’y a plus de neige: en montant la luge sur des skis à roulettes, il devient possible de pratiquer sur goudron ! Alain Marguerretaz vient du ski assis, dont il a été l’un des pionniers en France après son accident survenu en 1985. Il pratique la luge nordique depuis trois ans, et aussi le Biathlon. « C’est très physique, et il faut savoir gérer la fatigue et le stress pour bien viser et toucher les cibles. Pour gagner aujourd’hui, il faut faire des sans- faute ».

C’est le défi de la compétition a également conduit Fabienne Kaci à pratiquer le biathlon, même si ce n’est pas sa discipline de prédilection. Aveugle de naissance, elle est venue au ski nordique parce qu’elle aime le sport et qu’elle a de l’énergie à dépenser. Elle a toutefois commencé par le ski alpin dans lequel elle concourrait « en amateur ». En 1994, elle opte pour le nordique et ce choix lui vaudra une sélection pour les Jeux de Lillehammer (Norvège, 1994). Maintenant citadine, elles apprécie de retrouver sa famille restée à la montagne, le plein- air, le calme. Et une cohabitation harmonieuse avec les pratiquants valides qui ne voient pas en elle une « pauvre handicapée ». Fabienne précise quand même que ce sport est assez coûteux : les frais sont multipliés par deux, puisqu’il lui faut un guide, le matériel de tir est cher (plus de 3.800 euros) et malgré les sponsors, une partie des dépenses reste à sa charge. Pourtant, pour Fabienne « le ski nordique est un plaisir qui vaut le coup » !

Émilie Tabouret, quant à elle, est plus adroite au tir que sa camarade de l’Équipe de France. A presque 30 ans, elle sent son potentiel se développer davantage et pense progresser dans la catégorie déficient visuel. Cela fait sept ans qu’elle est engagée en compétition, dans ce qu’elle appelle un sport d’équipe : le skieur doit s’entendre avec son guide, qui est là pour donner la direction à suivre mais aussi indiquer les accidents de la piste, les montées et descentes, voire aider au passage d’endroits délicats en tendant un bâton au skieur qui a, dans ce cas, le droit de le tenir. Émilie a pratiqué en alpin mais ne pouvait plus se concentrer suffisamment dans l’environnement stressant des pistes. Le calme et la tranquillité du nordique lui conviennent parfaitement et lui font obtenir des résultants encourageants en biathlon.

Pour en savoir plus : Le site de la Comission Fédérale de Ski Nordique propose un calendrier et les résultats des compétitions, une présentation de l’équipe de France et des informations techniques. Lire également sur Yanous! cette présentation du handiski ainsi que des endroits en France où le pratiquer.

Laurent Lejard, février 2002.

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