L’assistance. La préparation d’un voyage passe, pour les personnes à mobilité réduite, par la réservation de billets avec assistance à l’embarquement. En pratique, toutes les gares recevant des T.G.V sont accessibles a minima mais il faut souvent recourir à l’aide du personnel, comme à Bordeaux Saint-Jean pour franchir les voies, ou affronter les différentes hauteurs de quai. Quiconque rencontre des difficultés de déplacement peut la requérir mais elle n’est théoriquement gratuite que pour les titulaires d’une carte d’invalidité. Vous pouvez vérifier qu’une gare comporte un service d’assistance, assuré par des agents de la S.N.C.F ou de la société Effia, en appelant le numéro gratuit 0 800 15 47 53 ou sur cette page. Vous devrez néanmoins passer par un guichet ou un service téléphonique payant (le 36 35 – 0,34 centimes d’euro la minute) pour réserver un billet avec assistance et tarif spécifiques.

Dans les faits, le voyageur qui se déplace sur fauteuil roulant manuel est souvent hissé ou extrait de la rame à la force des bras : au mieux pris en poids par deux employés soulevant le fauteuil, au pire hissé sur les marches du wagon (lire ce flop). L’élévateur permettant d’accéder de manière confortable et sûre aux wagons semble réservé aux usagers sur fauteuil électrique. La compagnie travaille actuellement à une réforme de l’assistance. Depuis le 1er janvier 2004, elle centralise à Nantes le traitement des réclamations qui doivent toutefois continuer à être déposées dans les gares.

Tarifs et placement. L’accompagnateur d’un titulaire de carte d’invalidité bénéficie de tarifs particuliers en fonction du taux de sa carte : à 80% il paie demi- tarif, avec mention « tierce personne » il n’acquitte que le montant de la réservation. Il est assez fréquent, lors de l’achat d’un billet par une personne handicapée voyageant seule, que le système informatique édite deux billets : seuls les guichetiers expérimentés s’y retrouvent ! C’est lors de cette opération qu’est établie la demande d’assistance et le besoin particulier : fauteuil manuel ou électrique, acheminement en fauteuil, etc. L’emplacement fauteuil roulant étant situé dans les wagons de 1ère classe, le voyageur et son accompagnateur acquittent un billet de seconde et sont surclassés gratuitement. Ce tarif, qui est lié à l’emplacement, est limité à un seul par rame. Un cadeau empoisonné : vous voyagerez en restant assis(e) sur votre fauteuil roulant et devrez vous passer du confort des sièges spacieux et inclinables de 1ère classe à moins que l’un d’entre eux ne soit libre à proximité. Notez que si vous faites transporter un fauteuil roulant manuel en bagage vous devrez payer un supplément de 7 euros.

Dans les trains à un seul niveau (single), la place pour fauteuil roulant est située à gauche du couloir. Elle est, sur les rames les plus anciennes, dotée d’un strapontin raide à l’assise dure et au dossier vertical non réglable: inconfort et mal de dos garantis. L’accompagnateur est placé quant à lui à l’extrême droite du couloir, ce qui rend toute conversation difficile. Au sein des T.G.V à deux niveaux (duplex), la place fauteuil est accolée à un siège pivotant dont la hauteur d’assise permettrait un transfert aisé. Mais ce siège est vendu… à l’accompagnateur ! L’accès à toutes les rames single, du fait de leur hauteur par rapport au quai, nécessite d’être aidé(e). Les duplex sont à niveau mais une plate- forme mobile donne accès au compartiment inférieur : il faut en demander la manoeuvre à un agent d’assistance ou à un contrôleur.

Toilettes et bar interdits. Il est quasiment impossible, quelle que soit la rame, d’entrer en fauteuil roulant dans les toilettes. Dans les singles, l’ouverture de porte est insuffisante, dans les duplex il n’y a pas assez d’espace pour faire un transfert. Une chaise idoine équipe normalement chaque rame single : il faut en demander l’usage à un contrôleur… qui n’est ni autorisé ni formé à vous aider. Il reviendra donc à votre accompagnateur de le faire, et si vous voyagez seul, il ne vous restera qu’à vous débrouiller ! Dans les duplex uniquement, un bouton d’assistance permet (lorsqu’il fonctionne, un signal sonore retentit dans les haut- parleurs du wagon) d’appeler un contrôleur. Quant au bar, il est inaccessible en duplex et très difficile en single : il faut en effet traverser trois wagons et passer des sas, ce qui n’est possible (avec aide) qu’en fauteuil manuel étroit ou en chaise de transfert.

Malgré plus de vingt ans d’expérience, l’accessibilité du T.G.V demeure défaillante. Pourtant, quand la Corée du Sud demande à Alstom de fournir des rames pleinement accessibles, le constructeur les réalise. Dommage que le T.G.V coréen ne circule pas en France…

Laurent Lejard, avril 2004.

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