Le débat parlementaire devrait durer probablement jusqu’à la fin de l’hiver mais l’examen du projet de loi relatif aux droits des malades induit déjà des réactions conservatrices. L’une des dispositions de la loi devrait instituer un accès direct du malade à son dossier médical. L’objectif du législateur est que le soignant prodigue au patient une information préalable complète, incluant la possibilité de consulter le dossier médical, afin de donner un « consentement éclairé » devant être respecté par le praticien.

Les médecins et leurs organisations professionnelles redoutent que ce droit de consultation du dossier médical ne soit utilisé que pour alimenter des contentieux et trouver des éléments permettant de faire des procès. Outre que l’on ne voit pas pourquoi les médecins ne devraient pas rendre de comptes à la Justice, ils marquent leur peu de confiance envers les personnes, alors même qu’ils demandent toujours qu’on la leur accorde a priori.

Cette loi doit créer une nouvelle relation entre le médecin et son patient, basé sur l’échange et la discussion avant d’effectuer un acte thérapeutique. Après tout, combien d’as du bistouri exercent leur art sur des handicapés moteurs qui ont une marche, déformée certes mais une marche tout de même, et les condamnent au fauteuil roulant pour quelques années et parfois à vie ? Combien de médecins mal assurés face à une pathologie sont tentés de multiplier des traitements ? Les praticiens peu respectueux de la qualité de vie de leurs patients, peuvent légitimement redouter de devoir expliquer leurs actes avant de les commettre.

La balle est dans le camp des médecins : de leur capacité à expliquer leurs actes, à faire confiance à l’intelligence de leurs patients naîtra une relation inédite entre soignant et soigné…

Laurent Lejard, novembre 2001.

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